C'est désormais certain : les petites voitures électriques Autolib' vont disparaître du paysage francilien. Ce jeudi 21 juin, les élus du Syndicat mixte Autolib' Vélib' Métropole (SAVM) ont voté la résiliation du contrat avec le groupe Bolloré. Celle-ci aura lieu au 25 juin 2018. Les élus des 103 communes où Autolib' est implanté refusent en effet de procéder au versement d'une compensation financière de 233 millions d'euros que demande Bolloré.
Cette somme, "abracadabrantesque" pour Anne Hidalgo, était censée éponger le déficit du service de voitures électriques en libre-service, lancé en décembre 2011. Selon un audit remis au SAVM en janvier 2017, et auquel Le Monde avait eu accès, le groupe Bolloré aurait établi "des prévisions trop optimistes en termes d'utilisation du service". Fin 2016, le service a subi une baisse de plus de 5% de ses abonnés, selon une étude du bureau de recherches 6-t. En effet, alors que le service Autolib' avait connu un démarrage satisfaisant, il a ensuite rencontré des difficultés qui ont eu raison de son succès : problèmes dans la gestion du parc de voitures, nombre de location insuffisant, concurrence, clients déçus… En 2018, ce sont pourtant 154.000 abonnés qui utilisaient Autolib', qui s'était principalement développée en banlieue ces dernières années.
Le coût de résiliation et le reclassement des salariés font encore débat
Alors que Bolloré chiffre à 300 millions d'euros le coût de la résiliation anticipée du contrat, la présidente du syndicat mixte, Catherine Baratti-Elbaz, prévoit de n'indemniser le groupe qu'à hauteur de "plusieurs dizaines de millions d'euros". Le directeur général du constructeur a annoncé que le groupe allait "continuer à se battre devant le tribunal administratif".
Autre sujet de débat entre les parties : le reclassement des 254 salariés. La SAVM estime que le groupe porte "l'entière responsabilité" de leur replacement. Pour Bolloré en revanche, c'est au syndicat de prendre en charge les salariés.
Concernant les dispositifs matériels, la mairie de Paris assure que les 3.244 places de parking Autolib' "seront dédiées aux conducteurs [possédant un] véhicule électrique" tout comme les bornes de recharge. Quant aux 4.000 voitures, le groupe ne sait pas encore ce qu'il va en faire.
Paris ne tourne pas le dos aux voitures en libre-service
Face à cet échec, la mairie de Paris ne souhaite pas renoncer aux services de locations de voitures en libre-service, bien au contraire. Communauto, Ubeeqo, Zipcar, ou encore Renault Mobility et Zencar : ces entreprises proposeraient déjà "plus de 600 véhicules" à Paris intramuros. "D'autres (…) vont déployer leurs flottes dans les prochains mois, pour porter l'offre parisienne d'autopartage à plusieurs milliers de véhicules" indique un communiqué de presse. La ville ajoute qu'"une charte [de bonnes pratiques] sera élaborée entre ces professionnels et la municipalité".