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AccueilJean-Marie SantanderÉnergies renouvelables : nouvel enjeu de croissance et de développement pour les pays émergents

Énergies renouvelables : nouvel enjeu de croissance et de développement pour les pays émergents

Jean-Marie Santander, co-fondateur et PDG de Global EcoPower, revient sur les conditions nécessaires à la réussite du développement des EnR dans les pays émergents tels que les échanges et la coopération entre public et privé, pays du Nord et pays du Sud.

Publié le 19/11/2014

La question énergétique est centrale lorsque l'on aborde aujourd'hui le sujet du développement économique et social des pays émergents. La demande de ces derniers en la matière est en train d'exploser, comme le soulignent tous les observateurs. La transition énergétique représente un immense défi pour ces nations mais celui-ci ne doit pas être relevé à n'importe quel prix : si les énergies renouvelables ont un grand rôle à jouer dans le développement des pays émergents, leur développement doit être concerté, progressif et maîtrisé par les acteurs publics.

Le premier objectif : concilier croissance économique et développement durable

En 2009, pour la première fois, la consommation énergétique des pays émergents a dépassé celle du reste du monde – 51,2% du total. Tony Hayward, patron de BP, avait à l'époque déclaré que "le centre de gravité des marchés mondiaux de l'énergie s'est nettement, et de manière irréversible, déplacé vers les pays émergents" comme pour mieux souligner le caractère historique de ce bouleversement. Il n'aura échappé à personne que le développement économique accéléré de ces régions a fait bondir les besoins énergétiques des économies émergentes, notamment dans des pays immenses comme la Chine, l'Inde ou le Brésil. Si leur demande a d'abord pu s'orienter vers des matières premières « classiques », comme les hydrocarbures ou le charbon, il est très vite apparu que cet équilibre énergétique ne serait pas viable à long terme. Dès lors, le développement diversifié de nouveaux moyens de production est devenu une nécessité pour les émergents, tout en maîtrisant leur dépendance énergétique et leur impact environnemental.

Aujourd'hui, ces nouveaux pays grands consommateurs doivent à leur tour relever le défi de la transition énergétique. Avec un objectif « simple » : parvenir à concilier un développement socio-économique durable et la maîtrise de leurs besoins en énergie. L'enjeu est de taille. Il pose à la fois la question de l'approvisionnement énergétique, et donc celle de la dépendance, mais aussi la question de la protection de l'environnement. Pour toutes ces raisons, les pays émergents se sont engagés depuis plusieurs années dans le développement des énergies renouvelables. Désormais, ce sont même eux qui tirent la croissance du secteur. Une politique mûrement réfléchie et qui n'a rien de philanthropique.

Les pays émergents en pointe sur les énergies renouvelables

Soyons réalistes : pour les émergents et leurs gouvernements, le développement d'énergies renouvelables est d'abord une nécessité économique. Avec des besoins qui augmentent de façon constante, ces nations savent qu'elles ne pourront pas fonder leur développement économique sur des énergies fossiles vouées à s'épuiser progressivement. Leur sécurité énergétique – probablement l'enjeu stratégique des siècles à venir – passe donc forcément par le développement de nouvelles énergies, essentiellement renouvelables. Des pays comme l'Inde, la Chine ou le Brésil – pour ne citer que les plus imposants – se sont ainsi lancés très tôt sur le marché, en soutenant la création d'une puissante industrie des énergies renouvelables. Depuis les années 1990, ces gouvernements ont mis en place des politiques publiques incitatives tout en appuyant les initiatives privées en faveur des énergies renouvelables.

En Inde, l'accent a été mis sur le développement de l'éolien et du solaire. Un partenariat stratégique a notamment été noué avec les Etats-Unis dans ce domaine, avec un objectif affiché : alimenter 60 villes du pays en énergie solaire d'ici à 2020. Les autorités indiennes n'hésitent pas se montrer ambitieuses en la matière. Le gouvernement central a ainsi mobilisé un budget d'un milliard de dollars pour soutenir le développement des énergies renouvelables, en 2010 et 2011. Elles doivent représenter 20%  de l'approvisionnement énergétique national dans les années qui viennent.

