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L'Union européenne intensifie la lutte contre le trafic d'espèces sauvages

Face à l'ampleur du trafic d'espèces sauvages protégées, l'Union européenne se mobilise. Dans une tribune exclusive pour Actu-environnement, Karmenu Vella, Commissaire chargé de l'environnement, des affaires maritimes et de la pêche, détaille le plan d'action européen.

Publié le 02/03/2016

Au cours des dernières années, le monde a connu une forte progression de la criminalité liée aux espèces sauvages. Son spectacle consternant s'est hélas invité dans notre quotidien : rhinocéros se vidant de leur sang après avoir été abattus pour leurs cornes, requins chassés pour leurs ailerons, oiseaux et reptiles introduits en contrebande et gardés en captivité dans des conditions effroyables.

Seul un renforcement du partenariat entre les pays d'origine, les pays de transit et les pays destinataires, mais aussi entre les organisations régionales, permettra de combattre cette activité criminelle au niveau mondial. C'est pourquoi la Commission européenne a lancé un plan d'action de l'UE contre le trafic d'espèces sauvages. Il s'agit d'un projet ambitieux visant à lutter contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Nous ne ménagerons aucun effort pour réduire le nombre de spécimens d'espèces sauvages introduits illégalement dans l'UE, et nous nous battrons pour démanteler les réseaux criminels mondiaux qui tirent profit du trafic d'espèces sauvages. Le plan s'articule autour de trois grands axes : répression renforcée, meilleure coopération et prévention plus efficace.

Le trafic d'espèces sauvages est devenu l'une des activités criminelles organisées les plus lucratives au monde, avec des revenus qui, selon les estimations, se situeraient entre 8 et 20 milliards d'euros par an. Les dernières années ont été marquées par une forte hausse de la demande mondiale de ces produits, et le trafic des espèces sauvages a pris une ampleur telle qu'il met à présent en péril la survie de certaines espèces comptant parmi les plus emblématiques au monde.

La coopération renforcée entre les agences prévue par le plan permettra d'améliorer l'efficacité des contrôles et de la répression dans les affaires revêtant une dimension transfrontière. Deux agences de l'UE, Europol et Eurojust, joueront un rôle décisif en facilitant la coopération entre les Etats membres, les équipes d'enquête et les opérations conjointes régulières dans le cadre des évaluations communes des menaces.

Les aéroports de l'UE sont utilisés comme points de transit pour les objets introduits illégalement, tels que l'ivoire ou les cornes de rhinocéros. On a en effet retrouvé dans l'UE de l'ivoire acheminé en contrebande vers des acheteurs asiatiques, dissimulé dans des horloges en bois. Des écailles de pangolin en provenance du Nigeria et en partance pour le Laos ont été saisies lors de leur transit en France. Des hippocampes morts expédiés du Pérou vers Hong Kong ont été retrouvés dans des colis transitant par des aéroports allemands.

Ces exemples illustrent l'ampleur mondiale du problème. Nous devons également agir dans les domaines pour lesquels l'Union est le lieu d'origine des espèces faisant l'objet du trafic. Des anguilles européennes menacées d'extinction sont exportées clandestinement vers l'Asie, où elles sont vendues à prix d'or. En Europe, il existe des réseaux spécialisés dans le trafic d'oiseaux vivants.

Conformément au programme européen en matière de sécurité, la Commission procédera à une évaluation de la législation de l'UE dans le domaine de la criminalité environnementale, y compris celle liée aux espèces sauvages, afin de déterminer si elle est adaptée à sa finalité. Nous collaborerons avec des experts en matière de criminalité organisée, de cybercriminalité et de blanchiment de capitaux.

Nous nous attacherons également à contrôler la mise en œuvre des règles de l'UE relatives à l'importation des trophées de chasse, qui doivent être d'origine légale et durable. Nous nouerons un dialogue avec les secteurs d'activité qui pratiquent le commerce des espèces sauvages, utilisent des produits issus d'espèces sauvages, ou encore fournissent des services aux intervenants de ce commerce.

Outre ses effets dévastateurs sur la biodiversité, le trafic d'espèces sauvages a également des répercussions plus vastes encore. En effet, il encourage la corruption, fait des victimes humaines et prive les communautés des pays les plus démunis de revenus dont elles ont pourtant cruellement besoin. Il constitue une menace pour la sécurité en Afrique centrale, où il contribue au financement des activités des milices et des groupes terroristes. Le trafic d'espèces sauvages présente d'autant plus d'attrait pour les criminels que le risque de se faire prendre est faible et les sanctions souvent négligeables.

Des efforts ont déjà été entrepris par le passé pour lutter contre ce phénomène, comme l'adoption de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites), qui en est un élément indispensable. Ces efforts ne sont toutefois pas suffisants.

Renforcer la répression de la criminalité liée aux espèces sauvages dans l'Union

Bien que les règles en matière de commerce des espèces sauvages actuellement en vigueur au niveau de l'UE et au niveau international semblent suffisantes sur le papier, de fortes disparités sont observées entre les Etats membres de l'Union pour ce qui est de leur mise en œuvre et du contrôle de leur application. L'existence de ces disparités a de graves conséquences, dans la mesure où les groupes criminels organisés tirent parti des failles existant dans les différents Etats membres et modifient en conséquence les routes commerciales qu'ils empruntent.

Il existe des précédents encourageants, comme l'opération COBRA III, menée en deux étapes entre mars et mai 2015 avec la participation des équipes et agences répressives de 62 pays d'Europe, d'Afrique, d'Asie et d'Amérique. Europol a apporté son concours au volet européen de l'opération en coordonnant les activités des autorités policières, douanières, forestières et d'autres services répressifs des 25 Etats membres participants. Cette opération a abouti à la saisie en Europe de 11.439 spécimens, vivants et morts, près de 2.000 parties et produits, et plus de 6 tonnes de bois, plantes et parties d'animaux.

Constituer une alliance mondiale et s'attaquer aux causes profondes du trafic d'espèces sauvages

L'Union européenne mobilisera toute la panoplie d'instruments dont elle dispose en matière de diplomatie, de commerce et de coopération au développement pour faire en sorte que la question du trafic des espèces sauvages continue à figurer au nombre des grandes priorités mondiales. Nous maintiendrons un engagement politique fort dans les enceintes et accords internationaux. La conférence des parties à la Cites, qui se tiendra en septembre 2016 à Johannesbourg (Afrique du Sud), fournira une occasion unique d'aller de l'avant en s'appuyant sur notre plan d'action.

Dans le cadre de cette coopération au développement, l'Europe a consacré, au cours des 30 dernières années, plus de 500 millions d'euros à la conservation des espèces sauvages en Afrique, dont quelque 160 millions d'euros pour les projets en cours. Le plan d'action mettra tout particulièrement l'accent sur les liens qui existent dans certaines régions entre le trafic d'espèces sauvages et la sécurité.

Il n'est pas trop tard pour éviter la disparition de ces espèces irremplaçables. Luttons ensemble contre ces crimes et préservons la flore et la faune sauvages de notre planète pour les générations à venir !

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