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Actu-Environnement

François Fillon promet un plan d'action pour lutter contre les algues vertes

Suite à l'étude conduite par l'Ineris cette semaine, le premier ministre François Fillon a annoncé un plan d'action pour lutter contre la prolifération des algues vertes en Bretagne responsables d'émanations toxiques lors de leur décomposition.

Eau  |    |  F. Roussel
Après la mort d'un cheval et le sauvetage in extremis de son cavalier il y a quelques semaines sur une plage des Côtes-d'Armor, la polémique fait rage autour des algues vertes. Comme chaque année, dès que la température de l'eau augmente, les algues naturellement présentes dans l'eau de mer se multiplient sur les côtes bretonnes et viennent s'échouer sur plusieurs plages où elles se décomposent. Outre des nuisances olfactives et des coûts de ramassage pour la collectivité, ces algues sont à l'origine d'émanations de gaz et notamment d'hydrogène sulfuré (H2S), un gaz toxique et mortel à forte dose.

Une étude de l'Ineris réalisée cette semaine à la demande du Ministère du Développement durable dans la baie de Saint-Michel en Grève où a eu lien la mort du cheval, a confirmé la présence des gaz issus de la décomposition des algues. Les résultats varient d'un endroit à un autre en fonction de l'état de décomposition mais l'Ineris signale avoir rarement rencontré des concentrations en H2S aussi élevé (jusqu'à 1.000 ppmv) et ce même en milieu industriel où il intervient principalement. L'Ineris conclu par conséquent que le gaz émis par les sédiments contenant des algues vertes en décomposition pouvait être dangereux et qu'il convenait d'en maîtriser les expositions surtout pour le personnel en charge du ramassage. Le principal composé mis en évidence, l'hydrogène sulfuré, est toxique par inhalation et à 1.000 ppmv il peut être mortel en quelques minutes, rappelle l'Ineris.

En visite sur place hier, le Premier ministre François Fillon a annoncé que l'Etat allait prendre à sa charge le nettoyage des plages les plus touchées. Le gouvernement s'apprête en outre à mettre en place une commission interministérielle qui, dans les trois mois qui viennent, doit bâtir un plan d'action pour lutter contre la prolifération des algues vertes et pour proposer des solutions de ramassages et de protection de la population. François Fillon a également annoncé que le ramassage en mer allait être expérimenté dès la fin de l'hiver pour éviter des proliférations comme celle de cet été.

Les pratiques agricoles pointées du doigt

Mais le discours du gouvernement a du mal à convaincre sachant que la problématique est connue depuis plusieurs dizaines d'années et fortement liée aux pratiques agricoles. Le développement des algues est en effet accentué par la présence d'éléments azotés dans les eaux due aux activités agricoles de la région. Le surplus d'éléments apportés aux cultures via les épandages d'effluents agricoles est lessivé et se retrouve dans les cours d'eau. En Bretagne, la situation est critique puisqu'elle remet régulièrement en cause l'alimentation en eau potable des populations pour cause de pollution aux nitrates et est à l'origine d'un contentieux avec l'Union européenne pour non-respect des directives.

Pour les associations de protection de l'environnement, le plan gouvernemental devra donc surtout s'attaquer à la problématique des pollutions agricoles : l'élevage hors-sol produit en Bretagne une quantité de déjections qui dépasse largement la capacité d'absorption du milieu naturel. Les expédients mis en œuvre sont inefficaces. La responsabilité du modèle agricole intensif est évidente, tant en matière d'élevage que de cultures, mais aussi, celle de l'industrie agro-alimentaire et de l'agro-business en général, explique Jean-Claude Bévillard, pilote du réseau agriculture de la fédération France Nature Environnement.

L'opposition dénonce de son côté le double langage du Premier ministre : contrairement aux déclarations de M. Fillon, rien n'est fait pour engager la mutation de l'agriculture bretonne vers un modèle durable et respectueux de l'environnement, estime le Parti Socialiste. En 2009, les services de l'Etat ont encore accordé des dizaines d'autorisations d'extension ou de création à des élevages intensifs, ajoute-t-il.

Depuis les premières menaces de la Commission européenne à ce sujet, la France a mis en place plusieurs plans d'action successifs visant à limiter les apports d'azote sur les bassins versants particulièrement touchés. Un quatrième plan d'action a d'ailleurs été signé par la préfecture des Côtes-d'Armor fin juillet malgré l'avis défavorable du Conseil général. Le département dénonce l'incohérence entre ce projet et le futur Schéma d'aménagement et de gestion des eaux du bassin Loire-Bretagne (SDAGE) applicable dès 2010 et regrette le raisonnement de l'Etat encore fondé sur l'échelle cantonale, alors que l'approche par bassin versant s'impose.

