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Réussir la collecte séparée des biodéchets (3/4) : exemple à la ville avec le Grand Calais Terres & Mers

Calais a lancé il y a vingt ans une collecte des biodéchets et des déchets verts, massifiant ainsi les volumes. Pour aller plus loin, la collectivité envisage de renforcer l'incitation au tri des restaurateurs et d'améliorer la précollecte.

TECHNIQUE  |  Déchets  |    |  P. Collet
Réussir la collecte séparée des biodéchets (3/4) : exemple à la ville avec le Grand Calais Terres & Mers
Environnement & Technique N°394
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°394
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Tout débute en 1999, avec un test grandeur nature sur deux secteurs de la commune de Calais (Pas-de-Calais) composés d'habitats pavillonnaires et collectifs en zone urbaine dense. À l'issue de cette expérimentation, le Grand-Calais-Terres et Mers décide de généraliser la collecte des biodéchets en porte-à-porte. D'abord aux 75 000 habitants de Calais, dont près de la moitié réside en habitat collectif, puis aux 106 000 de l'agglomération.

Dès le départ, la collectivité lance une collecte conjointe des biodéchets et des déchets verts. Un choix qui peut surprendre aujourd'hui, mais qui se justifiait alors dans le cadre d'une refonte complète de la collecte des ordures ménagères. « À l'époque, la question se posait différemment, le sujet des biodéchets était peu connu ; nous sommes donc partis de ce qu'est un biodéchet au sens large », explique David De Smedt. Le directeur général adjoint chargé des moyens opérationnels de la communauté d'agglomération précise que ce choix a l'avantage de massifier et de rentabiliser la collecte, les habitants des zones pavillonnaires ayant une incitation forte à trier. Il permet aussi d'apporter des fibreux pour structurer le compost.

Refonte de la collecte

“ C'est une opération blanche sur le plan financier puisqu'il ne s'agit pas d'une collecte additionnelle ” David De Smedt, Grand-Calais-Terres et Mers
Concrètement, l'agglomération décide de convertir les trois collectes d'ordures ménagères résiduelles (OMR) hebdomadaires en une collecte des OMR, une collecte de biodéchets et une collecte des emballages. À noter : la collectivité choisit de ne pas recourir au compostage individuel pour s'assurer que l'essentiel des volumes soit dirigé vers son centre de valorisation organique. Quant aux biodéchets des restaurants du centre-ville, ils peuvent être collectés jusqu'à six fois par semaine. Pour autant, la collectivité constate que ces acteurs professionnels ne trient pas ou trop peu. Elle envisage donc de réviser sa redevance spéciale pour abaisser sensiblement le prix de l'enlèvement des biodéchets (aujourd'hui 0,015 euro par litre – €/l ) et augmenter celui des OMR (0,020 €/l).

« L'État explique que la clé de voûte pour améliorer le tri est la redevance incitative, c'est-à-dire une incitation financière forte au tri », rappelle David De Smedt. Avec la tarification actuelle, un professionnel paye environ 200 euros par an (€/an), qu'il trie ou pas. La collectivité envisage donc de créer une vraie différence en facturant, par exemple, 400 €/an les récalcitrants. « On sait qu'il y a des biodéchets et on veut les mobiliser », résume-t-il, considérant que « c'est le vrai enjeu pour massifier leur collecte ».

Simplifier la précollecte

Pour la précollecte, la collectivité a demandé aux habitants d'utiliser les sacs en papier ou biodégradables distribués dans le commerce. Mais aujourd'hui, elle envisage de revoir cette stratégie. « La précollecte est le plus compliqué », observe David De Smedt, qui juge indispensable la mise à disposition d'équipements simples. Avec le recul, la collectivité constate qu'il y a des convaincus qui trient depuis le début et des réticents intéressés, mais qui jugent la gestion des biodéchets en appartements compliquée. « On a aujourd'hui beaucoup plus de solutions efficaces et abordables par rapport à 1999 », constate le responsable, ajoutant que le Grand-Calais envisage de revoir sa position initiale et de mettre à disposition des bio-seaux.

8 400 t/an

C'est ce que Grand-Calais-Terres et Mers collecte de déchets verts et de biodéchets, à un coût de l'ordre de 88 €/t. Rapportée aux 106 000 habitants de la collectivité, cette collecte coûte un peu moins de 7 €/hab.
Avec ce dispositif, le Grand-Calais a collecté près de 80 kg par habitant de biodéchets et déchets verts en 2021. Cette collecte varie sensiblement selon le type de logement et la saison. En zone urbaine, elle est comprise entre 3,3 et 4,2 tonnes par tournée. Les zones pavillonnaires affichent des écarts plus marqués : entre 2,3 et 8,5 tonnes pour Calais et entre 3,1 et 10,5 tonnes en périphérie. Tout comme la collecte en milieu rural qui varie de 2,5 à 6,5 tonnes. Des chiffres qui montrent que les volumes collectés se composent essentiellement de biodéchets en zone urbaine, et qu'en zone rurale, ils varient en fonction des quantités de déchets verts. Au global, ces derniers représentent environ 60 % de la collecte. Quant aux biodéchets, l'agglomération estime qu'ils pèsent encore 20 % des OMR.

De son côté, le coût de collecte est de l'ordre de 88 euros par tonne (€/t). Rapportée aux 106 000 habitants, la collecte des quelque 8 400 tonnes par an (t/an) coûte un peu moins de 7 euros par habitant (€/hab). « Pour nous, c'est une opération blanche sur le plan financier puisqu'il ne s'agit pas d'une collecte additionnelle, mais du remplacement d'une tournée OMR par une tournée biodéchets », explique David De Smedt.

Création d'un pôle de valorisation

Pour le traitement, le Grand-Calais a d'abord eu recours à un centre de compostage, avant l'ouverture en 2007 d'un pôle de valorisation des biodéchets, à Calais. Propriété du Syndicat d'élimination et de valorisation des déchets du Calaisis (Sevadec), ce pôle est opéré par Octeva dans le cadre d'une délégation de service public. Il affiche une capacité de traitement de 28 000 t/an et méthanise les biodéchets pour produire du compost (près de 8 000 tonnes en 2021) et de l'électricité (4 380 mégawattheures).

Pour s'assurer de la bonne qualité des biodéchets, les bacs sont contrôlés visuellement par les équipes de collecte qui apposent une étiquette rouge « refus de tri » en cas d'erreurs. Arrivées dans le site de traitement, les bennes sont systématiquement contrôlées par l'opérateur du centre. Les refus, de l'ordre de 16 % de la collecte, sont envoyés en enfouissement. Ils sont essentiellement le fait de professionnels qui utilisent des sacs en plastique pour leur précollecte. À l'arrivée, ces sacs sont séparés du gisement de biodéchets envoyés en méthanisation, mais certains contiennent des ordures ménagères.

Pour ce traitement, la collectivité verse une part fixe de 6,89 €/hab afin de financer l'équipement et une part variable de 70,01 €/t afin de couvrir les coûts d'exploitation. Le coût par habitant s'élève à un peu plus de 11,60 euros, ce qui, ajouté à la collecte, porte le coût complet de gestion à 18,60 €/hab.

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