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Gouvernement Attal : le retour annoncé de l'Énergie à Bercy inquiète les ONG écologistes

Bruno Le Maire devrait prendre la main sur la politique énergétique française. Couplée au recul protocolaire du portefeuille de la Transition écologique, cette décision inquiète les ONG écologistes qui y voient un retour quinze ans en arrière.

Gouvernance  |    |  P. Collet
Gouvernement Attal : le retour annoncé de l'Énergie à Bercy inquiète les ONG écologistes
Actu-Environnement le Mensuel N°443
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°443
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Le Gouvernement est désormais connu. Le président de la République, Emmanuel Macron et son nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, ont retenu quinze membres : douze ministres et trois ministres délégués. En matière d'environnement, le Premier ministre conserve la planification écologique et énergétique et Christophe Béchu reste ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. De même, s'agissant des portefeuilles connexes, Bruno Le Maire conserve le ministère de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique et Marc Fesneau celui de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Les secrétaires d'État ne sont pas encore nommés.

Quasiment quinze ans à Roquelaure

Parmi les points les plus discutés, figure le départ d'Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique depuis mai 2022. Parallèlement, l'entourage de Bruno Le Maire a expliqué au Figaro (1) que le ministre de l'Économie « absorbe, dans le décret d'attribution à paraître, le ministère de l'Énergie qu'occupait précédemment Agnès Pannier-Runacher ». Cette annonce, si elle est confirmée, marque « la fin du "super ministère de l'Écologie" [puisque] le ministère de la Transition énergétique est supprimé et son administration devrait être rattachée au ministre de l'Économie », analyse l'avocat Arnaud Gossement (2) . Les décrets d'attributions devraient préciser quel ministère est chargé des questions climatiques, notamment de l'adaptation et des négociations internationales.

En l'occurrence, le retour de l'administration chargée de l'énergie dans le giron de Bercy marque un retour à l'avant-2008. Cette année-là, en mars, à l'occasion d'un remaniment du gouvernement « Fillon 2 », Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie depuis juin 2007, obtient seul le pilotage de la politique énergétique qui, depuis mai 2007 faisait l'objet d'une compétence partagée avec Bercy. Depuis quinze ans, en dehors de la parenthèse « Fillon 3 » (de novembre 2010 à mai 2012) et la nomination d'Éric Besson au ministère de l'Industrie et de l'Énergie, Roquelaure a toujours conservé les compétences en matière d'énergie.

Un dossier écartelé entre deux ministères

“ Le climat ne sera pas la priorité de ce nouveau gouvernement ” Greenpeace
Pour Greenpeace, cette évolution est un « scandaleux retour en arrière ». L'association considère qu'il s'agit d'« une nouvelle illustration que la politique énergétique des gouvernements d'Emmanuel Macron se résume à une obsession de la relance du nucléaire, quoi qu'il en coûte ». D'ailleurs, note l'ONG, Bruno Le Maire « s'est (…) illustré en pesant de tout son poids en faveur du dernier fiasco de la filière nucléaire, le marché financièrement à très haut risque des deux EPR d'Hinkley Point [au Royaume-Uni] ».

Le WWF critique lui aussi le rattachement de l'énergie au ministère de l'Économie, qui constitue « un recul de quinze ans ». Et d'interroger : « Comment le Premier ministre pourra-t-il encore prétendre être en charge de la planification écologique et de la planification énergétique alors que ces deux portefeuilles seront à nouveau écartelés entre des ministères et des intérêts opposés ? » L'ONG juge cela d'autant plus « inquiétant » que la décision est prise alors que doit être bouclée la stratégie énergie-climat française (un point aussi mentionné par Greenpeace).

