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La Guadeloupe doit relever le défi de la qualité de ses eaux

Le bilan sur l'évolution des masses d'eau en Guadeloupe montre que l'atteinte de l'objectif de bon état en 2027 n'est pas garantie pour toutes les masses d'eau. Même sans prendre en compte des pollutions historiques, comme celle au chlordécone.

Eau  |    |  D. Laperche

L'état de la ressource en eau reste préoccupant en Guadeloupe : c'est ce qui ressort de différents documents (1) publiés le 10 septembre par son office de l'eau. Ces rapports s'inscrivent dans le cadre de la Directive cadre européenne sur l'eau (DCE). Celle-ci fixait un objectif d'atteinte du bon état écologique des masses d'eau initialement en 2015, ou au plus tard en 2027.

Le texte permettait en effet de "répartir l'effort" au cours de trois cycles (2) de six ans. Pour l'atteindre chaque Etat membre élabore des plans de gestion des eaux. Ils s'appuient pour cela sur un bilan de l'évolution de leurs eaux superficielles et souterraines. Les états des lieux pour la dernière période 2022-2027 doivent être finalisés avant fin décembre 2019.

Celui pour la Guadeloupe rendu public ce début septembre montre que le chemin sera ardu pour répondre aux exigences européennes. Même en s'affranchissant de pollution historique comme celle au chlordécone. Utilisé pour le traitement des bananiers contre le charançon, ce pesticide organochloré est interdit depuis 1990 (3) . Il persiste néanmoins notamment dans les sols et l'eau. Les règles pour la photographie de l'état des masses adressée à la Commission européenne vont permettre néanmoins de nuancer le trait. Les masses d'eau déclassées par une pollution historique vont en effet bénéficier d'un report de délai "pour conditions naturelles".

"La source de la pression est supprimée, et il n'existe pas pour l'heure de technique permettant d'éliminer la pollution dans les milieux naturels, pointe Hugues Delannay, directeur adjoint de l'Office de l'eau. En l'état actuel des connaissances, il s'agit donc d'attendre que le milieu résorbe la pollution de lui-même, d'où la qualification de condition naturelle".

Sans prendre en compte la chlodécone, 16 % des cours d'eau risquent de ne pas atteindre en 2027 les objectifs écologiques fixés et pour 13 % le doute demeure. Il serait respectivement de 27 % et 6 % en intégrant le pesticide organochloré.

Concernant le bon état chimique (de la même manière, sans prendre compte les molécules ubiquistes (4) ), 8 % risquent d'être hors des clous et pour 5% l'incertitude ne peut être levée (contre respectivement 12% et 5% avec). "Le risque chimique concerne donc principalement les masses d'eau du sud de la Basse-Terre principalement marquée par la contamination par l'hexachlorocyclohexane (5) ", indique l'Office de l'eau.

Bon état écologique : aucune garantie pour l'ensemble des masses d'eau côtières

Un assainissement à améliorer

41% des stations d'épuration de plus de 1.500 équivalent-habitants (EH) (21 step) ne sont pas autorisées au titre de la loi sur l'eau, selon un rapport du BRGM. Parmi celles-ci 70% ne serait pas conformes en 2017 soit du fait de performances épuratoires insuffisantes, soit d'un suivi insuffisant dans le cadre de l'autocontrôle, selon l'Observatoire de l'eau.

Le milieu marin est le compartiment qui reçoit le plus de pollution issue de l'assainissement collectif. L'Office de l'eau estime que la quantité d'azote rejetée quotidiennement par les steps supérieures à 2.000 EH de Guadeloupe (hors Saint-Martin) dans les eaux littorales est de 320 kg.

L'assainissement non collectif n'est pas en reste et des progrès doivent également être engagés.

La situation serait plus problématique pour les eaux marines. "Pour les masses d'eau côtières (MEC), la moitié présente un risque de non atteinte des objectifs environnementaux en 2027 et 45% présentent un doute. Seule une masse d'eau est jugée en non risque - sans prendre en compte le chlordécone -, constate l'Office de l'eau. La prise en compte du chlordécone se traduit par une qualification en risque de l'ensemble des MEC, du fait des concentrations fortes de la molécule dans le compartiment eau et de la relative certitude du maintien de ces concentrations dans le milieu sur les dix prochaines années - au vu de sa demi-vie estimée à plus de 50 ans - ".

Une autre tendance est à inverser pour viser le bon état : la dégradation des récifs coralliens.

Concernant l'état chimique, le constat serait plus positif : l'ensemble des masses d'eau côtière pourraient répondre aux critères de la DCE. "Le territoire de Guadeloupe n'est pas caractérisé par une activité industrielle importante, note le bilan. L'industrie est limitée aux centrales thermiques EDF et à de nombreuses distilleries (…) aucune substance prioritaire DCE ne sont retrouvées : l'état chimique n'est pas affecté".

La Guadeloupe ne vise dans son suivi DCE qu'un plan d'eau : la retenue d'eau de Gachet. Du fait d'une présence agricole, de chlordécone, de cuivre et de zinc, son état écologique risque de ne pas atteindre les objectifs de la DCE en 2027.

Les eaux souterraines sous la pression des pesticides

Enfin, pour ce qui concerne les eaux souterraines, deux pressions principales sont à souligner en Guadeloupe. Tout d'abord, la dégradation de la qualité physico-chimique de certaines nappes liées aux pesticides (notamment la masse d'eau Sud Basse-Terre).

Sans surprise, parmi les substances actives qui impactent le plus les eaux souterraines, figure le chlordécone. Cette liste (6) comprend également l'atrazine et ses métabolites, le glyphosate (et son métabolite l'Ampa) ainsi que le métolachlore.

Enfin, une nappe d'eau, celle des calcaires supérieurs de Grande-Terre, doit quant à elle faire face à des intrusions d'eau de mer liées aux prélèvements pour l'alimentation en eau.

1. Consulter les rapports de l'office de l'eau de la Guadeloupe<br /><br />
http://www.observatoire-eau-guadeloupe.fr/outils/base-documentaire/documents-de-planification/revision-de-letat-des-lieux-2019/ceb-10-sept
2. Le premier cycle durant la période 2010-2015, le second 2016-2021 et le troisième 2022-2027.3. La chlordécone a toutefois été utilisée de manière dérogatoire jusqu'en 1993 afin de lutter contre l'invasion du charançon dans les plantations de bananes en Guadeloupe et en Martinique4. substances à caractère persistant, bioaccumulables et présentes dans les milieux aquatiques à des concentrations supérieures aux normes de qualité environnementale historiques5. insecticide organochloré interdit en 19986.  Egalement la dieldrine, le pentachlorophénol, l'azoxystrobine et l'asulame

Réactions1 réaction à cet article

Quelques gros céréaliers et viticulteurs du continental ont leur pied à terre en Guadeloupe ; ils apprécieront certainement de constater l'impact des pesticides sur la ressource en eau. Mais ils ne se rendent sans doute pas là-bas pour boire de l'eau...

Pégase | 16 septembre 2019 à 21h15 Signaler un contenu inapproprié

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