La Chine se distingue également en 2010, elle possédait le premier budget mondial d'aide aux énergies vertes (40% des 280 milliards de dollars investis dans le monde par les pouvoirs publics dans le domaine du renouvelable). Un chiffre éloquent et symbolique. Pour le pays le plus peuplé de la planète, l'objectif est d'atteindre 15% d'énergies renouvelables à l'horizon 2020. Pour y parvenir, la Chine a choisi de concentrer ses efforts vers les secteurs de l'éolien et du photovoltaïque, avec l'annonce de plusieurs grands projets, comme celui de la centrale solaire d'Ordos – qui devrait être comme la plus grande du monde – en Mongolie intérieure.

Dernier exemple marquant : le Brésil, qui se démarque des politiques indiennes et chinoises par la prépondérance de l'énergie hydroélectrique (barrages) et de la biomasse (déchets organiques, biocarburants, etc.). Sur le territoire brésilien, le développement des énergies vertes est d'abord le fait de l'initiative privée avant d'être celui du gouvernement. Reste que la place faite aux énergies renouvelables est réelle : au Brésil, en 2011, la biomasse représentait près de 29% de la consommation énergétique totale du pays tandis que les centrales hydroélectriques produisaient un peu plus de 80% de l'électricité nationale.

Bien négocier le tournant de la transition énergétique, un enjeu central pour les émergents

Les politiques publiques ou les initiatives privées développées dans les pays émergents ont ainsi permis de doper la croissance du secteur des énergies renouvelables et d'offrir de nouvelles perspectives énergétiques à ces puissances montantes.

En 2010, une étude de la banque Sarasin mettait en évidence le fait que l'investissement vers les filières de l'énergie renouvelable s'était déplacé de l'Europe et des États-Unis vers les puissances montantes comme la Chine, l'Inde et le Brésil. Cette tendance s'explique, pour différentes raisons (dépendance aux subventions, perspectives de croissance différentes, etc.). Mais elle démontre également, et très symboliquement, le basculement progressif du marché des énergies renouvelables vers les économies émergentes. Un tournant économique majeur pour ce « nouveau monde » qui se doit d'être bien négocié pour être totalement réussi.

Le développement des énergies renouvelables représente en effet un nouvel enjeu de gouvernance pour les pays émergents. La question est autant de savoir si ces nations ont les moyens de poursuivre une politique soutenue dans ce domaine que d'étendre leurs efforts sur d'autres plans. Dans un espace économique mondialisé, où l'énergie est plus que jamais devenue une ressource stratégique, les gouvernements de ces pays doivent continuer à soutenir l'évolution, la diversification et la modernisation de leur secteur énergétique en allant plus loin. Le développement des énergies renouvelables doit bien entendu être progressif et adapté aux particularités des nations émergentes. À ce titre, les échanges et la coopération entre politiques et initiatives privées, des pays du Nord aux pays du Sud, sont indispensables. Plus que jamais, la transition énergétique est devenue un enjeu mondial et doit donc être traitée comme tel.

Avis d'expert proposé par Jean-Marie Santander, co-fondateur et PDG de Global EcoPower

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3 Commentaires

Jean-Claude Herrenschmidt

Le 20/11/2014 à 18h07

Superbe démonstration. Même la conclusion est confondante de vérité : les échanges et la coopération entre politiques et initiatives privées, des pays du Nord aux pays du Sud, sont indispensables.
Il suffit de se mettre d'accord sur le contenu de ces échanges et coopération.

Pour ma part, j'aurais tendance à privilégier ceux concernant l'éducation et la recherche avec pour objectif de permettre à ces "pays du Sud" d'atteindre le plus vite possible l'autonomie énergétique, après avoir acquis "l'autonomie intellectuelle".

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Hydro73

Le 20/11/2014 à 19h27

Heureusement que l'hydraulique est renouvelable et quelle permet par sa souplesse d’utilisation de lisser les intermittences des ENR telles que le solaire.
Même pas besoin d'avoir recours au stockage spécifique car le fil de l'eau brésilien peut moduler sa puissance et ainsi offrir un bouquet majoritairement renouvelable.

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Lio

Le 22/11/2014 à 12h53

parler d'ENR pour les barrages hydrauliques Brésilien est un peu fort de café (brésilien) quand on voit le massacre notamment de la biodiversité(mais pas que) qu'ils occasionnent, biodiversité exceptionnelle s'il en est

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