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AccueilRémi BabutDécarbonation du logement français : les propositions du Shift Project

Décarbonation du logement français : les propositions du Shift Project

Chef de projet Logement au sein du think tank The Shift Project, Rémi Babut présente ici ses conclusions, visant une stratégie concertée entre acteurs politiques et du bâtiment englobant décarbonation croissante et réorientation professionnelle.

Publié le 02/12/2021

Le Shift Project a publié le 7 octobre dernier un rapport intitulé « Habiter dans une société bas carbone » dans le cadre du Plan de transformation de l’économie française (PTEF).

Avec un dixième des émissions de gaz à effet de serre de la France, le bâtiment résidentiel fait face à un triple enjeu : réduire ses émissions, sortir de sa dépendance aux énergies fossiles et s’adapter aux événements climatiques à venir.

Contexte

Les objectifs fixés par la Stratégie nationale bas-carbone[1] sont bons, mais la France ne se donne pas suffisamment les moyens de les atteindre. Afin de permettre à l’ensemble de la population française d’être correctement logée dans les prochaines décennies, a fortiori compte tenu des chocs énergétiques et climatiques à venir, la France doit planifier dès aujourd’hui la décarbonation progressive du secteur du logement. 

Le rapport « Habiter dans une société bas carbone »[2]  s’inscrit dans le cadre du Plan de transformation de l’économie française (PTEF)[3], un vaste programme de recherche lancé par le Shift Project au printemps 2020 pour identifier les mesures concrètes à mettre en œuvre dans chaque secteur pour atteindre la neutralité carbone en 2050. La méthodologie adoptée par le Shift Project dans le cadre du PTEF repose sur une analyse des flux physiques (matière, énergie, nombre de logements, nombre d’emplois dans le secteur) et une approche systémique mettant en interaction une dizaine de secteurs pour déterminer les leviers de décarbonation à actionner pour le prochain quinquennat (2022-2027) et à horizon 2050.

Quatre leviers à actionner simultanément

Le rapport montre que la décarbonation du logement ne pourra émerger que d’une combinaison de quatre axes d’action :

  1. Faire preuve de sobriété dans les constructions neuves : le PTEF prévoit une réduction progressive du nombre de logements neufs construits chaque année, en cohérence avec la démographie, ainsi qu’une réduction rapide et marquée de la proportion de maisons individuelles au sein de la construction neuve.
  2. Massifier la rénovation énergétique globale et performante : la filière de rénovation va connaître une montée en puissance pour atteindre d’ici dix ans le rythme d’un million de logements rénovés chaque année. Cette rénovation doit cibler en priorité les logements les plus énergivores et consommateurs d’énergies les plus carbonées. La rénovation doit être globale et amener tous les logements à faire évoluer leurs « étiquettes énergie » du diagnostic-performance-énergie (DPE) supérieures à C vers des étiquettes A, B ou C.
  3. Décarboner la chaleur : tous les chauffages fossiles devront disparaître au profit de sources d’énergie bas carbone. Cela doit être combiné à la maximisation de l’exploitation de chaleur fatale[4] et de chaleur renouvelable. Ce changement se traduit par un raccordement de 5 millions de logements collectifs à un réseau de chaleur, et par la mise en place de pompes à chaleur pour plus de 10 millions de logements.
  4. Mobiliser le bâtiment comme puits de carbone : la décarbonation de la construction doit se faire selon une trajectoire proche de la RE 2020[5], prolongée et renforcée jusqu’en 2050. Cela implique une augmentation de l’utilisation de matériaux biosourcés permettant de stocker du carbone, y compris dans la rénovation.

Anticiper l’évolution des besoins en emploi

Dans ce rapport, le Shift Project se préoccupe aussi de l’évolution des emplois dans la construction et la rénovation, et de l’accompagnement nécessaire en termes de formation et de reconversion. Les objectifs de rénovation thermique énergétique s’accompagnent ainsi d’un besoin en emploi d’environ 110 000 équivalent temps plein (ETP) supplémentaires pour atteindre au total 570 000 ETP dans l’ensemble des activités d’entretien et de rénovation.

La massification de la rénovation thermique globale, en plus d’un besoin de main-d’œuvre supplémentaire, requiert une montée en compétences du secteur. En créant des emplois qualifiés et répartis sur l’ensemble du territoire national, la réorientation de l’industrie vers la rénovation permettra de limiter la baisse globale du nombre d’emplois permanents dans le secteur.

_________________________________________

[1] NDLR : Stratégie nationale bas-carbone : accès au texte.

[2] Rapport du Shift Project : accès au rapport.

[3]Plan de transformation de l’économie française : accès au texte.

[4] NDLR : « La chaleur fatale est la chaleur résiduelle issue d’un procédé et non utilisée par celui-ci ». Source : Ademe Grand-Est, accès au texte.

[5] NDLR : RE 2020 : accès au texte de la réglementation.

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Crédits photos : Crédit photo : Any Mlgn

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