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L'Europe va interdire le dioxyde de titane

Suite à un avis de l'Efsa défavorable à l'additif alimentaire, la Commission européenne va interdire le dioxyde de titane. Un épilogue positif selon les associations, après plusieurs années de tergiversations et de politiques divergentes au sein de l'UE.

Risques  |    |  F. Roussel
L'Europe va interdire le dioxyde de titane

« Le E171 n'est plus considéré comme sûr en tant qu'additif alimentaire ». Telle est la conclusion de la nouvelle évaluation des risques menée par l'Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa) sur le dioxyde de titane (1) . Dans un avis rendu public le 6 mai, le professeur Maged Younes, président du groupe scientifique de l'Efsa sur les additifs alimentaires et les arômes, explique qu'« en tenant compte de toutes les études et données scientifiques disponibles, le groupe a conclu que le dioxyde de titane ne peut plus être considéré comme un additif alimentaire sûr. Un élément critique pour arriver à cette conclusion est que nous n'avons pas pu exclure les problèmes de génotoxicité qui pourraient survenir suite à la consommation de particules de dioxyde de titane. Après une ingestion orale, l'absorption des particules de dioxyde de titane est faible, mais elles sont susceptibles de s'accumuler dans l'organisme ».

La position de l'Efsa a donc évolué depuis 2016, date de sa dernière évaluation. Cette fois-ci, l'agence a passé en revue plus d'un millier d'études et a pour la première fois appliqué les orientations développées en 2018 par son comité scientifique dédié aux nanotechnologies. Le dioxyde de titane E171 contient en effet plus 50 % de particules de taille nanométrique (c'est-à-dire moins de 100 nanomètres). Un changement de méthode qui explique sans doute la nouvelle conclusion de l'agence. « Il s'agit d'un très net infléchissement de la position de l'Efsa, qui, jusqu'à présent, s'était évertuée à dire que le E171 était "safe" - et ce, en dépit des nombreuses publications scientifiques qui s'accumulent depuis plusieurs années et montrent des effets néfastes. Ce revirement confirme la pertinence des alertes lancées - depuis plus de dix ans maintenant - par les scientifiques et les associations », commente l'association Avicenn, spécialiste des nanoparticules.

La France confortée dans ses choix

Cette évaluation était très attendue par la Commission européenne, les États membres et la société civile : « On est à la fin du feuilleton, les États membres ont joué la montre au maximum. Ils n'ont pas eu le courage politique de prendre une décision d'interdiction plus tôt et ont remis leur décision à l'avis de l'Efsa », explique Karine Jacquemart, directrice générale de l'association Foodwatch. La commissaire européenne à la santé, Stella Kyriakides, a très vite déclaré que la Commission européenne allait proposer aux États membres de ne pas réautoriser le E171. L'interdiction de cet additif utilisé pour blanchir ou faire briller des aliments comme les bonbons ou les dentifrices se profile donc, à la grande satisfaction des ONG : « Clairement, c'est une victoire sur la santé, sur les lobbys de la chimie, une victoire pour la protection des consommateurs. On n'a pas suffisamment ce type de décision », déclare Karine Jacquemart.

Cette décision conforte également la France qui a suspendu dès le 1er janvier 2020 l'utilisation de cet additif, suite à un avis défavorable de l'Agence de sécurité sanitaire (Anses). Toujours en vigueur, cette suspension n'aura plus de raison d'être dès que l'Europe aura validé l'interdiction du E171. « Le moratoire français en vigueur depuis le 1er janvier 2020 se voit confirmé. La France apparaît ainsi comme un pays pionnier ! », reconnaît l'association Agir pour l'environnement.

Nouveaux combats

Pour les associations, cette interdiction de l'E171 dans les additifs alimentaires laisse augurer une interdiction prochaine dans les médicaments : « L'Europe doit maintenant interdire le dioxyde de titane au plus vite, et ce, dans l'ensemble des produits ingérés, sans se contenter de l'alimentation : médicaments, dentifrice, rouge à lèvres… ! En France, ce colorant est présent dans les excipients de 5 000 médicaments, y compris dans des médicaments traitant le cancer ! », rappelle Magali Ringoot, coordinatrice des campagnes d'Agir pour l'environnement.

Cette évaluation sur l'E171, l'Efsa doit également la réaliser sur de nombreux autres additifs alimentaires : 338 sont autorisés aujourd'hui en Europe. Pour les associations de consommateurs, c'est encore trop, d'autant plus que « l'effet cocktail » est toujours aussi difficile à évaluer : « Commençons de toute évidence par interdire en Europe ceux qui sont controversés pour la santé, ceux pour lesquels nous avons des études sérieuses. Les additifs de type nitrites et nitrates sont notre prochain combat », prévient Karine Jacquemart de Foodwatch. Sur ce sujet, la France attend les recommandations de l'Anses pour septembre prochain pour se prononcer. Une proposition de loi, portée par le député Richard Ramos (Modem – Loir-et-Cher), met par ailleurs la pression en prévoyant l'interdiction progressive des additifs nitrés dans les produits de charcuterie.

1. Télécharger l'avis de l'Efsa sur l'E171 (mai 2021)
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-37501-avis-efsa-E171-mai-2021.pdf

Réactions1 réaction à cet article

Merci à l'EFSA d' une position nécessaire, d'autant plus que l'on consomme partout de l' E171 dans la mesure où l'eau qui véhicule ces nanoparticules n'en n'est pas totalement épurée, sauf erreur ...
PRESERVER NOTRE EAU c'est préserver notre santé mais ... avez-vous trouvé au moins 2 analyses d'eau(x) identiques et qui de plus estimeraient ce fameux taux de nanoparticules qui voyagent bien avant d'arriver à nous et s'agglomèrent ? Quelle surprise aurait-on en comparant l'eau près d'une usine de médicaments, d'un hôpital et celle analysée en milieu rural de plus en zone boisée. Et le débat n'est-il pas le même pour tous les additifs...

Bleuciel | 10 mai 2021 à 13h16 Signaler un contenu inapproprié

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