Avant-dernier rang ministériel

Parmi les autres éléments marquants de ce nouveau gouvernement, figure le recul du ministère de la Transition écologique, qui passe du sixième au onzième et avant-dernier rang ministériel. « Christophe Béchu est relégué au fond de la classe », raille Agir pour l'environnement, qui voit dans le recul du ministre dans l'ordre protocolaire les traces de « la polémique sur les "dévendeurs" ». Quant au WWF, il « prend note du maintien de Christophe Béchu, gage de stabilité », même si « sa relégation à l'avant-dernier rang des ministres [l']interpelle ». Pour Greenpeace, le symbole est clair : « Le climat ne sera pas la priorité de ce nouveau gouvernement. »

Bien sûr, Matignon conserve la planification écologique, ce qui tend à remettre au premier plan les questions environnementales. Mais, cela « ne fait guère illusion et c'est bien à une relégation des questions écologiques à laquelle nous assistons avec ce gouvernement », estime Agir pour l'environnement. Greenpeace note d'ailleurs que « Gabriel Attal (…) n'a même pas eu un mot pour l'écologie lors de son premier discours en tant que chef du gouvernement ».

Marc Fesneau reste à l'Agriculture

Côté agriculture, la FNSEA adresse « ses félicitations à Marc Fesneau, reconduit dans ses fonctions » et « [salue] le maintien de l'intitulé "souveraineté alimentaire" ». « La FNSEA a entendu la volonté du Premier ministre de poser les conditions permettant à la France de "reprendre [son] destin en main" et engage Marc Fesneau à faire sienne cette ambition pour le secteur agricole. » À l'inverse, Agir pour l'environnement déplore que « le ministre du glyphosate, des néonicotinoïdes et des OGM, Marc Fesneau, connaît une promotion protocolaire, passant du neuvième au sixième rang ».

Enfin, la démission du gouvernement Borne en début de semaine marque aussi la fin des fonctions de deux ministres délégués et de trois secrétaires d'État rattachés à Christophe Béchu : Patrice Vergriete, ministre délégué chargé du Logement ; Dominique Faure, ministre délégué chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité (aussi rattaché au ministre de l'Intérieur et des Outre-mer) ; Hervé Berville, secrétaire d'État chargé de la Mer ; Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d'État chargée de la Ville ; Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Biodiversité.

1. Accéder à l'article du Figaro
https://www.lefigaro.fr/politique/bruno-le-maire-j-ai-encore-plus-d-energie-et-d-enthousiasme-qu-au-premier-jour-20240111
2. Accéder au blog d'Arnaud Gossement
https://blog.gossement-avocats.com/blog/environnement/gouvernement-les-nouvelles-places-de-l-ecologie-et-du-climat-dans-l-appareil-d-etat-decret-du-11-janvier-2024-relatif-a-la-composition-du-gouvernement

Réactions9 réactions à cet article

Dans tous les cas de figures, il est très clair que l'indispensable transition écologique de la société n'a pas grand chose de bon à attendre de la macronie. C'est juste que le fait est désormais parfaitement limpide, depuis que les écrans de fumée ont été dissipés...

Pégase | 12 janvier 2024 à 21h21 Signaler un contenu inapproprié

Cette reprise en main est salutaire après les errements "escrologiques" de ces dix dernières années qui ont englouti des dizaines de milliards en pure perte.
Le vent tourne (pas les éoliennes) et les gouvernements mondiaux commencent à prendre conscience de l'Imposture climatique. Mais la route sera encore bien longue.

glaudius92 | 15 janvier 2024 à 11h16 Signaler un contenu inapproprié

Pourquoi tant de haine glaudius92 ? Il y a quelque temps, j'ai vu un dessin tristement humoristique qui montrait une râpe à fromage en action contre la Terre, le "râpé" tombant en billets de banque... A quand un décret déclarant que le réchauffement climatique est terminé ? Ou tenez, un autre pour interdire aux déchets nucléaires d'être radioactifs ?
La méthode Coué ne suffira pas à mettre au pas la planète dans un jeu ou qui perd gagne et qui gagne perd...

JMLESU | 15 janvier 2024 à 13h55 Signaler un contenu inapproprié

La destruction de l'appareil de production d'électricité était bien engagée. Dommage.

