Quelles ressources naturelles à l'horizon 2025 ?
Combien serons nous sur Terre en 2050 ? Les démographes estiment que la population mondiale va croître jusqu'à atteindre 9 milliards d'individus tandis que le PIB mondial sera multiplié par quatre constate d'emblée Jean-Claude Stefens, l'ancien Directeur de l'Environnement des Technologies de Suez, aujourd'hui à la retraite. Pour lui, la demande explose déjà aujourd'hui tandis que l'offre est beaucoup moins rapide. Nous allons donc vers un monde de rareté. Partageant le même constat, Pierre Noël Giraud précise que la théorie économique est simple. Les entrepreneurs utilisent toujours les stocks les moins chers. Personne n'exploitera plus de pétrole à 120 $ US le baril ! Si le prix ne baisse pas ce n'est pas rentable (…) D'autres substituts vont émerger. Provocant ou rassurant, c'est selon, il rappelle : Nous avons suffisamment d'énergies fossiles, et de charbon en particulier, pour tenir plusieurs siècles ! Les solutions ? Pour faire preuve d'équité intergénérationnelle, il faut anticiper les bonnes décisions selon ces experts. Concrètement, selon eux, les entreprises doivent intégrer dans leurs stratégies de court, moyen et long terme : l'éco-conception de leurs produits et services, favoriser le recyclage, valoriser les matières en fin de vie et surtout privilégier l'éco-fonctionnalité. Stéphane Mamelle, ingénieur pour le groupe Michelin, en profite pour témoigner des efforts consentis par son entreprise en la matière : Depuis 80 ans, grâce au système Michelin Fleet Solutions, nous vendons à nos client des pneus mais ne les faisons payer qu'au prorata du nombre de kilomètres parcourus. Nous assurons la maintenance du produit et ne produisons ainsi que le strict nécessaire. Une offre jusqu'à maintenant proposée à plus de 300.000 poids lourds, ou véhicules utilitaires (80.000 bennes à ordures SITA), dans 24 pays mais qui devrait, selon l'intéressé, être aussi prochainement proposée au secteur du tourisme. C'est une voie à creuser. Substituer la vente directe d'un produit à la vente de l'usage d'un produit est une piste encore insuffisamment explorée conclut Claire Tutenuit, la nouvelle Directrice Générale d'EPE.
Quid de l'eau à l'horizon 2025 ?
Pour Jean Claude Stefens, nous ne manquons pas d'eau sur Terre ! Il y en a suffisamment pour tous. Le vrai soucis, celui qui crée une situation de stress hydrique, est celui du transport de l'eau […] les technologies de fabrication et de transport, basiques et anciennes, resteront identiques à terme. Seule la consommation va changer et, déjà, nous pouvons constater dans nos pays occidentaux une baisse de la consommation grâce à une prise de conscience collective du problème. Particuliers et industriels, qui fonctionnent davantage en circuits fermés, font des efforts d'économies. Quid de l'irrigation pour les agriculteurs ? Jean-Claude Stefens est perplexe : Je crains qu'une baisse soit illusoire. Je pense même que des tensions sont à venir Quelle solutions pour demain ? Le groupe de travail privilégie surtout les pistes de la récupération des eaux de pluie, qu'il faut généraliser et celle du dessalement de l'eau de mer.
Le rapport indique : Aujourd'hui environ 0.05 km3 d'eau dessalée, dont 15% issus d'eau saumâtre, sont produits chaque jour dans le monde grâce au dessalement par osmose inversé ou grâce au dessalement thermique. Une production, représentant 0,45% de la consommation mondiale journalière d'eau douce, dont la croissance est forte : +10% par an ! En 2016, le rapport prévoit un doublement de la production (0,109 km3 par jour) Le coût ? Le coût énergétique varie en fonction des techniques utilisées et le prix de vente varie entre 0,65 et 1,80 euros le mètre cube selon le rapport. Un prix très élevé que peuvent se permettre Israël ou l'Arabie Saoudite par exemple, mais qu'en sera-t-il des autres ? Est-ce une solution d'avenir ? Des efforts sont actuellement réalisés pour améliorer le rendement constate simplement Jean-Claude Stefens.
Venue présenter les initiatives prises ces dernières années par Veolia Environnement, Muriel Voisin, Directrice communication du groupe, insiste sur d'autres pistes : « Les eaux usées deviennent une ressource. Nous essayons de mieux les exploiter ». En guise d'exemple, l'intéressée relate : Entre 1990 et 2008, près de 50% de boues en plus ont été traitées. L'enjeu ? Nos nouvelles usines vont devenir autosuffisantes et devraient même produire de l'électricité que nous pourrons revendre. S'appuyant sur un sondage publié par le CSA fin 2005, Mme Voisin achève son exposé en rappelant que 60% des consommateurs et 42% des élus en France sont favorables à l'utilisation des eaux usées pour l'irrigation et l'épandage. Dubitatif, l'ingénieur Pierre Noël Giraud conclut : Pour tous ces sujets il faut aller vite car tout nouveau procédé prend 30 ans avant d'être complètement intégré dans notre économie. Une urgence dont, bizarrement, aucun de ses autres confrères, au sein de la commission prospective, n'a semblé devoir bon rappeler. Pourtant 2025 c'est presque déjà demain…