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L'enthousiasme autour du néosac s'est fragmenté... en moins de 3 mois

L'enthousiasme autour du néosac s'est fragmenté... en moins de 3 mois Actu-Environnement.com - Publié le 18/05/2005
L'enthousiasme autour du néosac s'est...  |    |  Chapitre 1 / 1
Début Avril, 12 industriels et financeurs se sont réunis pour présenter un sac plastique à durée de vie maîtrisée. Officiellement, ce nouveau sac est stockable pendant 1 an à l'abri de la lumière et se dégrade en 3 mois dans le milieu naturel contre 400 ans pour un sac traditionnel. Fabriqué en polyéthylène (PE), le sac doit ses propriétés particulières à des additifs qui facilitent la décomposition photochimique. Deux députés UMP, Yves Jégo et Laurent Wauquiez, auteurs d'une proposition de loi visant à interdire la distribution de sacs non biodégradables d'ici à 2010, ont appelé mardi leurs collègues à se mobiliser pour défendre les sacs plastiques biodégradables et apporter leur soutien au lancement du Néosac. Celui-ci représente en effet une occasion de sauvegarder toute une industrie de l'extrusion du plastique représentant plusieurs milliers d'emplois malmenés par la concurrence asiatique.

Le processus de décomposition du polyéthylène additivé est connu depuis de nombreuses années. Développé pour tenter de faire face au problèmes de gestion des déchets de matières plastiques, le polyéthylène auquel est ajouté des peroxydants et/ou de l'amidon est depuis longtemps vendu aux agriculteurs sous forme de bâches avec la mention discutable et depuis farouchement contestée de "Biodégradable".
Ainsi, Pierre Feuilloley, ingénieur de recherche au Cemagref de Montpellier précisait que "presque hors-la-loi aux Etats-Unis[…] le polyéthylène additivé, a fait pourtant une arrivée remarquée en Europe. Vendu comme produit biodégradable, il envahit les terres agricoles et pourrait polluer durablement les sols". L'ADEME indique elle aussi que cette mention est usurpée et rappelle que des tests ont clairement montré que ce produit ne respectait pas les normes NF EN 134432 et NFU 52-001 selon lesquels le matériau devrait notamment être assimilable à au moins 90 % par les micro-organismes - le résultat ultime de cette assimilation étant la production de CO2 et d'eau.

Le polyéthylène est par nature un composé stable chimiquement et apprécié comme tel. Étanche, résistant, ne favorisant pas le développement des bactéries, il est composé de longues chaînes carbonées issues de l'association d'une multitude de monomères CH2 (d'où le nom générique de polymère). Sa structure alternée lui confère une grande résistance qui reste toutefois moins importante que son équivalent fluoré (enchaînement de monomères CF2) particulièrement apprécié pour ses propriétés anti-adhésives, et plus connu sous le nom de Téflon utilisé pour les revêtements des poêles de cuissons.
Dès lors, les additifs ne permettaient que de dissocier les agrégats de chaînes polymères. Il s'en suit une fragmentation (au niveau macroscopique c'est-à-dire ce que l'on peut observer à l'oeil nu) et non une dégradation (rupture des chaînes carbonées au niveau microscopique et invisible à l'œil nu) du polyéthylène. Si les sacs plastiques en polyéthylène additivé disséminés dans la nature finissent par se fragmenter en particules invisibles à l'oeil nu, la matière plastique demeure tout de même dans le sol et pour longtemps car elle reste inerte.
La "confusion" entre les termes "dégradation" et "fragmentation" est donc facile. C'est plutôt un mensonge volontaire que l'association CNIID (Centre national indépendant d'information sur les déchets) a pointé du doigt par l'intermédiaire de Florence Couraud en déclarant que les créateurs du Néosac utilisent un vocabulaire trompeur qui sème le trouble chez l'usager et ne résout pas le problème environnemental.

Les additifs employés ne sont pas ceux utilisés jusqu'à présent et conféreraient le réel aspect nouveau du Néosac dont la composition exacte est soumise au secret industriel.
De fausses rumeurs ont circulées quant au fait qu'il s'agirait de dithiocarbamate. Sous forme cristalline, cet anion (de charge électrique négative) est associé à un cation (de charge électrique positive) et certains prévoyaient que celui-ci pourrait être un métal lourd doté d'un impact catastrophique. Il n'en est finalement rien.

