L'opération a suivi un calendrier et des procédures rigoureuses pour garantir la validité des résultats. La quantité habituelle de déchets produite a été pesée durant le mois précédent l'expérience. Les familles participantes ont ensuite élaboré ensemble une liste de 70 gestes de prévention comme « préférer l'eau du robinet à l'eau en bouteille », « penser aux cadeaux immatériels : spectacles, cinéma, soin du corps », « cuisiner ses petits plats » ou encore « surveiller les dates de péremption » et ont choisi certaines de ces actions avant de débuter l'opération. Puis, du 1er janvier au 31 décembre 2005, les familles ont pesé la totalité de leurs déchets par catégorie : ordures ménagères résiduelles, verre, papier-carton, emballages, encombrants et matières organiques. Ce poids était ensuite reporté chaque mois sur une feuille bilan.
Afin d'entretenir la motivation des familles, les foyers ont reçu tous les mois une lettre d'information sur la prévention des déchets, spécialement rédigée dans le cadre de cette opération. En outre, chaque trimestre, des soirées communes étaient organisées comme la soirée gâteaux baptisée « La prévention, c'est pas de la tarte ». Enfin, d'autres évènements ont marqué l'année : visite d'un centre de tri et d'une usine d'incinération des ordures ménagères, conférence sur la prévention des déchets, action comparative en supermarché entre des caddies « maxi-déchets » et « super-prévention » pour une même liste de courses. Au final, 23 foyers ont fourni des données exploitables sur l'année entière.
Résultat : les gestes de prévention appliqués quotidiennement ont permis de réduire la production d'ordures ménagères résiduelles et d'améliorer globalement le tri des déchets puisque les « familles tests » ont produit jusqu'à 6 fois moins d'ordures résiduelles que leurs voisins : 43 kg/hab/an pour une moyenne de 250 kg/hab/an pour les habitants du Pays de Fougères. Les familles ont également déposé en déchèteries 120 kg/hab/an de déchets pour une moyenne de 226 kg/hab/an pour leurs voisins. En revanche, ces familles ont augmenté leur production de déchets recyclables : 68 kg/hab/an pour une moyenne de 64 kg/hab/an à Fougères.
Parmi les gestes choisis, certains ont eu plus d'impact sur la production de déchets. Le compostage par exemple, a permis de sortir de la filière d'élimination classique 43 kg/personnes/an de déchets de cuisine. La mise en place d'autocollants « stop pub » a également évité de produire environ 40 kg de déchets. La sélection des achats suivant la quantité d'emballage utilisée et le fait de donner ce qui peut être réutilisé (vêtements, jouets, meubles) au lieu de jeter a également influer significativement sur le volume de déchets.
La composition des familles participantes était variée en termes de nombre et d'âge des membres du foyer, de même que leur mode de vie et leurs activités. Il est intéressant de noter que, parmi le panel de participants, les familles avec des enfants en bas âge et les couples de 55-65 ans tendent à produire un peu plus de déchets que la moyenne. Les couches-culottes des jeunes enfants et les multiples produits jetables qui entourent le premier âge constituent un facteur difficilement contournable. Pour les couples de 55-65 ans, en revanche, c'est probablement le pouvoir d'achat, ou des habitudes plus difficiles à faire changer, qui expliquent la moindre réduction. Cependant la surproduction de ces foyers reste relative, car aucun des 23 foyers n'a produit plus de 100 kg d'ordures ménagères résiduelles par personne !
Cette expérience a également répondu à l'une des craintes couramment partagées par les consommateurs en démontrant que la prévention des déchets n'engendre pas de frais supplémentaires pour les ménages. Au contraire, elle permet de mieux raisonner les achats. Privilégier les produits de longue durée, éviter le gaspillage sont autant de gestes qui se répercutent favorablement sur le porte-monnaie du consommateur. De plus, la prévention des déchets a aussi un impact sur l'économie générale de la commune et donc à terme sur celle du résident. Ainsi, si tous les habitants du Pays de Fougères adoptaient les mêmes gestes de prévention que les « familles tests », la collectivité produirait près de 10 000 tonnes d'ordures en moins, soit une économie d'environ 1 million d'euros par an.
Grâce à cette opération, l'association Passiflore est fière de démontrer que la réduction des déchets est loin d'être une utopie environnementale mais se positionne plutôt comme un véritable facteur de développement pour la société aussi bien au niveau écologique qu'économique.
Du côté des volontaires, les esprits ont évolué. Nicolas, un habitant de Fougères qui a participé à l'opération, a pris conscience de ce qu'il jetait et a adopté de nouveaux gestes : Je fais plus attention dans mes achats et je me pose plus de questions pendant les courses ! Pour d'autres cette opération était en accord avec leur conviction et nécessaire pour faire évoluer les choses.