Albatros | 15 janvier 2024 à 16h26 Signaler un contenu inapproprié

Sans contester d'aucune façon le réchauffement climatique, force est de constater que les écologistes sont totalement à coté de la plaque.
Vouloir interdire le gaz alors que des centaines de milliers de km d conduites alimentent plus de 6 millions de logements pour favoriser les pompes à chaleurs, c'est une folie dangereuse. En effet :
1 les pompes à chaleurs air air seules possibles dans les immeubles sont une hérésie voire une arnaque.
2 ces PAC doivent être obligatoirement installée dans des logements bien isolés dans lesquels la consommation de gaz serait donc mineure.
3 Le réseau électrique et la production n'existe pas pour alimenter ces dizaines de millions de futurs PAC. (On est déjà obligé de mettre en route les centrales charbon et gaz à l’heure actuelle avec un hiver ultra doux.)
4 comment allons nous alimenter en même temps que les Pac les véhicules électriques qui deviennent obligatoire dans les villes dirigées par les écolos?

Le ministère de l'écologie nous a montré ce dont il est capable, c'est à dire pas grand chose. Ha si, obliger nos paysan à devenir propre tout en continuant à importer des produits sales venant d'ailleurs; Interdire les industries polluantes tout en faisant construire ailleurs sur la planète .
Essayons autre chose de plus réaliste.

ouragan | 15 janvier 2024 à 19h13 Signaler un contenu inapproprié

Merci ouragan, vous êtes une lueur dans l'obscurantisme écologiste ambiant.

Albatros | 16 janvier 2024 à 09h30 Signaler un contenu inapproprié

Il n'y a aucune haine dans mes propos. Seulement une vision réaliste des choses face à l'Utopie énergétique à laquelle aucun esprit cartésien ne peut adhérer. Ouragan illustre à propos la réalité que j'évoque et je l'en remercie. Un ingénieur français a le devoir de dénoncer les errements invraisemblables auxquels on assiste. Des solutions technologiques raisonnables, incluant le nucléaire, existent pour assurer un avenir radieux à l'humanité. Cessons de gaspiller des centaines de milliards dans des impasses désastreuses. Sauvons l'homme, la planète suivra !

glaudius92 | 17 janvier 2024 à 19h04 Signaler un contenu inapproprié

Euh, "escrologique" ? En voilà une argumentation puissante ! La France est par excellence le pays du "je sais mieux que tout le monde". Or, les prévisions de production d'énergie de l'Agence Internationale de l'Energie à l'échelle mondiale en 2050 montrent que le nucléaire devrait représenter environ 7%, pas 50 et encore moins 80. Surtout, c'est une certaine vision de notre pays qui est sous-tendue avec le tout nucléaire qui fait son grand retour aujourd'hui : hypercentralisation en contradiction totale avec les enjeux, stratégiques notamment car, on le voit bien avec la guerre en Ukraine, les centrales sont un vrai souci de sécurité, à la fois énergétique et de défense. Un système énergétique très décentralisé permettrait de faire face en cas de situation extrême. Rien ne permet d'affirmer que nous n'y serons pas confrontés d'ici la fin de ce siècle. Ce qui est le plus contestable dans cette politique unimodale, c'est bien le manque de réflexion qui y préside et cette espèce de tentation de la solution miracle dont, encore une fois, nous avons le secret.

JMLESU | 18 janvier 2024 à 11h15 Signaler un contenu inapproprié

"Un ingénieur français a le devoir de dénoncer les errements invraisemblables auxquels on assiste. Des solutions technologiques raisonnables, incluant le nucléaire, existent pour assurer un avenir radieux à l'humanité."
Puisque le nucléaire entre pour glaudius92 dans la catégorie des "technologies raisonnables", donc l'EPR de Flamanville (vendu aux parlementaires en 2002 comme devant être raccordé au réseau en 2012 - toujours par un watt de produit à ce jour - et que son coût à été multiplié par 6, soit + 17 milliards d'euro) + les 100 milliards du grand carénage des centrales déjà existantes.

Pégase | 18 janvier 2024 à 14h59 Signaler un contenu inapproprié

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