C'est dans ce cadre que l'ADEME a lancé en 2004 l'opération « Objectif déchets - 10% ». 102 entreprises pilotes, de tailles et d'activités variées avaient été sélectionnées pour bénéficier pendant deux ans d'une prestation gratuite d'un expert pour les aider à réduire leur volume de déchets de 10%. Tous les types de déchets étaient concernés (déchets inertes ou banals, solides ou liquides) puisque tous les secteurs d'activité industrielle étaient présents : métallurgie, industries agricoles et agroalimentaires, industries chimiques, fabrication du caoutchouc et des plastiques. Le secteur tertiaire (hôtels restaurants, commerce…), l'éducation et la santé s'étaient également mobilisés.
La sélection s'était effectuée sur la base de plusieurs critères : ambition et réalisme des objectifs visés tant en matière de prévention que de valorisation des déchets, adéquation entre les objectifs visés et les moyens dédiés au projet, reproduction et transposition possible des actions proposées et intérêt du projet par rapport aux enjeux régionaux..
Si le goût global de l'opération s'élève à 690.000 Euros, le bilan présenté à l'occasion du colloque « Prévention et gestion des déchets dans les territoires », le 19 juin dernier à la Maison de la Chimie à Paris, est convaincant en termes environnementaux comme économiques : 65% des entreprises engagées ont dépassé leurs objectifs et réduit les déchets produits ou non valorisés, à activité constante, de plus de 10% en deux ans, indique l'ADEME. Pour l'ensemble des entreprises pilotes, le coût externe annuel total de gestion des déchets a diminué de 10% et la recette totale de valorisation a augmenté de 42% au total, sur la même période.
En outre, les différentes démarches initiées par les entreprises leur ont permis d'optimiser leurs processus de production, de mobiliser leurs salariés, ou de renforcer leur capacité d'innovation sans oublier les bénéfices en termes de communication auprès de tous leurs publics, souligne l'agence. Comme quoi une politique de prévention et de gestion des déchets constitue une source de compétitivité pour les entreprises.
En revanche 23% ont peu progressé et 12% ont régressé. L'explication vient de facteurs imprévus, d'actions trop coûteuses, de déchets spécifiques pour lesquels il n'existe pas localement d'autres débouchés que la décharge, d'un changement d'activité qui génère de nouveaux déchets et diffère l'obtention de résultats, estime l'ADEME.
Pour valoriser les entreprises qui se sont engagées, l'ADEME a décerné les trophées « Objectif déchets - 10% » aux entreprises dont les résultats sont les plus probants. Ces trophées comportent 4 catégories, avec à chaque fois deux lauréats.
Dans la catégorie, ''plus forte réduction du tonnage total de déchets produits'', deux entreprises ont été récompensées pour avoir dépassé les objectifs fixés. AISAN BITRON EUROPE, spécialisée dans la conception et la réalisation de systèmes d'alimentation en carburant pour l'automobile, qui a réduit de 39,7% son tonnage de déchets à activité constante. Ses actions : diminution des emballages générés et réduction des rebus de fabrication, tri sélectif des déchets valorisables, implication de l'ensemble des salariés dans la gestion des déchets et meilleure gestion des coûts externes et internes générés. L'entreprise DIAN, garage spécialisé dans la réparation automobile, a quant à elle réduit de 33,3% son tonnage de déchets en mettant en place simultanément des actions de prévention et de valorisation (amélioration du tri, sensibilisation du personnel et augmentation de la valorisation des déchets).
Deux lauréats liés à l'industrie agroalimentaire ont remporté les trophées dans la catégorie ''plus forte augmentation du tonnage valorisé à activité constante''. L'entreprise CILAM de fabrication de produits laitiers et de jus de fruits a réussi à augmenter de 174,1 % le tonnage de déchets valorisé, tout en baissant de 20,7 % le tonnage de déchets produits. L'entreprise BOA, spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de la pâte à pain façonnée a augmenté son tonnage valorisé de 69,3 %, tout en baissant de 13,8 % le tonnage de déchets produits. De bons résultats, qui s'expliquent notamment par des actions de réduction à la source.
Dans la catégorie ''plus fort taux de valorisation'', les lauréats sont les entreprises ITECOM et TECHNE. La première, spécialiste des automatismes et de l'informatique industrielle du traitement de l'eau a obtenu un taux de valorisation de 100%, tout en baissant de 28,2% le tonnage de déchets produits, à activité constante. Cette performance s'explique par des actions de prévention efficaces telles que la meilleure utilisation des papiers et cartons, la lutte contre le gaspillage et la réduction en amont des gisements de déchets, souligne l'ADEME.
Spécialiste des pièces plastiques et métalliques, TECHNE a également obtenu un taux de valorisation de 100%, tout en baissant de 22,2% le tonnage de déchets produits, à activité constante, grâce à un plan d'actions axé sur l'amélioration de la gestion interne, sur l'optimisation des coûts et sur le suivi des déchets.
La dernière catégorie concerne la communication interne. MERIAL, entreprise spécialisée dans la production pharmaceutique et biologique pour les animaux, et HERO France, entreprise des compotes de fruits en coupelle individuelle, ont remporté les trophées.
Mais au-delà de la réduction des déchets liés à leur activité, rappelons que les entreprises peuvent aussi réduire les déchets de leurs clients ou des ménages, en leur proposant des produits plus respectueux de l'environnement comme des produits écoconçus par exemple. Choix des matières premières, des modes de fabrication, de transport et de distribution, réduction des impacts lors de l'utilisation ou de la fin de vie des produits : toutes les étapes du cycle de vie doivent être prises en compte !
Certains secteurs se sont déjà engagés dans cette voie à l'instar du textile, de la cosmétique, du mobilier, des accessoires de sport, des produits alimentaires, ou biens d'équipement...
Citons l'entreprise Caron Service Automatique qui propose des distributeurs automatiques de boisson éco-conçus qui permettent de réduire la consommation d'énergie et la production de déchets. Les distributeurs disposent notamment d'une cellule de repérage capable de détecter la présence d'un contenant pour favoriser l'usage d'une tasse ou l'utilisation d'un gobelet : autant de gobelets jetables en moins !
Dans un tout autre domaine, Cooper Luminox, a conçu un bloc d'éclairage de sécurité, qui consomme 10 fois moins d'électricité et génère 75% de déchets en moins qu'un bloc classique ! Il en résulte un produit vendu certes plus cher, mais qui est un véritable succès commercial avec une progression des ventes de 80% en 2006 !