Un tel taux de recyclage est possible grâce à une collecte sélective efficace du papier, du verre, des Déchets d'Equipements Electriques et Electroniques (DEEE), des piles, des déchets organiques, des textiles, du plastique PET, du fer blanc et de l'aluminium.
Afin d'inciter les citoyens suisses à trier leurs déchets le pays a mis en œuvre le principe du pollueur-payeur. La loi fédérale suisse sur la protection de l'environnement stipule que les coûts d'élimination des déchets urbains doivent être à la charge de ceux qui produisent ces déchets. Les communes ont donc mis en place une taxation sur les sacs poubelles. L'habitant a tout intérêt à trier et à ne jeter que des déchets non recyclables pour limiter son nombre de sacs.
Introduite pour la première fois en Suisse en 1975 cette pratique s'est largement répandue dans les années 90. Même si le système n'est pas imposé par le gouvernement 70% de la population est actuellement soumis à cette taxe. Les résultats sur les quantités de déchets triés confirment le caractère incitatif de la méthode. Dans les communes concernées les quantités de déchets sont 30% inférieures à celles des autres communes. Parallèlement les quantités de déchets recyclables collectés augmentent. Pour certaines collectes sélectives, comme celles du verre et des boîtes en aluminium, le taux de recyclage a pratiquement atteint sa limite. En revanche, pour d'autres types de déchets (le papier et les bouteilles en PET) la Suisse a prévu d'augmenter ce taux à 50 % ces prochaines années.
Une enquête de l'OFEFP de 2003 sur l'influence de cette taxe révèle que près de la moitié de la population a modifié son comportement envers les déchets lorsque la taxe au sac a été introduite. Trois quarts des personnes mentionnent notamment faire un tri plus poussé. Dans les communes qui ont introduit une taxe au sac, 43 % des personnes interrogées veillent à éviter les produits producteur de déchets lors de leurs achats, contre 36 % dans les autres communes. Par ailleurs, 87 % des personnes interrogées connaissent toutes les possibilités d'élimination offertes dans la commune où elles résident.
Cette étude démontre également que cette taxe sur les sacs poubelles ne favoriserait pas les dépôts sauvages ni d'autres éliminations inappropriées des déchets. Une campagne de sensibilisation a tout de même été nécessaire pour rappeler aux habitants qu'il était interdit de brûler ses déchets dans la cheminée à cause de l'énorme pollution engendrée.
La filière de recyclage étant de plus en plus efficace, la part de déchets ménagers incinérés a diminuée augmentant la capacité d'accueil des incinérateurs pour d'autres types de déchets. Résultat, les déchets de chantier combustibles auparavant mis en décharge ont pu être dirigés vers les incinérateurs.
L'application de cette taxe en Suisse a été possible car elle a été accompagnée d'un développement de nombreuses filières de collecte et d'une communication ciblée. Elle a également été complétée par une politique de gestion des emballages en amont destinée aux fabricants. La loi sur la protection de l'environnement précise que les emballages doivent ainsi causer le moins de nuisances possibles à l'environnement au cours de leur cycle de vie c'est-à-dire de leur fabrication jusqu'à leur élimination en passant par leur utilisation.
En 1984, la Suisse a élaboré et publié les premiers écobilans relatifs aux matériaux d'emballages destinés aux fabricants et aux distributeurs. A l'heure actuelle la grande distribution utilise en règle générale, pour des produits de consommation courants, des emballages optimisés, c'est à dire légers et conçus soit pour être recyclés, soit pour être au moins éliminés facilement avec les déchets urbains.
La politique de recyclage menée par la Suisse a, certes, conduit à limiter l'enfouissement de certains déchets mais en allégeant l'activité des incinérateurs elle a permis au pays d'importer des déchets urbains des pays voisins (Allemagne et Italie) pour les incinérer sur son territoire. La Suisse a donc tout intérêt à investir dans l'entretien de ces 28 incinérateurs pour limiter au maximum les nuisances.