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Droit de l'immobilier : un droit émergent dans le sillage du Grenelle

La loi Grenelle II, promulguée en juillet dernier, instaure une myriade de mesures qui accélèrent l’émergence d’un nouveau droit de l’immobilier, selon les juristes rassemblés aux Assises du droit de l’immobilier, à Paris, le 18 novembre.

Bâtiment  |    |  A. Sinaï
   
Droit de l'immobilier : un droit émergent dans le sillage du Grenelle
   

Qu'il s'agisse des collectivités locales, des particuliers, des bailleurs de surfaces commerciales ou des industriels du photovoltaïque, le Grenelle imprime sa marque dans tous les contrats et détermine de nouvelles pratiques juridiques, parfois encore peu définies.

Dans le domaine des ventes, l'environnement apparaît dans le classement énergétique des biens immobiliers : toutes les annonces devront être assorties d'un diagnostic de performance énergétique (DPE) à compter du 1er janvier 2011. Le gouvernement a voulu que la qualité thermique d'un bien devienne un élément de valorisation, afin d'encourager les propriétaires à se doter d'équipements d'isolation, voire d'énergies renouvelables.

Pour Sylvain Coopman, délégué général de la chambre des diagnostiqueurs auprès de la FNAIM, ce nouvel enjeu financier pour le vendeur risque d'amener "une pression supplémentaire sur les diagnostiqueurs. Il faudra se prémunir des diagnostics de complaisance". Etant donné qu'un acte pourra être déclaré nul en cas d'absence d'affichage énergétique, les diagnostiqueurs vont avoir un rôle crucial. Leur appréciation déterminera en partie le prix d'un logement. La question des limites de leur responsabilité est également posée : ils sont soumis à l'obligation d'informer. Même s'ils ne sont pas responsables de vices cachés, ils sont tenus de les déceler, comme l'amiante dans un bâtiment.

D'autant que les DPE ne relèvent pas d'une science exacte et d'une doctrine inscrite dans le marbre. Leur périmètre est susceptible d'évoluer en fonction des éléments des futures réglementations thermiques. Au cœur des transactions, les notaires voient évoluer le droit. C'est ainsi que Maître Bruno Vié constate que l'épaisseur des actes de vente a été multipliée par dix en dix ans. Après la surface, le DPE va selon lui devenir un deuxième critère de choix des logements. Le rôle d'information du notaire vis-à-vis de son client sera d'autant plus nécessaire que le droit se complexifie.

Création juridique continue

La fiscalité verte détermine elle aussi un droit émergent. Eco-prêts à taux zéro, encours verts de LDD (livrets développement durable) finançant les crédits d'impôt, PTZ (prêt à taux zéro) et PTZ+ font apparaître un nouvel environnement juridique et mettent autour de la table des compétences diverses, mixant banquiers, professionnels du bâtiment, experts et collectivités locales. "Le problème va tourner autour de la garantie liée à ces prêts, qui va solliciter une forte évolution juridique", analyse Arnaud Berger, responsable développement durable du groupe Banque populaire BPCE. Que se passera-t-il si un bâtiment basse consommation (BBC) est livré avec des dysfonctionnements et ne satisfait pas aux critères ? Quel tiers financeur couvrira l'éventuelle annulation de prêts bonifiés ?

La fiscalité verte sert aussi à raboter certaines niches fiscales. Exemple : à partir de 2011, l'investissement locatif Sellier est verdi, mais le crédit d'impôt est réduit de 15 à 10%. En revanche, précise le notaire Xavier Lièvre, il est majoré de 10 points pour les acquisitions et constructions de logements qui répondent aux critères BBC. De même les crédits d'impôts sur les intérêts d'emprunt payés au titre d'investissement sur la résidence principale sont progressivement rabotés sauf si l'investissement est vert. Ils seraient remplacés par les PTZ+, qui, à la différence des prêts à taux zéro, ne relèvent pas d'un critère social.

