Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Centrale de Gardanne : le renforcement de l'étude d'impact pourrait conduire à une régularisation

La cour administrative d'appel de Marseille sursoit à statuer sur la requête de l'exploitant dans l'attente d'une étude d'impact plus complète de la centrale fonctionnant à la biomasse. Un complément qui peut ouvrir la voie à une régularisation.

Energie  |    |  L. Radisson
Centrale de Gardanne : le renforcement de l'étude d'impact pourrait conduire à une régularisation

Le contentieux portant sur la centrale biomasse de Gardanne (Bouches-du-Rhône) est particulièrement intéressant en ce qu'il permet d'affiner la jurisprudence sur le contenu exigé des études d'impact. Un nouvel épisode est intervenu vendredi 10 novembre avec la décision rendue par la cour administrative d'appel de Marseille au sujet de cette ancienne centrale au charbon dont l'une des unités a été convertie à la biomasse en 2012.

L'exploitant, la société GazelEnergies Génération, avait demandé à la cour d'annuler le jugement du tribunal administratif de Marseille qui avait annulé, à la demande de France Nature Environnement Provence-Alpes-Côte d'Azur (FNE-Paca) et de plusieurs associations locales, l'autorisation de 2012 de poursuivre l'exploitation de la centrale électrique avec une alimentation au bois. À titre subsidiaire, l'exploitant avait demandé aux juges d'appel de surseoir à statuer en attendant une régularisation de l'autorisation accordée par le préfet des Bouches-du-Rhône.

La cour fait droit à cette dernière demande jusqu'à l'expiration d'un délai de douze mois. Mais, pour cela, l'exploitant devra compléter d'ici là l'étude d'impact initiale par l'étude des effets indirects de l'approvisionnement en bois de la centrale et par un bilan carbone, de même que par l'étude de ses incidences sur les sites Natura 2000.

“ Nous nous félicitons que la cour ait fait le choix de demander une nouvelle étude d'impact complète, s'intéressant aux impacts directs et indirects de la centrale ” FNE-Paca
D'après le plan d'approvisionnement de l'installation, établi en 2011, les ressources en bois d'origine locale devaient représenter 27 % de l'énergie entrante dans la centrale, cette part devant ensuite monter à 50 %. Selon l'avis de l'autorité environnementale en date du 22 mai 2012, le total de la biomasse d'origine locale devait représenter un volume annuel compris entre 370 0000 et 580 0000 tonnes. Pour FNE, cela revient à prélever 35 % de la ressource forestière locale, tandis que le reste de l'approvisionnement provient de déforestation importée, d'Amérique latine et d'Espagne notamment.

Prendre en compte toutes les sources d'approvisionnement

« L'étude d'impact devra indiquer la liste de tous les massifs forestiers locaux ou régionaux situés en France et concernés par cet approvisionnement et préciser, notamment, leur localisation, les quantités utilisées, les essences de bois concernées, les natures de coupe réalisées ainsi que les impacts sur ces massifs en termes de paysages, de milieux naturels et d'équilibres biologiques », indique la décision. Pour la biomasse issue de l'étranger, l'étude d'impact devra a minima indiquer « le pays de provenance, la localisation dans ce pays, les quantités utilisées, les essences de bois concernées et les natures de coupe réalisées ».

La juridiction marseillaise tire ici les conséquences de la décision du Conseil d'État du 27 mars 2023 qui avait annulé l'arrêt qu'elle avait rendu en 2020 sur cette affaire. Ce dernier avait jugé qu'elle avait commis une erreur de droit en estimant que l'étude d'impact n'avait pas à analyser les effets sur l'environnement du plan d'approvisionnement en bois de la centrale. Le Conseil d'État, au contraire, a considéré que l'étude d'impact devrait prendre en compte aussi bien les incidences directes sur l'environnement de l'ouvrage que celles susceptibles d'être provoquées par son utilisation et son exploitation, et que l'analyse effectuée devait être en relation avec l'importance de l'installation en projet.