Le Conseil général constate que les agriculteurs costarmoricains ont fait d'importants efforts qui se traduisent par des améliorations de la qualité de l'eau mais estime qu'il faut aller plus loin encore sur les bassins versants les plus sensibles. Les concentrations en nitrates dans les rivières de Bretagne ont diminué de près de 20% depuis 1998 mais fluctuent toujours autour de 25 mg/L alors que pour éviter la prolifération d'algues il faudrait des taux aux alentours de 10 mg/L.

Réactions7 réactions à cet article

re-traitement

Ce gaz, le H2S, ne serait il pas interressant de le re-traiter ? cela amortirais les couts de ramassage.
Depuis 10 ans que cela existe, et sachant qu'il y en a encore pour 20 ans.
N'y a t'il pas un industriel interressé ?

sirhill | 21 août 2009 à 15h25 Signaler un contenu inapproprié
bio gaz

bonsoir
encore une commission pour enterrer les problèmes;ce n'est pas nouveau !!!
Il me semble que les Hollandais sont de très gros producteurs de porcs et de volailles,et sur un territoire bien plus petit;ont-ils des problèmes de marées vertes ? Non,je ne crois pas.Mais a contrario de nos agricuteurs la valorisation énergétique des lisiers est très poussée;et fabriquer du bio-gaz à partir de déchets !!!!
Une expérimentation a été faite en Dordogne sur un élevage de canards ou d'oies (+ 25000 bêtes),et a donné de très bon résultats.Elle devrait être élargie.Pourquoi pas un ramassage des lisiers par des camions roulants au bio-gaz ? Ou des aides ou réductions de charges pour l'instalation de biodigesteurs sur les sites? ....

kine | 27 août 2009 à 00h41 Signaler un contenu inapproprié
Peu de prévention

Bonjour,

en vacances en Côtes d'Armor, je me suis rendue à Hillion (lieu où l'accident cheval+cavalier a eu lieu) car sur la carte, c'est une zone de réserve naturelle, donc un endroit remarquable.
Je me suis rendue en bord de plages, les algues vertes avec le contraste des rochers, du ciel gris donnent un magnifique mélange de couleurs. Cependant, peu de prévention est faite. Il n'y a qu'un simple panneau sur le chemin descendant vers la plage indiquant que respirer les inhalations produites par la dégradation des algues peut avoir des effets nocifs sur la santé. Ca n'arrêtait pas les gens qui allaient ramasser des coquillages...
Ce n'est que quelques jours plus tard que j'ai appris dans les journaux les vrais risques que j'avais encouru...

Rose | 27 août 2009 à 10h47 Signaler un contenu inapproprié
je n'ai pas bien compris

oui, je n'ai pas bien compris, où on allait mettre les algues que l'on prévoit de ramasser ?

pierre | 27 août 2009 à 14h40 Signaler un contenu inapproprié
Re:bio gaz

Ce serait formidable en effet, mais malheureusement, je crains que ce soit toujours le même problème: ça coûte trop cher. Personne ne veut prendre à sa charge le traitement durable mais cher des déchets (ce qui nécessiterait d'impopulaires augmentations des taxes).

Umwelt | 30 août 2009 à 23h20 Signaler un contenu inapproprié
Ne peut-on pas profiter de ce phénomène ?

Il me semble que des projets pilotes utilisant des algues pour fabriquer des bio-carburants montrent des résultats intéressants. Le projet de ramasser les algues en pleine mer ne peut-il pas être une source d'approvisionnement pour développer cette nouvelle industrie à plus grande échelle ?

Ceci étant, une partie des bénéfices générés pourraient servir à mettre en place une filière de valorisation des déchets agricoles par la production de biogaz et/ou à amortir les coûts de ramassage de ces mortelles marées vertes...

Tom | 31 août 2009 à 15h36 Signaler un contenu inapproprié
aucun crabe!

Penser à notre asphyxie provoquée par ces algues nous ferait oublier que dessous y'avait de la vie.A part quelques coques solides face à cette pollution,les crabes ont majoritairement disparu des plages et criques!!!

kikaji | 20 septembre 2009 à 14h51 Signaler un contenu inapproprié

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