"Avant chacun travaillait dans son coin. Aujourd'hui, les intervenants doivent se mettre en phase : promoteurs, notaires, banquiers, juristes", constate Maître Lièvre. Dans un environnement complexe et exigeant, mais encore flou et changeant, le notaire agit de plus en plus comme un conseil. "Dans ce marché émergent, les fonds de garantie pallieront le manque de responsabilité civile des intervenants", poursuit le notaire.

Nouveaux dialogues

Les baux verts commerciaux pour les surfaces de plus de 2.000 m2 suscitent encore bien des questions. L'obligation d'annexe environnementale à ces baux de grandes surfaces commerciales entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2012. Cette annexe engage le preneur à suivre ses consommations d'énergie et de fluides, à supprimer les éclairages halogènes, à respecter les températures de confort, été comme hiver, à employer des matériaux d'aménagement éco-certifiés lors des travaux d'aménagement. Toutes les parties prenantes s'engagent à communiquer dans le cadre d'une concertation environnementale.

En 2009, le groupe Unibail-Rodamco a pu réduire ses consommations de 23.000 MWh en anticipant ces baux verts. "Reste à concevoir des DPE spécifiques pour le commerce, et à laisser le bailleur effectuer des travaux dans des locaux loués", précise Christophe Garot, responsable développement durable d'Unibail Rodamco. Le preneur devra accepter une certaine ingérence : contrôle des matériaux et des équipements, des niveaux d'éclairage et de la maintenance. Reste aussi à savoir qui va payer les mesures préconisées et qui va bénéficier des économies réalisées, dans un contexte encore flou, où l'annexe environnementale ne préconise pas d'objectif chiffré de réduction des consommations d'énergie.

L'émergence de la production photovoltaïque en France, qui devrait passer des 600 mégawatts crête (MWc) actuels à 5400 MWc en 2020 soulève des questions juridiques autour du foncier attribué sur des domaines publics aux opérateurs de fermes solaires. Le Grenelle 2 a introduit dans le Code de l'environnement une disposition permettant à une autorité administrative de désigner d'intérêt général un ouvrage photovoltaïque. Les baux emphytéotiques (1) ou les conventions d'occupation devront donc être conclus pour l'accomplissement d'une mission de service public ou d'intérêt général.

Reste aussi à intégrer les panneaux solaires en toitures au régime de garantie décennale. Les assureurs s'y préparent, en élaborant de nouveaux systèmes de garanties de risques chantiers et de performances, assure Jean-Baptiste Crocombette, agent général chez AXA. Eléments importants de sécurisation du marché, ces nouveaux produits sont en cours d'élaboration, et sont très attendus par la filière photovoltaïque.

1. Le Bail emphytéotique ou emphytéose est un bail immobilier de très longue durée, le plus souvent 99 ans mais pouvant atteindre 999 ans dans certains pays, qui confère au preneur un droit réel sur la chose donnée à bail, à charge pour lui d'améliorer le fonds en échange d'un loyer modique, les améliorations bénéficiant au bailleur en fin de bail sans que ce dernier ait à indemniser l'emphytéote.

Réactions6 réactions à cet article

C'est sûrement pour tout cela qu'à La Réunion, ou les supermarchés, gros consommateurs (climatisation des locaux, entrepôts frigorifiques, glacières ...) ont investi dans les panneaux photovoltaîques pour assurer leur consommation électrique (posés sur les parkings en remplacement des arbres ...), ces même supermarchés l'ont aujourd'hui dans le baba puisque la part de financement de l'Etat dans ces travaux est supprimée (d'autres supermarchés auraient pu suivre, ils ne le feront pas). Les sourcs d'énergie de cette île perdue au milieud e l'océan Indien (750000 habitants) sont le pétrole et le charbon d'Afrique du Sud et un peu la bagasse de canne à sucre et l'néergie éelctrique que le privé revend à EDF.

