Si l'eau potable n'est pas la plus grande contributrice de l'apport alimentaire en nitrates (entre 20 et 25 %), l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail ( Anses) appelle néanmoins, dans un avis (1) , à réduire cette exposition (2) .
L'agence pointe, en effet, une association entre l'exposition aux nitrates et le risque de cancer colorectal, que cette exposition se réalise via la consommation d'eau de boisson ou celle de viande transformée. Elle appelle également à améliorer les connaissances concernant les autres risques. « Le nombre d'études est insuffisant pour confirmer ou infirmer l'association entre l'exposition aux nitrates via la consommation d'eau de boisson et le risque de cancer des reins, de la vessie, du sein et des ovaires ainsi que les cancers pédiatriques », indique-t-elle.
D'un point de vue réglementaire, dans les eaux distribuées par le réseau, la limite de qualité est fixée à 50 mg/L de nitrates. Une dérogation (3) temporaire pour l'utilisation de l'eau est toutefois possible pour des teneurs comprises en 50 et 100 mg/L.
« Pour les populations desservies par des UDI (unité de distribution d'eau destinée à la consommation humaine, ndlr) distribuant une eau dont la concentration en nitrates est supérieure à cette limite de qualité, le niveau d'exposition via les EDCH (eaux destinées à la consommation humaine, ndlr) distribuées est plus de trois fois supérieur à celui du reste de la population, a constaté l'Anses. Pour ces populations, l'EDCH distribuée contribue à plus de 47 % à l'exposition alimentaire totale. » L'Anses travaille actuellement sur cette question après une saisine du ministère chargé de la Santé.
L'Anses recommande toutefois, d'ores et déjà, d'évaluer, à la lumière des nouvelles données épidémiologiques et toxicologiques, la pertinence de la limite de qualité de 50 mg/L.
La présence de nitrates dans l'eau est liée à des processus naturels (par minéralisation de la matière organique), mais également aux activités agricoles (par l'épandage de fertilisants minéraux ou d'effluents d'élevage) comme à des rejets d'origine urbaine ou industrielle.
En revanche, l''eau ne contribuant que très peu à l'exposition aux nitrites, l'Anses estime qu'elle ne constitue pas un levier d'action pour réduire l'exposition totale aux nitrites.