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Pollution de l'air : le Conseil d'État rejette un recours du collectif des maires antipesticides

Risques  |    |  L. Radisson
Droit de l'Environnement N°327
Cet article a été publié dans Droit de l'Environnement N°327
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Par une décision du 13 octobre 2023, le Conseil d'État a rejeté le recours du Collectif des maires antipesticides visant à contraindre l'État à prendre des mesures pour réglementer et protéger la population contre la pollution de l'air par les pesticides.

« Les requérants ne justifient (…) pas de l'existence d'une carence illégale de l'État à prendre des mesures utiles pour réglementer et protéger la population contre la pollution de l'air par les pesticides », juge la Haute Juridiction. Celle-ci relève en effet que les risques pour la santé humaine liés à cette pollution ne font l'objet d'aucune recommandation particulière des agences sanitaires et qu'il n'existe pas de référentiel fixant des objectifs à atteindre pour limiter la concentration des pesticides dans l'air.

Le Collectif des maires antipesticides, constitué en association en janvier 2020, soutenait les maires qui signaient des arrêtés antipesticides, à l'instar du premier édile de Langouët (Ille-et-Vilaine). Le Conseil d'État avait mis un coup d'arrêt à ce mouvement en janvier 2021 en déniant toute compétence aux maires pour réglementer les produits phytopharmaceutiques, cette compétence relevant exclusivement de l'État. Avec cette nouvelle décision, il ne donne pas davantage satisfaction aux maires lorsqu'ils entendent contraindre ce dernier à agir, du moins concernant la pollution atmosphérique.

Réactions12 réactions à cet article

Occasion cruellement manquée ! Il s'agit pourtant d'un sujet majeur de santé publique.
Le Conseil d’État, qui a rendu ces dernières années d'autres décisions très novatrices et progressistes en matière de protection de l'environnement et de la santé humaine, a donc encore quelques marges de progrès à accomplir dans sa compréhension des effets catastrophique de la pollution par les pesticides.

Pégase | 06 novembre 2023 à 13h47 Signaler un contenu inapproprié

Conseil d'Etat, "Ah...cruel": Le Magister Pégase taxe le Haut Conseil d'insuffisante "compréhension des effets catastrophiques de la pollution (de l'air?, ndlr) par les pesticides", excusez du peu!

Conseil d'Etat: Elève sérieux mais peut et doit mieux faire, selon notre cher maître d'école précité, surtout après son horrible camouflet rétrograde en "matière de protection de l'environnement et de la santé humaine". Mesdames et Messieurs les Hauts Magistrats, ça va pour cette fois mais ne recommencez pas, remettez vous en selle et servez nous, à l'avenir des décisions de nouveau "très novatrices et progressistes" (sic). Sinon, ce sera le bonnet d'âne et si vous persistiez, je serais au regret de redemander, comme jadis, la suppression du Conseil d'Etat.

Pourtant, le considérant 2. de la décision, consultable au tout début de l'article ci-dessus, est on ne peut plus clair et explicite et complet.

Bien à vous,

Euplectes

Euplectes | 07 novembre 2023 à 15h12 Signaler un contenu inapproprié

Il importe, ainsi qu'Euplectes le souligne, de s'intéresser aux motivations de la décision du CE. Le considérant 2 de celle-ci précise en effet "qu'il n'existe aucun référentiel fixant des objectifs à atteindre pour limiter la concentration des pesticides dans l'air", absence qui ne permet pas de "prendre des mesures utiles pour réglementer et protéger la population contre la pollution de l'air par les pesticides."
Il y a donc lieu de s'interroger sur cette absence de référentiel mais aussi sur les raisons de cette absence. Je me souviens pour ma part d'un président de chambre d'agriculture s'opposant formellement au financement par fonds publics via le syndicat mixte d'un Pays (dont il était lui-même élu es qualité de maire ; voyez comme le monde est bien fait !) de l'installation de capteurs d'aérosols de pesticides dans l'air. Un cas d'école de lobbying !
De là à penser qu'il y aussi quelques pesanteurs, parfaitement planifiées, dans la mise en œuvre d'un référentiel, il n'y a qu'un pas que je m'autorise allègrement à franchir !
Dans le cas présent, c'est très probablement d'abord dans cette absence de référentiel que réside la carence de l’État (parmi bien d'autres du reste dès lors qu'il s'agit d'agrobusiness...).

Pégase | 08 novembre 2023 à 10h38 Signaler un contenu inapproprié

Voyons, cher Pégase, vous et moi savons que la présence de pesticides dans l'air ambiant a été démontrée par de nombreuses études dans toutes les régions de France, rurales et urbaines. Mais les concentrations trouvées, exprimées ici en gramme de pesticides par mètre cube d'air, oscillent entre un dixième de nanogramme et quelques dizaines de nanogrammes par mètre cube (un nanogramme = un milliardième de gramme).

