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L'incorporation de plastique recyclé progresse trop lentement

Les industries utilisatrices de plastique sont sur le point de prendre des engagements volontaires en faveur du recyclage. Les recycleurs accueillent positivement cette avancée mais la jugent insuffisante.

Déchets  |    |  P. Collet
L'incorporation de plastique recyclé progresse trop lentement

La préparation de la Feuille de route pour l'économie circulaire (Frec) a donné lieu à d'intenses discussions sur le recyclage des plastiques. L'objectif de 100% de recyclage à l'horizon 2025 affiché par le gouvernement a évolué. Pour l'instant, la Frec ne contient que les grands thèmes de la stratégie gouvernementale. Il s'agit maintenant de la mettre en œuvre et de négocier les détails, insistent les professionnels du secteur qui attendent des mesures concrètes.

Une direction qui reste inaccessible

Emanuel Macron avait lancé le mot d'ordre lors de la campagne présidentielle : la France doit atteindre 100% de recyclage des plastiques en 2025. Nicolas Hulot avait ensuite repris l'objectif et Edouard Philippe l'avait évoqué dans son discours de politique générale. Depuis, le secteur était en ébullition : que faut-il comprendre par "100% de recyclage" ? Quelle place laisse-t-il à la valorisation énergétique ? Les échanges préalables à la feuille de route "ont permis une meilleure compréhension de l'objectif", explique Jean Martin, le délégué général de la Fédération de la plasturgie et des composites. Dorénavant, il s'agit de "tendre vers" le recyclage de l'ensemble des plastiques en 2025, précise la Frec. L'intervention de Brune Poirson en clôture du congrès de la Fédération nationale des activités de dépollution et de l'environnement (Fnade) confirme qu'il s'agit bien d'une tendance et non d'un objectif ferme.

Cette nouvelle formulation est plus en accord avec ce qui est réalisable, se satisfont les professionnels du secteur. "Le 100% recyclage est une vision", défend Guy Castelan, de la fédération européenne des producteurs de plastique (PlasticsEurope), précisant qu'il s'agit "de l'étoile polaire qui donne la direction, mais reste inaccessible". L'atteinte des 100% est d'autant plus difficile que la France part de loin : le taux de collecte des bouteilles plastique n'est que de 55%, un chiffre "médiocre", concèdent les pouvoirs publics. Il s'agit pourtant de l'emballage plastique le mieux collecté.

Le recyclage pour redorer l'image des plastiques

Cette évolution se concrétisera-t-elle par un nouvel objectif chiffré qui distingue recyclage et valorisation énergétique ? Non, expliquent les acteurs du secteur. PlasticsEurope propose d'atteindre un taux de réutilisation et de recyclage des emballages plastique de 60% en 2030. Le syndicat français de la plasturgie "veut aller plus loin" en matière de recyclage, mais il ne s'avance pas à donner un chiffre précis. Aujourd'hui, les professionnels du plastique ont conscience que l'image de leur produit est dégradée par les déchets plastiques qui envahissent les océans. Alors que l'Union européenne envisage d'interdire l'usage de cinq produits jetables en plastique, ils perçoivent le recyclage comme une opportunité pour inverser la tendance. Ils espèrent notamment pouvoir mettre en avant le bilan carbone positif de l'opération.

Pour améliorer la situation, la Frec mise d'abord sur la collecte. Pour l'instant, "les taux de collecte plafonnent", déplore le gouvernement, précisant que seulement "20% des emballages plastiques sont effectivement recyclés, quand la moyenne européenne est de 30%". Avec la feuille de route, il veut "créer les conditions d'une collecte proche de 100%". Pour cela, il propose d'étendre aux emballages professionnels le champ de la responsabilité élargie du producteur (REP) pour les emballages, d'harmoniser les consignes de tri, de déployer la redevance incitative, ou encore de réduire de 50% les quantités de déchets non dangereux mis en décharge en 2025 (plus d'un million de tonnes de plastique sont encore enfouies chaque année).

Automobile et bâtiment avancent lentement

Ensuite, les pouvoirs publics comptent surtout sur l'incorporation de plastiques issus du recyclage. Des groupes de travail réunissent les fournisseurs de plastique, les fabricants de produits, les metteurs sur le marché et les gestionnaires de déchets, sous l'égide du ministère de l'Economie et du ministère de la Transition écologique. L'objectif est d'élaborer des engagements de volumes d'intégration de plastique recyclé par résine (polystyrène, polyéthylène, polypropylène, polychlorure de vinyle) et pour quatre secteurs (emballage, bâtiment, automobile, et équipements électroniques et électriques). Faute de progrès dans les deux prochaines années, le gouvernement menace de prendre des mesures règlementaires.

Ces travaux viennent de s'achever et les résultats devraient être présentés début juillet. Objectif : incorporer 700.000 tonnes de plastique recyclé en 2025, contre environ 350.000 tonnes actuellement. L'incorporation de plastique recyclé dans les emballages semble être le chantier le plus simple. Les volumes et les plastiques utilisés sont bien connus et des entreprises ont déjà pris des engagements. La bouteille plastique est aujourd'hui présentée comme un idéal pour l'incorporation de matière recyclée. Mais ce modèle n'est pas transposable à tous les produits et toutes les résines. Dans le bâtiment, il est possible d'utiliser du plastique recyclé (notamment pour certains profilés de fenêtres), mais cela nécessite d'investir dans de nouvelles machines. En effet, pour des raisons d'esthétique, l'usage du plastique recyclé n'est possible que pour les parties masquées. Même constat pour l'automobile : Renault a déjà réalisé la part la plus facile du travail en incorporant du plastique recyclé dans certaines pièces de couleur noire, mais "il n'y a pas de solution pour les pièces beige", explique Fabrice Abraham. Surtout, "Renault ne paye jamais plus cher pour du plastique recyclé", avertit le représentant de la marque au losange.

Finalement les recycleurs accueillent favorablement les futurs engagements volontaire, mais les jugent insuffisants, explique Jean-Marc Boursier, qui vient de quitter la présidence de la Fnade. L'incorporation progresse lentement, regrette-t-il, défendant des objectifs plus ambitieux : 10% de plastique recyclé en 2020 et 25% en 2025 (soit environ le double des engagements volontaires).

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