Le Néosac a été labellisé avec le concours du CNEP (Centre National d'Evaluation et de Photoprotection), société filiale de l'Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand qui assure par l'intermédiaire du professeur Jacques Lemaire que le sac se dégrade selon un procédé original. Le Chercheur dément les propos qui lui ont été attribués et à son sens très largement déformés pour les rendre plus proche de la notion de "simple" biodégradabilité. Pourtant les différents services de communications puis les organes de presse (dont Actu-Environnement concède avoir fait partie…) ont largement relayé le caractère biodégradable du Néosac.
Trois additifs permettent de maîtriser la vie du polyéthylène du Néosac : un stabilisant minéral, un photo-inducteur et un thermo-inducteur. Une association de composés dont le laboratoire affirme qu'ils sont non-écotoxiques et qui a été déterminée au bout de 330 formulations.
Le polyéthylène ainsi additivé est donc apte à servir pendant environ 1 an dans la mesure ou il est conservé à l'abri de la lumière. Comme tous les sacs en polyéthylène, il peut être recyclé ou valorisé. Mais à la différence des sacs traditionnels, s'il est éparpillé accidentellement dans la nature, le processus de fragmentation débute grâce au photo-inducteur sous l'effet de la lumière et de l'humidité. Les particules de PE se retrouvent au bout de 3 mois dans le sol sous forme de fragments. Jusqu'ici, le processus semble comparable à ce qui a déjà été fait.
Toutefois, le chercheur précise que le thermo-inducteur prend alors le relais et continue à dégrader la structure moléculaire du plastique de sorte que sous l'effet de l'oxygène et de la température (15°C suffisent) le poids (qui se corrèle directement à la taille) des chaînes carbonées est réduite d'un facteur 30. À l'issue de ce processus, les oligomères (association de quelques monomères) présentent une terminaison acide qui permet aux bactéries du sol de les bio-assimiler complètement.
Le CNEP assure ainsi que la bio-assimilation de son polyéthylène additivé commence après 2 ans de séjour dans le sol.
Il est donc manifeste que ce polyéthylène ne peut rentrer simplement dans la catégorie des biodégradables au sens normatif puisque sa dégradation est basée sur un processus d'oxydation (la biodégradabilité normalisée est basée sur le mécanisme d'hydro-dégradation). De plus Françoise Sylvestre, présidente du Comité français pour la biodégradabilité (Cobio), a déclaré que « pour évaluer la biodégradabilité d'un produit, il faut mesurer le taux de CO2 dégagé lorsqu'il est assimilé par des micro-organismes. Les concepteurs du Néosac ont juste noté que des micro-organismes arrivaient à se développer sur ce plastique. Cela ne veut pas dire qu'ils l'assimilent ».
Toutefois, le problème ne vient pas tant du caractère normalisable ou non du procédé, mais plutôt du fait qu'à l'heure actuelle, aucune information n'a été communiquée quant au temps nécessaire aux bactéries pour bio-assimiler complètement les particules de polyéthylène dans le sol. Le CNEP se refusant à communiquer quelque chiffre que ce soit… tout l'intérêt environnemental du Néosac retombre brutalement.
Le procédé innovant, certe d'importance au niveau scientifique n'a apparemment quasiment aucun intérêt pour la préservation de l'environnement.

Outre l'aspect purement polémique du sac de caisse en polyéthylène additivé, il convient de remarquer que le pétrole est une ressource naturelle limitée, et le sac en polyéthylène n'a finalement que peu d'avenir comparé au sac à base d'amidon de maïs.

Mais c'est en réalité toute la filière du sac jetable qu'il convient d'analyser qu'il s'agisse d'amidon de maïs ou de PE. L'aspect jetable va à l'encontre d'un développement durable.
De plus, la suppression des sacs plastiques dans la distribution est jugée "positive" par 83% des Français interrogés par téléphone par l'institut de sondage CSA pour le WWF, selon les résultats d'un sondage récent. 79% des personnes interrogées disent avoir déjà utiliser d'autres moyens pour faire leurs courses (cabas, chariots) et parmi les 21% restant, 89% se déclarent prêts à le faire. Des chiffres extrêmement élevés qui montrent clairement qu'en deux ans – époque à laquelle les citoyens ne comprenaient pas encore le pourquoi de la suppression des sacs de caisse – les mentalités ont été très largement sensibilisées et ont évolué.

Pourtant 15 milliards de sacs plastiques sont encore distribués en France (250 sacs / français en moyenne). Un chiffre qui serait en voie de diminution puisque le WWF associé aux Amis du Vent ont par ailleurs mené une enquête sur 587 magasins de 17 enseignes dans 76 départements montrant que le nombre de super et hyper marchés distribuant des sacs a déjà diminué de 16% .

Un résultat positif sur lequel les associations (WWF, Amis du Vent et CCLV) souhaitent s'appuyer pour aller plus loin en améliorant et en incitant à un bon usage des sacs réutilisables en les rendant plus pratiques ou en leur associant des dispositifs de consignes par exemple : "Utiliser un sac durable à la place d'un sac jetable, c'est bien. Le réutiliser est mieux voire indispensable".

D.A & C.S

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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