Les industriels de la chimie installés dans le sud de la France "payent leur gaz trois fois plus cher que les entreprises installées dans le nord", a alerté le 7 mars l'Union des industries chimiques (UIC) dans un communiqué. "Très gros consommateurs" de gaz, ils sont menacés à court terme "d'arrêt de production par la forte augmentation du prix du gaz qui s'ensuit", préviennent les chimistes.
L'UIC met en cause la mise aux enchères anticipées de capacités de transport nord-sud, lancée le 3 mars par la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) pour les quatre années à venir. Les chimistes jugent cette solution "inefficace" et estime que ces enchères "contribuent à une accélération de la distorsion nord-sud au lieu de la réduire".
Défaut d'approvisionnement en GNL
La CRE a pris cette mesure dans un contexte d'importations massives de gaz naturel liquéfié (GNL) du Japon depuis la catastrophe de Fukushima en 2011 et l'arrêt de la production nucléaire du pays. Conséquences, selon l'UIC : l'Europe, et en particulier la France, "n'est plus desservie correctement en GNL : 50% de baisse depuis 2011 dans ses terminaux de Montoir et de Fos", expliquent les chimistes. La zone sud est donc aujourd'hui "approvisionnée très majoritairement par le réseau venant du nord qui n'a pas été conçu pour cela et il est donc à présent congestionné en permanence. En outre, la saturation désormais durable des exports vers l'Espagne n'a fait qu'empirer la situation", ont-ils ajouté.
Depuis le dernier trimestre, les opérateurs sont venus disputer aux industriels consommateurs "les rares capacités disponibles", indique l'UIC qui pointe "une surcharge de coût durable de 20% pour les industriels" au sud de la France. Les industriels "n'ont pas d'autre choix que de suivre les enchères pour essayer d'obtenir quelques droits de passage supplémentaires, au-delà des 50% déjà acquis en ce qui concerne les gazo-intensifs", indique-t-elle.
Evoquant une "crise aiguë", l'UIC réclame au gouvernement trois mesures "d'urgence". Elle demande la création au 1er octobre 2014 d'une zone tarifaire "unique en France" fusionnant les zones tarifaires nord et sud. Elle exhorte également la prise du décret en Conseil d'Etat, d'ici le 1er juillet 2014, instaurant l'obligation transitoire, pour les obligés de service public de gaz jusqu'à fin 2018, d'importer physiquement dans les terminaux français les quantités de GNL "nécessaires au rééquilibrage physique du marché sud France". Enfin, l'UIC demande le "lancement immédiat" des travaux de construction des nouveaux gazoducs Val de Saône et Gascogne-Midi pour une mise en service fin 2018.