L'explosion est survenue le 2 octobre en fin d'après-midi alors que les pompiers luttaient pour arrêter un feu qui s'était déclaré dans un entrepôt de 300 m2 où étaient stockées des pommes. Trois à cinq tonnes d'ammonitrate, un engrais chimique agricole à base d'ammoniaque, étaient entreposées dans ce bâtiment.

Paul Michel, le procureur de la République de Saint-Étienne, a toutefois précisé que ''la chaîne des causes qui ont conduit à l'explosion n'est pas encore établie''. Une enquête a été confiée à la gendarmerie de la Loire.

La Ministre de l'Ecologie, Roselyne Bachelot, a indiqué, dans un communiqué, qu'une enquête sur la force de l'explosion d'ammonitrate serait diligentée par l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS).

Même si, selon toute vraisemblance, le dépôt n'était pas soumis à la législation des installations classées, l'ampleur des dégâts constatés exige en effet qu'une analyse technique précise de l'accident soit faite.

Dans ce village de 800 habitants, l'explosion a causé d'importants dégâts aux habitations alentours.

L'explosion de l'usine AZF, le 21 septembre 2001, avait déjà mis sous les projecteurs de l'actualité le nitrate d'ammonium.

Obtenu par neutralisation de l'acide nitrique par l'ammoniac, le nitrate d'ammonium (NH4+, NO3-) est un sel cristallisé blanc très soluble dans l'eau, il est également très hygroscopique.
La molécule de nitrate d'ammonium contient un ion nitrate oxydant où l'azote est à son degré d'oxydation maximum (+5) et un ion ammonium réducteur où l'azote est au degré d'oxydation minimum (-3). Ce produit fond vers 169°C et se décompose vers 210°C, principalement en N2O (protoxyde d'azote où l'azote est au degré d'oxydation +1) et eau par une réaction d'oxydoréduction. Toutefois, la décomposition explosive du nitrate d'ammonium est une réaction plus complexe donnant naissance à de multiples composés azotés et notamment à du NO (degré d'oxydation +2), qui s'oxyde à l'air en NO2 et en vapeurs nitreuses de couleur rousse. Les réactions d'oxydoréduction étant rapides et irréversibles, le nitrate d'ammonium peut être utilisé comme explosif, au même titre que la nitroglycérine ou le trinitrotoluène (TNT), des molécules organiques contenant des fonctions fortement oxydantes (nitrate d'alcool et nitro) et un squelette hydrocarboné réducteur.

Par rapport aux explosifs organiques, le nitrate d'ammonium présente cependant l'avantage d'une très grande stabilité au choc et à la chaleur ce qui en fait un ingrédient très utilisé dans les explosifs. De nombreux explosifs industriels contiennent en effet du nitrate d'ammonium associé à d'autres substances explosives comme la nitroglycérine, les nitrotoluènes, etc.

Contenant à l'état pur 34,8 % d'azote, le nitrate d'ammonium est également un engrais azoté appelé ''ammonitrate'' très largement utilisé. Sa production mondiale atteint environ 30 à 40 Mt/an.

En France, il en existe deux qualités : l'ammonitrate à haute teneur qui titre 33,5 % d'azote (interdit dans certains pays européens) et les ammonitrates à basse teneur titrant moins de 28 % d'azote. Ils contiennent tous des charges minérales stabilisantes et des agents antimottants.

Les ammonitrates sont très utilisés car ils donnent un ''coup de fouet'' aux plantes et une action fertilisante plus prolongée. Les plantes assimilent en effet directement les ions nitrate, alors que les ions ammonium doivent être au préalable oxydés en nitrates par les bactéries du sol.


Avec Chimie Hebdo N° 144