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Un géant du ciment allie recyclage et décarbonation avec un double démonstrateur

Pour mieux recycler les bétons en fin de vie, Heidelberg Materials France teste la récupération du ciment et sa recarbonatation - un moyen de capter une partie des émissions liées à la production. C'est l'objet du projet Circo2Béton.

TECHNIQUE  |  Déchets  |    |  F. Gouty
Un géant du ciment allie recyclage et décarbonation avec un double démonstrateur
Environnement & Technique N°393
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°393
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La production de ciment est à la confluence de nombreux enjeux écologiques. D'une part, la décarbonation de l'industrie : sur les cinquante sites industriels les plus émetteurs de France, vingt-quatre sont des cimenteries. Et d'autre part, l'économie circulaire : dès 2024, 60 % des bétons de déconstruction collectés par les éco-organismes de la filière de responsabilité élargie des producteurs (REP) des produits ou matériaux de construction du secteur du bâtiment (PMCB) devront être recyclés. Face à ces deux défis, Heidelberg Materials France, la filiale hexagonale du géant allemand du ciment, a annoncé, le 12 juillet, le lancement du projet baptisé Circo2Béton.

L'objectif de ce projet est d'arriver à un recyclage plus sobre et efficace, allié à une séquestration du dioxyde de carbone (CO2) émis sur place. Il s'appuie, en premier lieu, sur les bétons de déconstruction récoltés en Île-de-France et réunis sur la plateforme de recyclage située dans la carrière d'Achères (Yvelines), au nord-ouest de Paris. Le béton y est broyé jusqu'à former des granulats et de plus petits éléments appelés fines. « Avec des techniques de broyage classique, le granulat produit conserve une gangue cimentaire, explique Bruno Pillon, président de Heidelberg Materials France. S'en servir en l'état pour le recyclage implique d'augmenter le volume d'eau nécessaire et, au bout du compte, la quantité de ciment utilisé pour produire à nouveau du béton. Ce dernier ne possède souvent plus les propriétés nécessaires au respect des normes de la construction et finit donc par être "downcyclé" en remblais routiers. »

Un démonstrateur bicéphale

Le cimentier a donc décidé d'investir dans une nouvelle génération de broyeurs à béton, capables de séparer le granulat de cette enveloppe handicapante. Cette technologie, dite de « smart crushing » (ou broyage intelligent), « applique des pressions différentielles qui dénudent complétement les granulats ». Ces derniers pourront ainsi être récupérés et réutilisés directement pour les besoins du site. La poudre cimentaire issue de ce broyage terminera auprès des fines, avant d'être « cyclonée » pour être récoltée seule. « Ce ciment est très réactif et se dilue très bien dans le ciment conventionnel », assure Bruno Pillon. Ce processus ne constituera cependant que la première étape du démonstrateur bicéphale pensé par Heidelberg Materials France.

Acheminé jusqu'à la cimenterie de Ranville (Calvados), au nord-est de Caen, ce ciment recyclé rejoindra en effet un four où il sera utilisé en remplacement ou en complément du clinker, cette poudre de calcaire dont il est lui-même constitué. Retrouver son état « carbonaté » d'origine lui demanderait, en temps normal, de réagir au CO2 présent naturellement dans l'atmosphère au fil du temps. L'entreprise pense néanmoins avoir trouvé le moyen d'accélérer le phénomène et, par la même occasion, de réduire ses propres émissions de CO2. Elle prévoit d'installer des systèmes de capture et de séquestration du carbone (CCS) reliés par des canalisations à la cuve, « sans avoir besoin de liquéfier ou de fluidifier le gaz ». La « recarbonatation » ainsi réalisée devrait conduire à réduire de 20 % les émissions fatales du site de Ranville, d'après le président d'Heidelberg Materials France. « Deux tiers des émissions de notre industrie sont fatales : par nature, la production du béton émet du CO2. Elles ne peuvent donc être éliminées autrement. »

En opération d'ici à 2025

Au total, le cimentier estime pouvoir ainsi traiter chaque année 500 000 tonnes de bétons de déconstruction en boucle fermée. La Région Île-de-France s'est déjà engagée à soutenir le projet à hauteur de 226 000 euros. L'Agence de la transition écologique (Ademe) lui a alloué, quant à elle, une aide de 816 000 euros par le biais du Programme d'investissements d'avenir (PIA4), complété par un prêt de plus de 3 millions d'euros. « Sous réserve de l'obtention de financements complémentaires, l'objectif est de lancer la construction du pilote industriel en 2024 pour une première phase de production dès 2025 », annonce la direction du projet.

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