L'Autorité environnementale (Ae) a rendu, le 29 août, son avis sévère sur l'étude d'impact (1) du projet de parc éolien en mer de Dieppe-Le Tréport, situé dans la Manche. Son avis intervient après celui rendu en février dernier par l'Agence française pour la biodiversité (AFB). Celle-ci avait délivré un avis favorable avec réserve au projet. Le porteur du projet - la société Eoliennes en mer Dieppe-Le Tréport (EMDT) - avait en effet renforcé ses études d'impacts, après le vote défavorable au projet, le 20 octobre 2017, par le conseil de gestion du parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale.
L'Autorité environnementale s'est penchée sur trois dossiers distincts préparés par chaque maître d'ouvrage (EMDT, Réseau de transport d'électricité (RTE) et le syndicat mixte du port de Dieppe (SMPD)) complétés par une appréciation des impacts du programme de travaux. Elle constate des "insuffisances importantes" à différentes étapes. L'Ae estime que les impacts résiduels sont "jugés forts pour plusieurs espèces". Or, les dossiers ne proposent que des mesures de suivi ou d'accompagnement, "voire des « engagements », alors que seraient attendues des mesures d'évitement, de réduction ou de compensation complémentaires", pointe l'Autorité.
Plusieurs enjeux, effets ou impacts sont appréciés différemment selon les dossiers. "L'analyse des variantes est partielle ; les analyses et documents (impacts du programme, évaluation des incidences Natura 2000) qui ont vocation à tirer des conclusions d'ensemble sous-estiment systématiquement l'addition et l'interaction des effets entre eux et les cumuls d'impact", énumère-t-elle. En l'"état actuel", l'absence d'incidence "significative dommageable" du projet vis-à-vis des objectifs de conservation des sites Natura 2000 "ne peut être démontrée". Une analyse commune au parc et au raccordement, le cas échéant par modélisation, aurait également été "justifiée" pour certains impacts (turbidité et effets vis-à-vis des d'oiseaux notamment), ajoute l'Ae. Elle recommande par ailleurs de préciser l'analyse des risques naturels dans le dossier RTE, en particulier au niveau de la falaise de Penly.
Le projet fera l'objet d'une enquête publique, cet automne, et concernera notamment les communes riveraines de l'estuaire de la Somme. La mise en service du parc est prévue à partir de 2021.