Ce projet a donc logiquement retenu l'attention de l'atelier biodiversité durant le Grenelle. Toutefois, lors de la table ronde finale, l'annulation du projet n'a pas été décidée, une expertise complémentaire sur ce projet a été préconisée. Dans ce contexte, une mission d'inspection sur ce projet a été lancée le 4 décembre dernier par Jean-Louis Borloo, Ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables, et Michèle Alliot-Marie, Ministre de l'Intérieur, de l'Outre-Mer et des Collectivités Territoriales. La mission doit formuler des propositions en vue de l'élaboration d'une politique minière rénovée en Guyane, s'inscrivant dans une stratégie de développement durable de ce territoire, indiquait le communiqué commun des ministres.
Cette mission, qui auditionne les parties prenantes du Grenelle Environnement, ainsi que les acteurs locaux intéressés, est composée de représentants de l'Inspection générale de l'environnement, de l'Inspection générale de l'administration et du Conseil général des mines. Elle s'appuie sur l'expertise du Muséum national d'Histoire naturelle en matière de biodiversité et devait rendre son rapport avant la fin de l'année 2007. Ainsi après plus de deux ans d'instruction, le sort du très controversé projet de mine d'or à ciel ouvert sur la montagne de Kaw devrait se décider d'ici fin janvier.
Pour Sophie Bringuy, chargée du dossier à France Nature Environnement, si l'Etat devait autoriser le projet d'exploitation minière sur la Montagne de Kaw, il signerait l'arrêt de mort de cette entité écologique unique au monde. À terme, la Montagne de Kaw, avec une concentration importante de mines d'or gigantesques à ciel ouvert et les inconnues actuelles sur la maîtrise de restauration dans des milieux tropicaux humides et Montagneux, risque fort d'être ponctuée de paysages désolés, qui la dénatureront dans son ensemble, estime-t-elle.
Nelly Olin, ex-ministre en charge de l'environnement, avait déjà fait appel à l'Inspection générale de l'environnement et au Conseil général des Mines puis suspendu le projet, l'inspection ayant relevé des lacunes dans l'étude de l'impact sur la faune et la flore, ainsi que des conditions de rejets dans le milieu naturel des effluents cyanurés.
France Nature Environnement s'inquiète d'ailleurs que le rapport prévu initialement pour le 3 janvier ne soit toujours pas publié. Malgré une première demande auprès des inspecteurs généraux de la mission, nous n'avons aucune information ni sur le rendu ou non de ce rapport, ni sur son contenu, explique Sophie Bringuy. Le rapport de la mission, tout comme celui des scientifiques dépêchés sur place, donneront des informations actualisées qui apparaissent indispensables pour débattre d'un tel sujet, précise-t-elle.
Fin janvier, le comité de suivi du Grenelle de l'environnement se réunira pour la première fois et sera amené à faire un point sur ce dossier. En effet, au cours de la table ronde finale du Grenelle il a été arrêté que le projet minier serait réexaminé par un comité reprenant le format Grenelle, ceci dans l'objectif tant de poursuivre la logique d'échanges et de transparence initiée par le Grenelle, que de débattre du dossier à la lumière des derniers éléments recueillis par la mission d'inspection.
Le projet de Camp Caïman est le seul sujet concret abordé dans le cadre du Grenelle , estime Raymond Leost, vice-président de FNE.Il constitue un symbole pour la politique nationale en faveur de la biodiversité en Outre-Mer, avec une dimension internationale incontestable eu égard le trésor qu'est la Montagne de Kaw à l'échelle mondiale.
Nous attendons également de ce rapport qu'il fasse le point sur l'état de la filière aurifère en Guyane. Cette mise à plat est essentielle pour l'avenir du département et nous espérons que les suggestions formulées vont dans le sens des propositions soutenues par FNE et ses associations membres guyanaises depuis des années, et relayées dans le cadre du Grenelle de l'environnement,conclut Arnaud Gossement, porte-parole de FNE.