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AccueilMaxime DarnisConception des toitures végétalisées : quelques points clés techniques et règlementaires

Conception des toitures végétalisées : quelques points clés techniques et règlementaires

Maxime Darnis, Ingénieur chargé de recherche au CRITT Horticole (Centre Régional d'Innovation et de Transfert des Technologies) revient sur les innovations et évolutions techniques qui permettent de réaliser des projets de végétalisation plus qualitatifs.

Publié le 15/09/2014
Environnement & Technique N°340
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°340
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La végétalisation de toiture est une solution de réintroduction de la nature en milieu urbain qui connait un fort développement en France depuis les années 2000 avec le concept de toitures végétalisée extensive et semi-intensive. Il s'agit de techniques de végétalisation légères, potentiellement utilisables sur des structures porteuses en béton, tôle d'acier nervuré, ou bois et qui se caractérisent par un complexe de faible épaisseur et une gamme végétale spécifique qui créé un espace paysager en toiture. Elles se distinguent des toitures végétalisées intensives autrement appelées toitures-terrasses jardins, plus lourdes, avec un complexe plus épais autorisant une plus large palette de végétaux.

L'impact sur le comportement thermique du bâtiment et le climat urbain, la création d'espaces paysagers et de niches écologiques pour la biodiversité, la rétention des eaux, le rôle dans les démarches de certification environnementale des bâtiments sont autant d'arguments qui encouragent les maîtres d'ouvrages à utiliser les toits verts.

Les nombreux retours d'expérience montrent que pour remplir pleinement ses fonctions esthétiques et environnementales, la toiture végétalisée doit faire l'objet d'une conception rigoureuse par un bureau d'études spécialisé, avec des aspects techniques et règlementaires à la croisée entre les domaines de l'horticulture et du bâtiment.

Un contexte règlementaire particulier

Tous les ouvrages réalisés en France relèvent du Code de la onstruction et de l'habitationmodifié par la loi Spinetta du 4 Janvier 1978 et l'ordonnance de 2005 qui oblige les constructeurs à souscrire une police d'assurance de responsabilité décennale dès lors que les travaux qu'ils exécutent peuvent présenter des risques de désordres graves compromettant la solidité de l'ouvrage ou le rendant impropre à sa destination. C'est le cas des étanchéités sous-jacentes aux systèmes de végétalisation. Les systèmes de végétalisation légères (extensives ou semi-intensives) sont considérés comme des protections de l'étanchéité. L'étancheur est responsable de la protection de l'ouvrage d'étanchéité, c'est pourquoi la végétalisation fait généralement partie intégrante du lot étanchéité. Le cas de la toiture-terrasse jardin sur éléments porteurs en maçonnerie est différent : seule la couche drainante est considérée comme la protection.

La souscription d'une police d'assurance décennale par un sous-traitant de l'étancheur qui conçoit et réalise la toiture végétalisée n'est pas obligatoire légalement mais peut être exigée par l'entreprise titulaire du lot étanchéité.

La conception des toitures végétalisées extensives et semi-intensives doit s'appuyer sur la réglementation technique de référence : normes DTU (Documents Techniques Unifiés) pour la conception et l'exécution des ouvrages de bâtiment. Il n'existe pas de DTU spécifique pour les procédés de végétalisation légère mais on se réfère aux DTU de la série 43 correspondants aux travaux d'étanchéité de toiture pour les différents éléments porteurs existants ainsi qu'aux règles professionnelles1 qui comblent l'absence de DTU. Le respect des règles professionnelles pour la réalisation et la conception des terrasses et toitures végétalisées n'est pas une obligation en soi mais peut s'avérer importante pour l'assurabilité.

Centrer la conception sur le végétal

Les végétalisations légères se composent d'une superposition de couches (drainage, couche filtrante, substrat, végétation...) dont la nature et le dimensionnement varient en fonction des projets et des procédés.

Le travail de conception se base sur les attentes du maître d'ouvrage sur les plans esthétique, fonctionnel, écologique et économique. L'accompagnement du maître d'ouvrage et de la maîtrise d'œuvre est essentiel pour expliquer la réalité technique et économique des différentes solutions possibles et mieux définir le projet. La réflexion doit prendre en compte les contraintes techniques générales et particulières : la zone climatique (précipitations, vent, rayonnement, gel…), les contraintes climatiques localisées (ombrage, réflexion solaire, couloirs d'accélération du vent…), la configuration du bâtiment (structure porteuse, forme géométrique, hauteur, pente de la toiture…) et son accessibilité pendant et après la phase chantier.

Lorsque la dimension paysagère revêt un caractère important, la réflexion doit être centrée sur les choix des espèces. Les végétaux utilisables sur les végétalisation légères ont des caractéristiques différentes en ce qui concerne la floraison (couleur, calendrier), le feuillage (couleur, persistance), le port et la capacité à se pérenniser sur la toiture. La palette végétale et son agencement conditionnent le rendu esthétique de la toiture ainsi que les propriétés de la couche de culture.

Les végétaux retenus doivent résister à des conditions de température et d'ensoleillement très particulières, des périodes de sécheresse prolongées et des conditions de sol sélectives (faible épaisseur, faible taux de matière organique, réserve hydrique limitée…). Le choix de l'association végétale doit se baser sur une bonne connaissance du comportement des végétaux en toiture. Dans les végétalisations légères, on peut catégoriser les plantes utilisées en deux ensembles : les "couvre-sols" et les "plantes vedettes". En stabilisant le substrat et en limitant le développement des adventices, les couvre-sols améliorent la viabilité sur le long terme de la toiture. Les plantes vedettes sont intéressantes pour apporter de la couleur, de la texture, du volume et du mouvement dans les réalisations.

Vers des toitures "encore plus vertes"

Le substrat est un élément déterminant pour la réussite des projets sur le long terme. Pour les végétalisations légères, la couche de culture doit présenter des propriétés physico-chimiques particulières, adaptées à la configuration de la toiture, aux conditions climatiques locales et à la végétation choisie. Pour répondre aux différentes contraintes, les substrats pour toitures végétalisées sont essentiellement composés de matière minérale (70% minimum, en volume). Les fournisseurs se sont orientés principalement vers des roches volcaniques comme la pouzzolane. Quant à la fraction organique, il s'agit généralement de tourbe ou/et des autres matières classiquement utilisées dans les supports de culture.

D'autres types de matériaux sont utilisables dans les substrats, provenant de sources plus locales, issues de filière de recyclage ou déchets d'industrie. Leur utilisation présente de multiples avantages : valorisation de matières en fin de vie, formulation des substrats à faible impact environnemental, réduction des coûts de fourniture…

Dans les projets de végétalisation légères, grâce à l'innovation et l'évolution des techniques, la tendance actuelle est à la réalisation de projets plus qualitatifs avec la mise en œuvre d'une plus large diversité d'espèces végétale. Autre possibilité pour enrichir les végétalisations : l'utilisation d'espèces présentes dans la flore locale pouvant résister aux conditions en toiture. Cela va dans le sens d'une meilleure insertion de la construction dans son environnement et peut être pris en compte dans certaines démarches de certification environnementale des bâtiments.

Avis d'expert proposé par Maxime Darnis, Ingénieur chargé de recherche au CRITT Horticole.

1 Télécharger les règles professionnelles pour la conception et la réalisation des toitures végétalisées (pdf)
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-22657-regles-pro-toitures-vegetalisees.pdf

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