Rose-May | 25 novembre 2010 à 02h25 Signaler un contenu inapproprié

"Maître Bruno Vié constate que l'épaisseur des actes de vente a été multipliée par dix en dix ans"
C'est un bon résumé de l'évolution de notre société. Le phénomène est général. Ce sont les résultats que l' on attend. Cette façon de légiférer tout azimuth ne fait que souligner la toute puissance d' administrations diverses auxquelles il n' est jamais demandé de comptes. Bien dommage, cela. A quand un "classement de Shangai" pour classer leur efficacité?

Onésime | 25 novembre 2010 à 10h32 Signaler un contenu inapproprié

Le classement de Shangai est une merdouille dont même ses créateurs rigolent. Il n'y qu'une presse médiocre pour le ressortir chaque année, comme un "marronnier" destiné à vendre de la feuille sans s se fatiguer.

Quand aux administrations, tranquillisez-vous, Onézime, vous aurez ce que vous appelez de vos voeux : bientôt il n'y en aura plus et vous paierez pour des "services" bidons à des boites qui ne rendront aucun compte non plus.

Il suffit de voir les banksters, qui crament notre pognon sans risque comme le crise de 2008 l'a démontré et qui recommencent encore en ce moment pour abattre l'Europe (c'est qu'il y ont pris gout, ces canaillous, au hold up sur les états .....).

Rose-May | 29 novembre 2010 à 05h01 Signaler un contenu inapproprié

@ Rose-May

Multiplier les règlements de plus en plus contraignant n' est pas une preuve d'efficacité. Et étant donné que les "décideurs politiques" s' appuient sur des idioties comme le "classement de Shangai" pour justifier leur choix et leurs orientations, il serait intéressant d' avoir un tel classement pour ces "générateurs de lois", ne serait-ce que pour que le "bon peuple" auquel j'appartiens voit comment nos dirigeants petits et grands apparaissent à des yeux différents des siens. En ce qui me concerne, inutile, car de par ma profession, le classement est déjà fait.
Et une suggestion: lisez ou relisez UBU ROI, les dernières pages, celles ou le Père Ubu donne des ordres aux marins. C'est tout-à-fait actuel.
Et puis, Onésime ne prend pas de z, voyons!

Onésime | 30 novembre 2010 à 10h53 Signaler un contenu inapproprié

La vérité est que la chaîne de fabrication des lois manque cruellement de bons juristes et que la société s'américanise et adopte des manière d'exprimer la loi qui s'éloignent de la clarté et de l'élégance du Code civil, voulu en son temps par des rédacteurs qui savaient manier le concept et la rédaction. On a maintenant des rédactions législatives lourdaudes et bien pensantes, peu efficaces, venues de planètes coloniales qui ne savent ni écrire ni penser (les USA, ce n'est que ça, et Hollywood ne parvient même pas à le dissimuler .....) et que la justice française sciemment appauvrie et amputée n'est plus en mesure de mettre en oeuvre. Ce n'est même pas une question de tout puissance de l'administration, mais plutôt d'un recul sévère du juridique et de la culture juridique dans la société (les élus n'ont souvent pas la moindre idée sur la question et pourtant, il écrivent la loi, créant des textes contradictoires et inapplicables ....).

PS. Onézime s'écrit avec un "z" .... à La Réunion : c'est un prénom et un nom de famille répandu :).

Rose-May | 01 décembre 2010 à 03h35 Signaler un contenu inapproprié

@ Rose-May

Ce que vous écrivez me semble plutôt exact, en particulier pour ce qui est de l' adoption d'un prétendu modèle américain, lequel montre actuellement ce qu'il est vraiment. Mais j' ajouterais que la soumission (obligatoire) du citoyen de base à des lois aussi inadaptées qu'ineptes dans bon nombre de cas précis est une façon d' asseoir la domination du groupe de ceux qui les génèrent sur le reste de la population qui a l'obligation de les suivre, procédé plus souple, plus "démocratique", que la force vive, laquelle force vive pouvant d'ailleurs être requise à n' importe quel moment si la "douceur" ne suffit pas. Nous avons en France un corps de professionnels de la politique, et le politicien a malheureusement pris la place du politique.

Onésime | 01 décembre 2010 à 10h46 Signaler un contenu inapproprié

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