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Cyanobactéries : les impasses d'une solution unique

Les conditions d'apparition d'efflorescences de cyanobactéries dépendent de paramètres climatologiques locaux, si bien qu'une modélisation prédictive unique semble difficile à concevoir et devra être accompagnée pour traiter le problème à la source.

TECHNIQUE  |  Eau  |    |  G. Boillot-Defremont
Cyanobactéries : les impasses d'une solution unique
Environnement & Technique N°396
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°396
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Scalian, organisation internationale de conseil en informatique, et Watershed Monitoring Europe, filiale de l'organisation canadienne éponyme spécialisée dans l'environnement, travaillent depuis 2021 à l'émergence d'un modèle informatique destiné à prédire une à trois journées en avance l'apparition des conditions favorables aux efflorescences de cyanobactéries dans les plans d'eau. Le projet est maintenant en phase de pré-industrialisation.

Un modèle complexe à mettre en œuvre

La prolifération de cyanobactéries advient principalement dans des eaux douces surchargées en phosphore et en azote. Dans une de ses saisines, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) indique que ces éléments peuvent provenir d'effluents d'élevage ou encore de rejets d'eaux usées insuffisamment ou non traitées. À cela s'ajoutent par exemple des conditions liées à l'ensoleillement – les cyanobactéries ont besoin de chaleur pour se développer, etc.

« Chaque plan d'eau a ses paramètres propres, confirme Sonja Behmel, directrice générale de Watershed Monitoring Europe. La première étape a donc été d'effectuer des classifications en fonction de multiples éléments, afin d'établir des jumeaux, à quelques paramètres près. » Un sujet qui a fait l'objet d'une étude de faisabilité en 2021 et en 2022 sur près de 160 lacs canadiens. Pour Sonja Behmel, ce travail a été un succès du fait notamment « d'une facilité d'accès aux données limnologiques, satellitaires et métérologiques sur le territoire du Canada. » Maxime Carrere, data scientist pour Scalian, chargé notamment de sa réplication sur le territoire métropolitain, explique pourquoi : « Nous avons d'abord travaillé à partir de données "idéales", récoltées par les équipes de chercheurs partenaires. Nous entraînons sur ces données un algorithme IA hybride, qui mélange intelligence artificielle et modèle scientifique, à prédire s'il y aura des conditions favorables à l'efflorescence dans un lac dans les jours qui viennent. Puis nous utilisons des sources de données complémentaires (observations sur le terrain, images satellites, météo) afin d'améliorer les performances de l'IA et sa capacité à généraliser et être performante sur de nouveaux lacs. »

Bêta-testeurs hexagonaux

“ Ce qui nous intéresse avant tout, c'est de comprendre les origines des efflorescences ” Emmanuel Probert, Pays de Langres
Si l'accès aux données limnologiques sera plus compliqué en France qu'au Canada, aux dires de Sonja Behmel, notre territoire aura l'avantage de ces bêta-testeurs pour éprouver la solution prédictive. Le Pôle d'équilibre territorial et rural (PETR) du Pays de Langres (52) en fait partie. Emmanuel Probert, responsable du pôle tourisme et chargé de mission Scot pour la structure, explique que « trois plages sur son territoire ont été touchées par des efflorescences de cyanobactéries au cours de ces dernières années, sans comprendre à chaque fois pourquoi un plan d'eau est touché et pas un autre. » À ce titre, la solution proposée par Scalian et Watershed Monitoring Europe pourrait servir d'outil d'aide à la décision quant aux solutions correctives à mobiliser contre les efflorescences de cyanobactéries, selon Emmanuel Probert, qui a été sollicité par le consortium sur le sujet il y a deux ans de cela.

« Beaucoup d'entreprises viennent vers nous pour nous proposer des outils de lutte - efficaces ou non, difficile de l'affirmer selon les quelques retours d'expérience d'autres territoires - pour contrer l'apparition du phénomène, continue Emmanuel Probert, qui met néanmoins en garde contre toute tentative de solutions clé en main. Si Scalian et Watershed Monitoring Europe entendent anticiper le délai de survenue des cyanobactéries, ce qui nous intéresse avant tout, c'est de comprendre les origines des efflorescences. »

Jean-François Humbert, directeur de recherche à l'Inrae, complète quant à la pertinence du modèle proposé : « Les concentrations de cyanobactéries ne sont pas toujours homogènes dans un plan d'eau. Ce qui va faire qu'une baignade va être fermée peut résulter d'une accumulation sur le long des plages, sous l'effet des vents. Est-ce que le modèle prédictif de Scalian et Watershed Monitoring Europe prend en compte son influence ? Si c'est le cas, alors ça pourra être intéressant. »

L'été 2024 verra apparaître un premier démonstrateur de la solution, que le consortium souhaite ensuite commercialiser sur une plateforme à un tarif allant croissant en fonction des sources de données sélectionnées pour établir la prédiction.

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