« Le trafic illégal d'espèces sauvages demeure un problème mondial loin d'être résolu. » Telle est la conclusion du troisième rapport (1) quadriennal sur le sujet de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), publié le 14 mai. Si des progrès sont constatés, notamment en ce qui concerne les articles attachés à des espèces iconiques (comme l'ivoire d'éléphants ou les cornes de rhinocéros), l'ampleur du phénomène reste significative, de sorte que l'engagement des Nations unies d'y mettre fin d'ici à 2030 (pour ce qui est des espèces protégées) ne pourra très certainement pas être atteint. Un engagement dont la mise en œuvre sera discutée à Bogota (Colombie), entre les 21 octobre et 1er novembre prochains, à l'occasion de la COP16 sur la biodiversité.
Quelque 4 000 espèces sauvages victimes
D'après les données recueillies par l'ONUDC, regroupant des registres nationaux de saisies et d'arrestations ainsi que des études et des enquêtes de terrain, plus de 140 000 saisies, représentant environ 16 000 tonnes d'articles ou 13 millions de spécimens animaux ou végétaux, ont été enregistrées entre 2015 et 2021 dans 162 pays du monde (contre près de 93 000 saisies sur une période équivalente, 2011 à 2017, dans 142 pays dans le précédent rapport (2) ). Environ 4 000 espèces animales et végétales en sont victimes, dont 3 250 listées en annexe de la Convention sur le commerce international des espèces menacées (Cites). « Sur les 1 652 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles ou amphibiens saisis, 40 % sont considérées comme "menacées" ou "quasi-menacées" par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) », attestent les auteurs du rapport.
Continuer de renforcer l'action internationale
40 %
des 1 652 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles ou amphibiens saisis sont considérées comme « menacées » ou « quasi-menacées » par l'Union internationale pour la conservation de la nature
Malheureusement, regrette l'ONUDC, « plusieurs études montrent que la plus grande part des arrestations et des incarcérations visent des criminels de bas étage ». Or, selon elle, « il y a un risque que cela crée une illusion de progrès, au même titre qu'un nombre grandissant de saisies, tandis que les organisations criminelles et leurs cerveaux se contentent de trouver de nouveaux exécutants pour continuer leurs activités ». Et l'instance onusienne de souligner « qu'au-delà d'une menace existentielle pour les espèces ciblées, les destructions et prélèvements engendrés par le trafic illégal provoquent des impacts écosystémiques déstabilisant les interdépendances entre espèces sur lesquelles reposent les fonctions écosystémiques, y compris celles jouant un rôle sur le réchauffement climatique ». De plus, cette criminalité « réduit les bénéfices socioéconomiques pour les populations locales, que cela soit leurs revenus du commerce légal ou l'accès à la nourriture » et « favorise la corruption et la fraude au niveau politique ».