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Solaire thermique dans le collectif : les erreurs des premières expériences

La chaleur solaire : l'oubliée des EnR Actu-Environnement.com - Publié le 19/11/2012

Installations mal dimensionnées ou peu fonctionnelles, des débuts de la filière solaire thermique dans le collectif découlent bien souvent des dispositifs qui présentent des problèmes lors de l'utilisation. Retour d'expériences.

La chaleur solaire : l'oubliée des EnR  |    |  Chapitre 5 / 10
Solaire thermique dans le collectif : les erreurs des premières expériences
Environnement & Technique N°319 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°319
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Un certain nombre de retours d'expériences des premières installations solaire thermique en collectif révèlent un fonctionnement aléatoire des dispositifs. Surchauffes estivales, déperditions thermiques importantes, production solaire annuelle inférieure aux résultats attendus, le surdimensionnement des installations constitue une cause importante du mauvais fonctionnement des systèmes. Il favorise le vieillissement prématuré de certains organes de l'installation, induit des coûts de maintenance plus importants et au final baisse la rentabilité globale de l'installation.

"Ces mauvais dimensionnements - dont la responsabilité est à la fois due au bureau d'étude, aux installateurs, à des méconnaissances - sont souvent liés à une mauvaise estimation des besoins d'eau sanitaire", explique François Gibert, directeur d'entreprise notamment spécialisée dans la construction de système solaire thermique.

Les systèmes nécessitent en effet une adéquation entre le volume de stockage et la surface des capteurs mais également avec les besoins. "Au départ, peu de professionnels estimaient précisément les consommations, pointe François Gibert, ils prévoyaient facilement 50 litres, par exemple par chambre d'hôtel, en fait, nous savons aujourd'hui que c'est plutôt de l'ordre de 30 à 35 litres par jour et par chambre"

Le commerce autour des bâtiments " vertueux" ne serait pas étranger à cette folie des grandeurs. "Le mauvais dimensionnement des installations s'explique également par la pression des labels,soulignePhilippe Gay, plus la surface en m2 de solaire thermique est importante, plus l'obtention d'une reconnaissance type BBC est assurée".

Dans la plupart des cas, les disfonctionnements passent inaperçus pour les usagers. Comme le solaire ne peut couvrir tous les besoins, un appoint au gaz, électricité ou au fioul est en effet prévu. "L'appoint peut masquer le fait qu'une installation solaire ne marche pas : il prend le relais et le consommateur continue à disposer d'eau chaude, précise François Gibert, les systèmes d'alerte commencent aujourd'hui à se généraliser sur les produits mais avec un peu de retard".

Une réduction de 50% des consommations d'énergies traditionnelles

"Pour que les installations solaire thermique constituent une réelle économie de charge pour les locataires, il faut s'assurer qu'elles fonctionnent de manière optimale, à un prix juste, assure Karine Renard, chargée de mission énergie chez Pluralis Habitat, constructeur d'habitat social locatif. Lorsque l'installation s'avère bien conçue, les économies d'énergie permises ne s'avèrent pas négligeables. Selon la chargée de mission, le solaire thermique permettrait, dans la majorité des cas, 50% de diminution des besoins d'énergie traditionnels.

"Plus il y a une consommation régulière d'eau chaude, plus le système s'avère performant, complète François Gibert, directeur d'Eklor, entreprise notamment spécialisée dans la construction de système solaire thermique, on peut ainsi estimer qu'un dispositif sur une maison de retraite qui fonctionnerait toute l'année pourrait ainsi produire 650 kWh/m2/an tandis que celui d'un camping sollicité que 2 mois par an fournirait 400 kWh/m2/an".

 
Avec le suivi, nous connaissons l'économie réelle réalisée par l'installation solaire : la maintenance doit correspondre à 50% du montant au maximum  
Karine Renard, Pluralis Habitat
 
Pour identifier les dispositifs défectueux sur la trentaine d'installations collectives dont bénéficie son parc locatif, Pluralis Habitat a mis en place un système de suivi des performances. "Grâce à l'Institut national de l'énergie solaire (Ines), nous pouvons regarder si ce qui est produit par nos installations solaires correspond à ce qui devrait l'être : cela nous a permis de rédiger des contrats de maintenance en conséquence", détaille Karine Renard. Car si les économies d'énergies dégagent un gain financier, les coûts des contrats de maintenance de certains professionnels peuvent annuler ce bénéfice économique. "Avec le suivi, nous connaissons l'économie réelle réalisée par l'installation solaire : la maintenance doit correspondre à 50% du montant au maximum, explique la chargée de mission énergie de Pluralis Habitat, cela fonctionne bien pour le collectif mais en maison individuelle, le contrat de maintenance sera très proche ou dépassera le prix de l'économie".

Autre condition pour arriver à une installation fonctionnelle et optimiser les coûts de maintenance : simplifier le schéma des installations. Limiter le nombre d'organes, de pompes, d'échangeurs, etc. minimise en effet le nombre de risques de pannes et diminue le cout de la maintenance, "ce qui contribue à l'objectif principal pour nous : la diminution du couple loyer/charges", explique Pluralis.

"Le solaire thermique ne peut être traité sans prendre en compte l'appoint en énergies classiques et la manière dont il va être réalisé, ajoute François Gibert, au démarrage de la filière, les fabricants avaient bien souvent un schéma qui correspondait aux coutumes du pays et pas forcément aux habitudes françaises d'un complément souvent électrique et il y a eu des erreurs".

Aujourd'hui la plateforme collaborative interprofessionnelle SoCol propose 4 à 5 schémas type qui seraient garants du bon fonctionnement de l'installation.

"Il faudra gagner la bataille des prix !"

Le prix de la technologie demeure toutefois élevé : le coût du m² installé avoisine souvent les 1.200€. "Pour développer le solaire thermique collectif, il faudra gagner la bataille des prix : que l'ensemble des professionnels descendent à 500-600 euros du m2 posé", assureFrançois Gibert.

Si pour de grosses opérations (par exemple une trentaine de logements) les coûts sont amortis, la situation s'avère plus délicate pour de plus petits chantiers. "Pour un projet sur un bâtiment par exemple de 8 à 10 foyers, une aide financière peut nous aider à passer le pas, reconnaît Karine Renard, cependant il est compliqué d'anticiper celles-ci : nous savons difficilement si nous sommes dans les critères d'éligibilité...Cela pose des questions quand nous sommes en limite d'intérêt sur une installation".

Dorothée Laperche

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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