Le recyclage des stylos injectables jetables va pouvoir débuter. Le danois Novo Nordisk a reçu, fin 2022, le feu vert du ministère de la Transition écologique et de celui de la Santé pour débuter la collecte et le recyclage des stylos jetables usagés des patients. L'entreprise explique qu'il a fallu deux ans de travail pour aboutir à un protocole qui garantisse une bonne prise en compte des risques environnementaux et sanitaires. Pour l'instant, l'initiative est lancée dans le Centre-Val-de-Loire, dans les Hauts-de-France, en Île-de-France et en Normandie, pour cinq ans.
Le programme a été retenu par France Expérimentation, le dispositif public destiné à lever les freins juridiques entravant la réalisation de projets économiques innovants. En cas de succès, l'expérimentation du Danois pourrait aboutir à une évolution législative qui permettrait de pérenniser le dispositif. Surtout, cette expérimentation ouvre de nouvelles perspectives pour les acteurs porteurs d'innovations similaires qui souhaitent développer le recyclage de certains déchets médicaux.
Des déchets obligatoirement incinérés
Jusqu'à présent, le programme de recyclage Returpen développé par Novo Nordisk était expérimenté au Brésil, au Danemark et au Royaume-Uni. En France, l'entreprise distribue 25 millions de stylos injectables utilisés par un million de patients traités pour un diabète, une obésité ou encore un trouble de la croissance. À l'échelle mondiale, le nombre d'unités vendues par l'entreprise atteint 600 millions, ce qui représente plus de 12 000 tonnes de plastique.
Pour être lancé, le projet a surtout dû contourner une difficulté règlementaire. Après utilisation, les stylos injectables concernés par l'expérimentation sont considérés comme des médicaments non utilisés (MNU). Le code de la santé impose donc leur destruction par incinération. La mise en œuvre de cette obligation est assurée par Cyclamed, l'éco-organisme de la filière de responsabilité élargie des producteurs (REP) de médicaments.
Éliminer les résidus biologiques
Un décret, publié en septembre 2022, a d'abord octroyé une dérogation temporaire qui autorise le lancement de l'expérimentation de recyclage. Ce texte fixe deux grandes conditions : il interdit la réutilisation de la matière composant les stylos pour la fabrication de nouveaux dispositifs médicaux et il exclut le recyclage les aiguilles.
Ce premier pas a été complété par un
Autre point d'attention : l'expérimentation doit prendre en compte le risque de présence d'aiguilles d'injection résiduelles. Il s'agit notamment de prévoir une procédure de tri garantissant un traitement adapté de ces stylos qui présentent un risque infectieux.
Enfin, un suivi annuel complet de l'expérimentation doit être remis au ministère.
Le recyclage réalisé au Danemark
Un second arrêté a officiellement validé le dossier déposé par Novo Nordisk.
Concrètement, le dispositif prévu par l'entreprise est le suivant : les aiguilles amovibles continuent à être collectées en pharmacies par le biais des boîtes de tri mis à disposition par Dastri, l'éco-organisme de la filière REP couvrant les dispositifs médicaux perforants des patients en autotraitement (Dasri) ; le corps des stylos est placé dans une enveloppe prévue à cet effet qui est soit rapportée en pharmacie (et collectée par un grossiste), soit directement envoyée dans un centre de regroupement.
Une fois regroupés, les stylos collectés sont envoyés au Danemark pour y être recyclés. L'entreprise explique avoir noué un partenariat avec une entreprise de design pour recycler les stylos en mobilier. Cent-vingt stylos sont nécessaires pour produire une chaise, explique l'entreprise.