Cigéo, le projet qui devrait permettre à la France de gérer ses déchets radioactifs les plus dangereux, fait encore une fois l'objet de débats. France Nature Environnement, Global Chance, Greenpeace et le Groupement de scientifiques pour l'information sur l'énergie nucléaire (GSIEN) rejettent en bloc la « conférence de citoyens » sur la phase industrielle pilote du projet organisée par l'Andra.
En mai, l'agence a réuni une vingtaine de citoyens français d'horizons politiques et d'avis différents devront émettre des recommandations sur l'enfouissement des déchets nucléaires en couche géologique profonde. Des méthodes qui ne plaisent pas aux associations : « il est inacceptable que l'agence qui s'occupe du projet organise également la consultation publique, s'insurge Jean-Claude Autret, président du GSIEN. Il y a là un conflit d'intérêt ». Les associations refusent donc l'invitation et envisagent de solliciter la Commission nationale du débat public. Pour Claude Brevant, présidente du comité de pilotage de la conférence citoyenne, cet argument n'a pas lieu d'être : « nous sommes tous indépendants, nous ne nous connaissions même pas les uns les autres. De plus, les citoyens ont été tirés au sort, il y a même des personnes adhérant à Sortir du nucléaire ».
Mais pour les associations, l'attention doit se porter sur le projet lui-même plutôt que sur sa réalisation. « Le dernier débat public montre bien que la controverse court toujours » sur l'enfouissement des déchets nucléaires, explique le président du GSIEN. Lui et ses collègues avaient participé pendant plusieurs mois aux travaux de la Commission orientations du Plan national de gestion des matières et déchets nucléaires et émis un avis négatif sur Cigéo. La conférence citoyenne de l'Andra, proposée à l'issue de ce travail, arrive donc comme un cheveu sur la soupe. « C'était pourtant une belle occasion de faire valoir ce qui leur apparaît comme des failles », s'étonne Claude Brevant, qui ne comprend pas la démarche des associations.