Sur le plan sanitaire, à l'exception des cas de circonstance énumérés au considérant 2. de la décision du Conseil d'Etat du 13 octobre 2023, ces infimes traces sont toutes infiniment inférieures aux valeurs limites au delà desquelles un risque sur la santé de l'homme et des animaux pourrait être attendu. C'est pourquoi, hormis ces cas de circonstance et j'insiste sur ce point, aucune recommandation sanitaire et règlementaire n'est établie, pour les valeurs maximales admissibles des concentrations de pesticides dans l'air ambiant.

La détection des molécules pesticides dans l'air est une chose et leur concentration en est une autre. Vous remarquerez, cher Pégase, que si beaucoup d'institutions de recherche mettent l'accent sur le nombre de molécules pesticides trouvées dans l'air ambiant, bien peu osent publier leurs résultats sur les "nanoscopiques" concentrations dans l'air de ces dites molécules qui, à ces doses, n'ont aucune incidence sur la santé. Voyez l'étude "AIRPARIF 2020: Pesticides dans l'air francilien - Nouveaux résultats".

Bien à vous,

Euplectes

Euplectes | 08 novembre 2023 à 16h21 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour à tous,
La décision me paraît bien motivé.
En quoi les maires seraient compétents dans une affaire de santé publique touchant aux produits chimiques ?
Mais l'autre question que personne ne pose, pourquoi les maires ont laisser se faire construire des lotissements en bordure de champs agricoles ? Après tout, l'usage des pesticides ne date pas d'hier !
J'ai des riverains dans mon village qui se sont plaints depuis leur carré de terrain bien muré et imperméabilisé....
Ca m'énerve. L'agriculteur a jeté l'éponge sous la pression.

Erikk | 08 novembre 2023 à 17h57 Signaler un contenu inapproprié

Voyons, cher Euplectes, vous et moi savons que certaines molécules de synthèse sont si toxiques (et c'est de plus en plus le cas) que la notion de dose létale DL50 n'a plus de sens, puisqu'ils sont "efficaces" à des concentrations "nanoscopiques" qu'on ne sait pas mesurer.
Par ailleurs, un grand connaisseur comme vous du domaine des pesticides n'ignore pas non plus l'effet cocktail des molécules de synthèse employées et de leurs métabolites de dégradation et/ou recombinaison (parfois bien plus toxiques que la molécule initiale elle-même).
L'article ci-dessus traite de la contamination de l'air par les pesticides. Mais la problématique des pesticides est globale puisqu'elle touche tous les éléments. Ainsi, de plus en plus de captages d'eau de consommation humaine sont en dépassement de seuils règlementaires et certains doivent être fermés pour cause de contamination aux pesticides et à leurs produits de dégradation.
Les coûts financiers, sanitaires et environnementaux des externalités économiques de l'emploi massif des pesticides agricoles (entre autres produits chimiques de synthèse), bien qu'encore très imparfaitement évalués, sont déjà prohibitifs et, à tous points de vue, insupportables. Je m'étonne que vous ne l'ayez pas encore remarqué.

Pégase | 09 novembre 2023 à 14h49 Signaler un contenu inapproprié

"pourquoi les maires ont laisser se faire construire des lotissements en bordure de champs agricoles ?" : peut-être bien, Erikk, parce que ce sont des agriculteurs qui ont eux-mêmes vendus les parcelles (au prix de la terre à bâtir, pas agricole, bien évidemment !). Il est même possible que certains agriculteurs soient aussi maires de leur commune, ou proches du maire...
Les retraites payées par la MSA sont si indigentes (et oui, elles sont calculées sur ce que l'on a déclaré durant sa période d'activité)...

Pégase | 09 novembre 2023 à 14h56 Signaler un contenu inapproprié

En effet Pégase, c'est bien l'agriculteur qui a vendu ses terres, après modification du PLU. Puis, il est adjoint au Maire....

Sinon, je réitère le fait que les humains n'ont jamais vécu aussi longtemps et en aussi bonne santé que les 100 dernières années.
Je repose également ma question rhétorique, "Que faites-vous si vous avez un cancer? Buvez-vous des jus de fruit, comme le défunt Steve Jobs ? Ou avez-vous recours aux produits de synthèse développés par la méchante industrie pharma ?!
Certaines pesticides sont nécessaires, et surtout les fongicides, car difficile à remplacer. Le problème se trouve dans leur utilisation.
Voulez-vous qu'on revienne au "bon vieux temps" quand l'alimentaire représentait 35% des dépenses des ménages? 1960 n'est pas si loin que ça.
Quelle était l'espérance de vie en 1960? Je n'ai pas cherché ce stat.

