Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
AccueilJean-Pierre SicardMarché du carbone : des investisseurs de long terme pour surmonter les incertitudes de court terme

Marché du carbone : des investisseurs de long terme pour surmonter les incertitudes de court terme

Jean-Pierre Sicard, directeur général délégué de CDC Climat, nous propose un Avis d'expert sur la consolidation post-2012 des marchés du carbone, les acquis du secteur et le rôle des investissements de long terme des institutions financières.

Publié le 08/06/2010
Une échéance se profile sur les marchés du carbone : 2012, et avec elle, la fin de la première période d'engagement du Protocole de Kyoto. L'incertitude sur la politique climatique internationale qui lui succèdera conduit les acteurs du secteur à un attentisme légitime, qu'ils soient développeurs de projets de réduction d'émissions, industriels soumis au système d'échange européen, compensateur du carbone, auditeurs, intermédiaires financiers, investisseurs, États ou bien encore organisations internationales. Ce contexte de marché soulève nombre de questions. Des questions en suspens Les premières interrogations portent sur le système international. Qu'attendre du sommet de Cancun qui se tiendra en décembre prochain ? Peu de participants espèrent encore un accord global comparable au protocole de Kyoto pour lui succéder. L'espoir vient plutôt des projets de politiques climatiques aux Etats-Unis, en Chine, en Australie et en Nouvelle-Zélande notamment. Se pose aussi la question des futurs mécanismes de projets. Quels mécanismes valorisant la réduction d'émissions de gaz à effet de serre vont succéder aux actuels Mécanismes de Développement Propre (MDP) pour les pays en développement et Mise en OEuvre Conjointe (MOC) dans les pays industriels ? Ces mécanismes doivent-ils être réformés pour être à la fois plus rapides et plus rigoureux ? Le système des Programmes d'activité (PoAs), qui permet de regrouper des projets similaires, est souvent invoqué comme moyen d'alléger les procédures administratives internationales et de déployer des politiques environnementales à l'échelle sectorielle. En résumé, une partie des décisions d'acteurs du marché sont suspendues à la négociation internationale, à tout le moins à des décisions politiques. D'elles dépendent en particulier l'engagement plus ferme de développeurs de projets et d'investisseurs. Pour ceux qui suivent l'univers du carbone depuis ses origines, l'ambiance 2010 ressemble à celle que l'on a vécue en 2002 et 2003 : les Etats-Unis avaient confirmé leur sortie des négociations internationales sur le climat en 2001. L'application du protocole de Kyoto était entre les mains de la Russie et de son choix de le ratifier, qui est finalement intervenu fin 2004. L'Union européenne avait pris la décision de principe de mettre en place un système d'échange de quotas de carbone, mais nombre de « détails » restaient à régler, et en particulier les liens entre le système européen des quotas et les mécanismes de projet du protocole de Kyoto. Ces détails ont finalement été réglés en janvier 2004. Un marché tiré par l'Europe Les situations 2002 / 2010 se ressemblent, mais en 2010, le marché peut s'appuyer sur des certitudes. Certes, la crise est là, qui gèle les décisions et fait souffrir les secteurs économiques, celui du carbone comme les autres. Mais le problème climatique demeure, et il faudra tôt ou tard adopter des politiques pour y faire face : réduire les émissions et s'adapter aux changements climatiques. De plus, les systèmes de quotas d'émissions de gaz à effet de serre sont largement admis pour être un des outils de politiques climatiques les plus prometteurs. D'ores et déjà, le marché peut s'appuyer sur la politique européenne. Le cap est donné par le paquet énergie-climat adopté fin 2008, et le marché européen est assuré de vivre au moins jusqu'en 2020. Finalement, le degré de contrainte auquel s'attendre paraît certes important pour les acteurs du marché, en particulier pour les industriels soumis au plafonnement de leurs émissions. Mais ce qui a dominé les débats du dernier Carbon Expo en date, le rendez-vous annuel des acteurs des marchés du carbone, c'était surtout le souhait de connaître assez vite les modalités de mise en oeuvre du système européen post-2012 : système d'enchères, statut juridique des droits d'émission, régulation… La sécurité des marchés, préoccupation partagée Cette année, un des grands thèmes traités en séance plénière fut : « Fraude, éthique et marché du carbone », preuve de l'importance nouvelle de ce sujet. Il est vrai que le marché européen a traversé en quelques mois plusieurs dysfonctionnements : fraude à la TVA, attaque de « phishing » contre les détenteurs de comptes dans les registres nationaux, recyclage de crédits carbone par la Hongrie. Défauts de jeunesse. La qualité des registres, la traçabilité des actifs, la transparence des transactions sur des bourses organisées ont été invoquées comme autant de réponses à ces problèmes. Là encore, la certitude que le système européen saura renforcer son cadre de régulation - les négociations européennes débuteront dès la mi-juin - est de nature à rassurer les acteurs. Tout comme les services apportés par des acteurs stables et fiables tels que CDC Climat, pour lesquels la sécurité et l'intégrité du marché sont des maîtres mots. Le rôle contracyclique des investisseurs de long terme Enfin, le rôle contracyclique joué par les institutions financières de long terme compte également parmi les points d'ancrage des marchés du carbone. Parmi elles, nous comptons notamment la Banque mondiale, la Banque européenne d'investissement, la KfW allemande, la Cassa depositi e prestiti italienne, la Caisse de Dépôt et de Gestion du Maroc, mais aussi CDC Climat, nouvelle filiale de la Caisse des Dépôts dédiée à la lutte contre le changement climatique et le groupe AFD parmi les acteurs français… Elles mettent en œuvre des politiques ambitieuses d'investissement sur le long terme tout en supportant les risques liés à l'incertitude des politiques climatiques. Ainsi, malgré l'attentisme actuel, les institutions financières de long terme investissent aujourd'hui et au-delà de 2012, et garantissent la continuité du marché. CDC Climat, par exemple, investira 160 M€ d'ici à 2014. Les fonds levés auprès d'autres investisseurs de long terme pourront atteindre 500 M€. La zone Méditerranée, où le potentiel de projets de réduction d'émissions de carbone est élevé, devrait profiter de cette dynamique. Gageons que l'alliance des investisseurs de long terme saura mobiliser des capitaux pour accroître les moyens de lutte contre le changement climatique. Avis d'expert proposé par Jean-Pierre Sicard, directeur général délégué CDC Climat.

Les Blogs sont un espace de libre expression des abonnés d'Actu-Environnement.

Leurs contenus n'engagent pas la rédaction d'Actu-Environnement.

Commentez ou posez une question à Jean-Pierre Sicard

Les commentaires aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Mot de passe oublié