« Avancée jurisprudentielle majeure »

Une fois ces études actualisées, ajoute la cour administrative d'appel, le préfet devra organiser une nouvelle enquête publique, dans le cadre de laquelle sera soumis un nouvel avis de l'autorité environnementale, en vue de « l'adoption d'un arrêté préfectoral modificatif contenant, le cas échéant, des prescriptions complémentaires ». En outre, ajoutent les juges, les études complétées devront être mises en ligne pendant un mois et rendues « consultables de manière dématérialisée dans les mairies des communes sur le territoire desquelles proviennent les ressources en bois approvisionnant la centrale ».

« Nous regrettons que la cour administrative d'appel de Marseille n'ait pas conclu à l'annulation de l'autorisation d'exploitation de la centrale, se réservant sur la conformité du projet à la loi (…). Nous nous félicitons, en revanche, que la cour ait fait le choix de suivre les conclusions du rapporteur public et de demander, enfin, une nouvelle étude d'impact complète, s'intéressant aux impacts directs et indirects de la centrale », réagit FNE-Paca dans un communiqué.

L'association de protection de la nature salue, avec ce dernier point, « une avancée jurisprudentielle majeure en droit de l'environnement, dans la continuité de la décision rendue par le Conseil d'État ». «  Il s'agit du premier arrêt qui affirme la nécessité d'intégrer les effets indirects d'un projet dans les études d'impact (…) : cette nouvelle jurisprudence s'appliquera aux projets actuels et à venir. Il s'agit d'une révolution dans le monde des bureaux d'études », se félicite FNE.

Réactions2 réactions à cet article

Une centrale biomasse de cette ampleur ne peut pas ne pas avoir d'impact significatif sur l'environnement à très grande échelle, que ce soit les forêts exploitées ou le transport du bois ! Le pire est atteint avec des importations entre continents, clairement de la déforestation importée, à rebours complet de la transition énergétique... L'usage de la biomasse doit rester local, réellement, une unité de 300 MW est juste aberrant !

dmg | 15 novembre 2023 à 10h58 Signaler un contenu inapproprié

Nous devons construire un nouveau système énergétique et la décarbonation du chauffage des habitations et entreprises, des transports routiers de personnes et de marchandises, et de l'industrie (métallurgie, chimie...) demande de l'électricité verte (+ 20% sobriété incluse).
La centrale de 150 MW (pas 300 MW) est annoncée consommer en année pleine (très loin d'être atteinte aujourd'hui vu les blocages répétés par les associations et par la CGT) 850 000 t de bois dont 400 000 t importées (en effet à ré-évaluer) et 450 000 t non valorisables en bois d'œuvre provenant d'une zone de 450 km, soit le sud-est. Cette demande créera un marché qui augmentera l'offre, beaucoup de petites parcelles n'étant aucunement gérées aujourd'hui et à risque d’incendie... L'Office National des Forêts estime le croît annuel récoltable en respectant des pratiques de gestion durable à 800 000 t/an. Et d'autres sources existent : la biomasse d'élagage des particuliers et des entreprises du seul Pays d'Aix représente déjà 15 000 t/an !
Les associations s'opposent en même temps à un projet photovoltaïque à Lure. Les opposants ne sont jamais proposants ! Et en particulier ne demandent jamais à la population la sobriété carbonée : restriction de l’automobile, de l’avion, des objets. Les carburants sont importés et les objets très largement importés : à quand une étude d’impact ?

Pierre.Hennebert@gmail.com

Pierre Hennebert, Consultant déchets | 15 novembre 2023 à 12h52 Signaler un contenu inapproprié

Réagissez ou posez une question au journaliste Laurent Radisson

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

Votre conseil en droit de la Santé et de l'Environnement Huglo Lepage Avocats
Votre conseil en Droit des Installations Classées Green Law Avocat