Erikk | 09 novembre 2023 à 15h46 Signaler un contenu inapproprié

De quel type de cancer parlez-vous, Erikk ? Car certains soient induits par les pesticides agricoles et sont mêmes reconnus comme maladies professionnelles (cette catégorisation a néanmoins été jusqu'alors refusée aux riverains de parcelles traitées...). Pas fameux pour l'espérance de vie, vous en conviendrez sans doute.
Pour répondre à votre question, on ne traite pas, à ma connaissance tout du moins, les cancers humains avec des molécules destinées à traiter les cultures, fort heureusement !
Plus sérieusement, il m'apparait que le nécessaire débat sur les pesticides gagnerait en qualité si on cessait de mettre sur le même plan l'usage des pesticides les plus problématiques avec celui des molécules médicamenteuses. On peut être un poil plus pertinent en s'évitant le piège grossier du "si tu es contre les pesticides très toxiques, alors c'est que tu es contre la médecine qui sauve les gens"... Il s'agit même là d'un non sens absolu.
Voyez aussi ce qui s'est passé avec les antibiotiques : leur usage a été massivement dévoyé dans les élevages industriels pour en faire des activateurs de croissance et, au final, on se retrouve désormais avec des phénomènes d'antibiorésistance qui compromettent gravement la lutte contre des bactéries pathogènes devenues résistantes aux antibiotiques. Pour tenter de réparer les irrémédiables dégâts causés à la santé humaine, il fallu en interdire l'usage.

Pégase | 09 novembre 2023 à 21h16 Signaler un contenu inapproprié

Cher Pégase,

Vous êtes impayable! Non content, dans votre réaction du 8 novembre ci-dessus, de dénaturer la lettre et le sens de la décision du Conseil d'Etat dont il est ici question (en lui faisant dire ce qu'elle n'a pas dit), voici que vous nous abreuvez de considérations toxicologiques encore plus stupéfiantes: Ce serait à croire que Pégase est encore moins toxicologue qu'Euplectes n'est une danseuse légère!

- "La DL 50 n'a plus de sens", dites vous; s'il s'agit de la dose d'un produit toxique qui entraîne la mort de 50% d'individus dans une population donnée d'animaux de laboratoire, pendant un temps donné, dans une expérience donnée, vous vous trompez lourdement. Chaque fois qu'il faut tester le degré de toxicité d'une nouvelle substance (de provenance naturelle ou synthétique), on lance l'étude de sa propre DL 50 et de sa Concentration létale s'il est mélangé ou dissous.
Détrompez vous donc, cher Pégase, la détermination d'une DL 50 pour chaque nouvelle molécule pesticide conserve tout son sens et sa pertinence.

- Contrairement à vos dires, on sait très bien mesurer des concentrations de l'ordre du milliardième de gramme (= nanogramme) par mètre cube d'air, et je ne connais pas de molécule pesticide dont la concentration dans l'air ambiant dépasserait quelques dizaines de nanogrammes/m3, hormis dans les cas de circonstances énumérés au considérant 2. de la décision du Conseil d'Etat susmentionnée (voir l'étude AIRPARIF déjà citée).

(...)

Euplectes | 10 novembre 2023 à 15h27 Signaler un contenu inapproprié

(...)

- L'effet cocktail né de la somme des différentes molécules trouvées ensemble dans l'échantillon d'air est calculé en fonction des degrés de toxicité de chaque molécule présente, des consignes sanitaires et normes réglementaires existent, qu'il s'agisse des molécules mères et/ou de leurs produits de dégradation, elles sont publiées et doivent être respectées.
De façon générale, les produits de dégradation sont moins toxiques que les molécules mères.

- Pour le reste de votre exposé, hormis les aspects économiques et politiques pour lesquels je me déclare incompétent, j'émets de sérieux doutes sur vos affirmations que "de plus en plus de captages d'eaux destinées à la consommation humaine sont en dépassement des seuils réglementaires et certains doivent être fermés pour cause de contamination aux pesticides et à leurs produits de dégradation": Je crois savoir que ces captages ne peuvent être fermés qu'en cas de risque de dépassement (ou de dépassement) des seuils sanitaires, ce qui ne dispense pas le gestionnaire de mettre tout en oeuvre pour que les seuils réglementaires soient à nouveau respectés.

Cher Pégase, j'espère que vous ne me tiendrez pas rigueur pour cette critique et je souhaite que ce débat se poursuive. Pour l'heure et pour les raisons qui précèdent, j'ai du mal à extraire de ma tête cette saillie d'un orateur romain: "Oh, dogmes! Oh, idéologies! Combien d'extravagances sont elles verbalisées en vos noms?

Bien à vous,

Euplecte

Euplectes | 10 novembre 2023 à 16h09 Signaler un contenu inapproprié

Je suis contre le système agricole moderne qui pousse au rendements et à toujours plus de technologie et d'intrants.
Mais je suis d'accord avec Euplectes.
Les agriculteurs qui ont développé des maladies suite à l'exposition aux produits chimiques n'ont nullement respecté les consignes de sécurité, car en général ils ne respectent aucune consigne de sécurité!
Ma femme est fille d'agriculteur, et son frère l'est toujours.
Le masque, les gants, etc. n'existent pas. Jusqu'à récemment, il enterrait les emballages phyto dans un champs. Le père a été tué dans un accident agricole, le grand-père aussi.
Les expositions importantes ont toujours eu lieu bêtement.
Ces produits sont testés, etc. non seulement aux USA, mais également en Europe.
J'ai l'impression que nous confondons plusieurs sujets, et que nos biais de conclusion nous aveuglent.
Par exemple, Pégase, j'imagine que vous êtes contre toute utilisation de produit chimique dans l'agriculture ?

Erikk | 10 novembre 2023 à 16h32 Signaler un contenu inapproprié

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