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Actu-Environnement

Évaluer la biodiversité pour pouvoir la gérer

Quelle biodiversité pour demain ? Actu-Environnement.com - Publié le 18/10/2010
Quelle biodiversité pour demain ?  |    |  Chapitre 3 / 9
''On ne peut protéger que ce que l'on connaît''. Cette phrase revient comme un mantra lorsqu'il s'agit de biodiversité. Depuis les années 80-90, la communauté internationale a pris conscience de l'importance de la diversité biologique et de l'impact que peuvent avoir les activités humaines sur les différentes formes de vie. Depuis, de nombreux acteurs tentent de mesurer, évaluer, comprendre la biodiversité et son érosion. L'enjeu : définir un ou plusieurs indicateurs pour refléter l'état et l'évolution de la diversité biologique et fournir un langage commun aux scientifiques, aux politiques et au public.
La principale difficulté réside dans le fait que la biodiversité est une réalité complexe, qui se situe à plusieurs niveaux : les gènes, les espèces, les habitats et les écosystèmes. La biologie définit généralement l’état d’un milieu en fonction de la présence et de la santé des espèces animales ou végétales qui y vivent. Cependant, la science ne connaît qu'une partie de cette diversité biologique : plus d'1,7 million d'espèces ont été découvertes aujourd'hui, mais certains scientifiques estiment à plusieurs millions leur nombre total.
Les interactions au sein d'un écosystème, la position dans la chaîne alimentaire, la taille des populations, la diversité génétique au sein d'une même espèce, les ''limites'' d'un écosystème sont également souvent méconnues.
Définir un ou plusieurs indicateurs reflétant fidèlement l'état de la biodiversité paraît donc complexe.

Le choix d'un indicateur unique

Chaque année, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publie la Liste rouge des espèces menacées 1, qui se veut être un inventaire mondial de l’état de conservation global des espèces végétales et animales.
De son côté, le WWF a développé l'indice Planète vivante, afin de refléter l'état des écosystèmes de la planète en s'appuyant sur les tendances de populations de vertébrés vivant dans les écosystèmes terrestres (555 espèces), d’eau douce (323 espèces) et marins (267 espèces).
Ces deux indicateurs ont un dénominateur commun : ils se veulent synthétiques et uniques. Avantage : ils sont lisibles par le plus grand nombre et donc pédagogiques. Inconvénient : ils peuvent paraître simplistes. En effet, comment rendre compte d'une réalité si complexe avec un seul indicateur ?
Pour l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), ''bien que la mise au point d’indicateurs ou d’inventaires des fonctions des écosystèmes suscite beaucoup d’intérêt, la richesse en espèces reste le moyen communément employé pour faire la synthèse des informations disponibles. Il s’agit simplement d’un inventaire systématique du nombre d’espèces présentes dans une région. C’est la méthode la plus fréquemment employée pour les études rapides d’impact relatives à l’évolution de la diversité. La richesse en espèces est aussi une notion facile à comprendre dans le contexte de méthodes d’évaluation''.

Vers une multiplicité d'indicateurs

Des économistes de l’INRA ont réalisé en 2005 une étude comparative des instruments de définition et de mesure de la biodiversité 2. Selon les auteurs, les résultats sont parfois divergents en fonction des indicateurs et critères sous-jacents retenus. Ainsi, les priorités et les choix des politiques de préservation ou de valorisation peuvent différer selon les critères pris en compte. ''Tous les indicateurs ne sont pas équivalents et ne mesurent pas la même chose. Il n’y a pas non plus un critère unique et/ou universel de mesure qui pourrait être mis en équivalence dans les différentes approches'', note l'étude.
Pour combler ce travers, certains acteurs ont fait le choix d'une multiplicité d'indicateurs, au risque de complexifier le message.
La France, au travers de la Stratégie nationale de la biodiversité3 (SNB), a défini, selon le modèle Etat-Pressions-Réponses, 47 indicateurs, dont 19 sont encore à l'état de projet.
De son côté, l'initiative européenne Rationalisation des indicateurs européens de la biodiversité pour 2010 (SEBI4), démarrée en 2004, a retenu 26 indicateurs principaux.

Les indicateurs de la Stratégie nationale de la biodiversité
Les 47 indicateurs de la SNB sont répartis selon 7 thématiques :
- état et évolution des composantes de la biodiversité (abondance et distribution d'espèces sélectionnées, statut d'espèces menacées et/ou protégées, surface de biomes, écosystèmes et habitats sélectionnés, diversité génétique, aires protégées)
- menaces et pressions (dépôts d'azote et polluants, perte de milieux naturels, nombre et coûts des invasions biologiques par des allochtones, impact du changement climatique)
- qualité et fonctionnement des écosystèmes (connectivité et fragmentation des écosystèmes, qualité des écosystèmes)
- usages durables (forêts, systèmes agricoles, systèmes aquacoles, systèmes de pêche)
- accès et partage des bénéfices
- transferts
- opinion publique.
Vers une approche économique de la biodiversité

De plus en plus, se développe également une approche économique de la biodiversité. Cette approche vise à estimer la valeur économique des services rendus par les écosystèmes afin d'orienter les choix de préservation. Il s'agit dans un premier temps d'estimer 5 les services rendus par les différents écosystèmes (fourniture de matière première, filtration de l'air, de l'eau…) et d'évaluer le coût de leur perte. Le groupe d'étude ''Economie des écosystèmes et de la biodiversité'' (TEEB6) et le Centre d'analyse stratégique 7 tentent ainsi de chiffrer le coût de la biodiversité. L'objectif : éclairer les décisions en fournissant un arbitrage entre différents intérêts. D'ailleurs, le rapport complet des travaux du TEEB sera présenté à l'occasion de la conférence de la CDB à Nagoya.
Pourtant, certains s'inquiètent d'une telle approche. Donner une valeur économique à la biodiversité revient à poser la question de son utilité et de son éventuelle substitution, et conduit à une hiérarchisation des différentes formes de vie d'un point de vue anthropocentré.

Sophie Fabrégat

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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