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La méthanisation dans l'ère de l'optimisation (2/4) : fuites, odeurs et camions… des nuisances du passé ?

Survenu en août 2020, l'incident de l'unité de méthanisation Kastellin a entraîné le renforcement des obligations de la filière. À tel point qu'aujourd'hui, la réglementation impose une solution technique à chaque risque ou nuisance possible.

TECHNIQUE  |  Energie  |    |  F. Gouty
La méthanisation dans l'ère de l'optimisation (2/4) : fuites, odeurs et camions… des nuisances du passé ?
Environnement & Technique N°389
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°389
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Entre les fuites de gaz et de digestat, les mauvaises odeurs et le ballet des camions transportant fumiers et lisiers, les nuisances liées à la méthanisation – dont la perception extérieure excède souvent la véritable existence – constituent autant de défis que relèvent aujourd'hui les exploitants.

L'un des principaux points de bascule en la matière est intervenu dans la nuit du 17 au 18 août 2020. Cette nuit-là, 400 m3 de digestats issus de l'unité de méthanisation industrielle Kastellin d'Engie Bioz se déversent accidentellement jusque dans l'Aulne, à Châteaulin (Finistère), privant 41 communes d'eau potable pendant plusieurs jours. Cet incident, dû principalement au dysfonctionnement de plusieurs systèmes automatisés de l'installation, a cristallisé les écueils de la méthanisation et entraîné un véritable renforcement des obligations réglementaires et techniques. Tant et si bien que la filière, certes contrainte et forcée, semble aujourd'hui s'être affranchie de tous ses défauts.

Une nouvelle palette de contraintes techniques pour limiter les risques

“ La conception des sites a atteint un niveau industriel ; tout est fait pour éviter les fuites ” Frédéric Flipo, cofondateur du groupe Evergaz
Le 30 juin 2021, trois arrêtés ministériels ont apporté plusieurs évolutions pour toutes les installations de méthanisation classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Ces unités, qu'elles soient nouvelles ou existantes, doivent désormais se doter d'une double peau en géomembrane pour couvrir leurs stockages de digestat en lagune. Tels des châteaux forts du Moyen Âge, les digesteurs doivent également présenter des zones de rétention surmontées de murets en béton. « De telle sorte que leur capacité de rétention soit égale au volume de la plus grosse cuve », rappelle Mathieu Larroque, exploitant d'une unité en cogénération dans le Tarn-et-Garonne. L'étanchéité sous les cuves et tout autour, au niveau des zones de prélèvement des digestats et de stockage en silo des effluents d'élevage, doit elle aussi être garantie. Enfin, toujours dans l'optique de mieux prévenir les fuites, chaque digesteur doit être équipé d'une sonde (ou poire) de niveau ainsi que d'une autre de secours.

« Aujourd'hui, la conception des sites a atteint un niveau industriel, assure Frédéric Flipo, cofondateur du groupe Evergaz, qui comprend 26 unités de méthanisation en France, en Belgique et en Allemagne. Tout est fait pour éviter les fuites. » Des écueils demeurent cependant : comme l'incident Kastellin l'a montré, l'automatisation des sites n'est pas toujours gage de sécurité. « Les systèmes automatisés des pompes assurant la vidange des bassins d'orage ne distinguent pas l'eau de pluie du digestat, ce qui peut générer une évacuation accidentelle de matières organiques non détectées. Chez Evergaz, nous avons décidé de réaliser des contrôles systématiques préalablement à chaque vidange. »

En outre, la multiplication de ces critères de sécurité représente une contrainte économique supplémentaire pour bon nombre de petits exploitants. « Installer une double peau pour le stockage du digestat – c'est-à-dire, enlever le digestat existant, nettoyer la lagune, retravailler le terrassement et la tuyauterie avant de recouvrir le tout – demande non seulement du temps aux exploitants, mais aussi des investissements difficiles à avaler dans les conditions économiques actuelles », signale Grégory Lannou, directeur de l'association Biogaz Vallée.

Contre les odeurs, réglementation et bon sens paysan

La gestion des nuisances est, elle aussi, soumise à de nombreuses obligations qui conduisent maintenant à soulager la filière. « La plupart des gens qui viennent visiter notre site sont désormais surpris de l'absence d'une quelconque odeur », affirme Mathieu Larroque. « Il s'agit simplement de combiner le respect de la réglementation avec du bon sens paysan », résume Hugo Kech, chargé d'études biogaz pour l'Association des initiatives locales pour l'énergie et l'environnement (Aile), qui conseille les exploitants et porteurs de projet en régions Bretagne et Pays de la Loire.

Pour limiter les odeurs, la réglementation impose aux exploitants de couvrir les stockages extérieurs de fumier et de lisier et d'accompagner les stockages intérieurs d'un dispositif de traitement de l'air. Ce dispositif comprend généralement un système de ventilation combiné à un « biofiltre », une cartouche rechargeable constituée de broyats d'écorce filtrant les odeurs. Les règles ICPE restreignent le choix géographique des sites en fonction de leur taille et de leur distance avec les riverains : 100 à 200 mètres. « Le tout est de positionner son installation du mieux possible à l'abri des vents, pointe Hugo Kech. Et les unités à la ferme sont d'autant moins odorantes qu'elles traitent et valorisent directement leurs lisiers ou fumiers sur place, sans nécessité de transport d'intrants frais extérieurs. »

Quant aux critiques liées justement au trafic routier engendré par cette activité, la filière contre-argumente. « Auparavant, une exploitation générait des fumiers et les épandait aux champs. Aujourd'hui, elle peut apporter ses fumiers à une unité de méthanisation, puis les rendre au sol. Pour une petite installation, cela représente un transport de 30 tonnes par jour, deux allers-retours par jour ouvré. Autrement dit, même en rase campagne, cela constitue une infime partie du trafic », explique Hugo Kech. D'autant que pour limiter les risques, le recours à un camion-citerne est obligatoire pour transporter la plupart des intrants.

Enfin, s'agissant de l'épandage des digestats en bout de cycle, une réponse semble là encore avoir été trouvée. « Le digestat épandu doit désormais être soit déposé à ras des plantes, soit enfoui pour limiter sa volatilisation mais également la perte de l'azote minéral dont se nourrissent les plantes », souligne Frédéric Flipo. Qui plus est, le bon sens paysan prime toujours. « Il faut épandre sur un sol peu humide, en absence de vent et pendant une période de faible ensoleillement pour limiter les risques de pollution des sols, de l'air, mais également les odeurs », conseille Hugo Kech.

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