L'Inserm lève un peu plus le voile sur les relations entre lieu de vie, exposition aux pesticides et risques pour un enfant de développer une leucémie aigüe. Dans le cadre du programme de recherche Géocap-Agri, une nouvelle étude publiée dans le journal Environmental Health Perspectives affine les connaissances.
Les scientifiques de l'Inserm ont mené une étude (1) portant sur l'association entre la proximité du lieu de résidence aux vignes et le risque de leucémie chez les enfants de moins de 15 ans. Ce travail a été réalisé sur l'ensemble du territoire de France métropolitaine par l'équipe Epicea, en collaboration avec Santé publique France et le soutien financier de l'Anses et de l'Inca. En croisant des données géolocalisées avec le registre des cancers et des cas témoins non malades, l'étude démontre qu'il n'y a pas de surrisque lié à la présence de vignes. « La simple présence de vignes à moins de 1 000 m de l'adresse de résidence ne semble pas en soi être un facteur de risque de leucémie », explique Stéphanie Goujon, chercheuse à l'Inserm et dernière autrice de l'étude.
Par contre, il existe un lien avec la densité des parcelles. Les scientifiques ont observé une association entre le risque de développer une leucémie de type lymphoblastique et l'étendue de la surface couverte par les vignes. « Ce risque augmente de façon modérée en fonction de la surface couverte par les vignes : en moyenne, pour chaque augmentation de 10 % de la part couverte par les vignes dans le périmètre de 1 000 mètres, le risque de leucémie lymphoblastique augmente de près de 10 % », explique Stéphanie Goujon.
Cette augmentation modérée du risque de leucémie incite les chercheurs à poursuivre leurs travaux. « Nous avons ici commencé par la viticulture, qui est une culture pérenne plus clairement identifiable que des cultures soumises à des rotations, par exemple, et qui fait l'objet de nombreux traitements phytosanitaires. Les analyses concernant les autres cultures sont en cours, de même que les analyses d'autres types de cancers. En parallèle, nous travaillons sur l'évaluation des expositions aux différents pesticides utilisés sur ces cultures. C'est un travail long, complexe, qui repose sur plusieurs collaborations », conclut Stéphanie Goujon.