La Fédération des entreprises du recyclage (Federec) demande à l'État de suspendre le déploiement des nouvelles filières de responsabilité élargie du producteur (REP) le temps d'effectuer une évaluation du dispositif. « Nous ne sommes pas prêts à les mettre en œuvre », prévient François Excoffier, rappelant que les adhérents de Federec sont essentiellement des PME. Et le président de la fédération d'expliquer que les recycleurs ne s'opposent pas à la REP en elle-même, mais regrettent l'application « d'un modèle théorique » qui ne tient pas compte de leur activité. Pour ces raisons, François Excoffier juge qu'il est temps d'évaluer un dispositif qui pèse aujourd'hui 7 milliards d'euros par an, soit 100 euros par Français.
Bien sûr, la mise en œuvre laborieuse de la REP produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment (PMCB) est pointée du doigt. Federec n'a d'ailleurs pas hésité à attaquer devant le Conseil d'État l'agrément de Valdelia qui, selon la fédération, fait une concurrence déloyale aux recycleurs et abuse d'une position dominante.
Les filières VHU et DEIC inquiètent
C'est d'abord le lancement imminent de la filière véhicules hors d'usage (VHU) qui inquiète les professionnels. Les centres VHU craignent une remise en cause de leur modèle d'activité avec l'arrivée de constructeurs qui ne cachent pas vouloir lancer des systèmes individuels. D'autant que les grand groupes automobiles souhaitent sourcer le plus en amont possible la matière pour répondre à leurs objectifs d'incorporation et d'écoconception.
La filière déchets d'emballages industriels et commerciaux (DEIC) est aussi dans la ligne de mire de Federec. Un chiffre permet de comprendre leur crainte : avec la nouvelle filière, ce sont 65 % des emballages cartons qui basculeront dans le giron du ou des futurs éco-organismes. Au total, 80 % de l'activité des recycleurs de papiers et cartons seront couverts par la REP.
En revanche, Federec est satisfait de certaines filières qui font progresser les volumes traités par ses adhérents. C'est le cas des filières textiles, linges et chaussures (TLC) et équipements électriques et électroniques (EEE) qui sont présentées comme deux exemples de bonne mise en œuvre de la REP.