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Déchets en mer : tout reste à faire !

La pollution des mers par les macro déchets est difficile à évaluer. Détritus sur les plages, déchets flottants et décharges sous marines sont pourtant une réalité. Le Grenelle de la Mer devrait aboutir en mai à des recommandations sur ce sujet.

Déchets  |    |  S. Fabrégat
   
Déchets en mer : tout reste à faire !
© Doug Olson
   
On connaît le drame des marées noires. Mais une pollution plus insidieuse impacte depuis des années les milieux marins : les déchets. En effet, la mer a longtemps servi de poubelle mondiale (déchets en mer, épaves coulées, munitions immergées…), sans qu'aucune réglementation ne vienne encadrer ces pratiques. Le Grenelle de la Mer, initié en décembre 2008, a créé un groupe de travail dédié à cette problématique déchets. Parmi, les dossiers prioritaires, celui des macro déchets. C'est un problème sociétal, qui concerne tout le monde. Ce n'est pas une problématique locale, explique François Galgani, chercheur à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), qui participe au comité opérationnel Déchets. La partie la plus visible de cette pollution est constatée chaque année au travers des plages souillées et des campagnes de nettoyage. Mais ce problème est beaucoup plus vaste et surtout beaucoup plus complexe à résoudre. Si pour l'homme, cette pollution est avant tout visuelle, les grands organismes marins sont victimes d'étouffement à la suite d'ingestions. Les planctons seraient également impactés par la présence de micro déchets (micro plastiques, plastiques en décomposition…).

Une pollution encore mal évaluée

Si la pollution des macro déchets est souvent constatée le long du littoral, ce phénomène n'est pas seulement côtier. Les déchets sont transportés par les courants océaniques, et si certains terminent leur course sur les plages, d'autres s'accumulent à la surface des eaux, dans des zones où il y a peu de courant, ou dans les fonds marins.
L'Ifremer a étudié cette pollution dès 1992. De 1992 à 1998, près de trente campagnes océanographiques ont été effectuées, complétées par des observations par submersibles habités. Les résultats ont mis en évidence l'existence de zones d'accumulation près des côtes mais aussi en profondeur, jusqu'à 2.000 mètres de fond. Il y aurait ainsi selon les estimations, entre la surface et 200 m de profondeur, 150 millions de débris pour la mer du Nord, 50 millions pour le golfe de Gascogne, 175 millions pour le bassin nord-ouest de la Méditerranée et 300 millions pour l'ensemble du bassin et 40 millions pour la mer Adriatique. Des campagnes menées dans le cercle arctique ont montré que l'on y trouvait la même densité de déchets que dans la Manche, soit 0,5 déchets par hectare. Dans certains canyons méditerranéens, on trouve des densités très fortes : 1.500 débris à l'hectare soit l'équivalent de deux terrains de football. Les déchets se concentrent dans des zones de faible turbulence, au large, dans des canyons très profonds, où la dégradation est d'autant plus lente qu'il y a peu d'oxygène et de lumière, note François Galgani.
Concernant les déchets flottants, il n'existe que très peu d'évaluations. Les déchets flottants dans le golfe du Lion, zone la plus touchée, sont estimés à 5,5 millions, avec de plus fortes densités à proximité des grandes métropoles. Pour l'ensemble de la Méditerranée, il s'agit de près de 750 millions de détritus qui circuleraient au gré des courants et des vents. Si la dénomination d'îles de déchets semble excessive, il n'est pas rare de retrouver au large des océans, des étendues de déchets sur 30 à 40 mètres, d'une épaisseur de 3 à 4 mètres.

Une origine diffuse

Les plastiques constituent l'essentiel des macro déchets, de 60 à 95 % selon les sites. Produits en grande quantité, les déchets plastiques sont légers et très mobiles : vents et courants les déplacent constamment. La durée de vie de ces déchets est longue et relativise beaucoup le pouvoir de dégradation attribué à la mer.
La localisation de zones d'abondance, a permis aux chercheurs de l'Ifremer de montrer que les fleuves (à leur embouchure) et les agglomérations urbaines situées sur le littoral, les zones touristiques ainsi que les navires (navires de commerce et navires de pêche essentiellement) sont responsables de la plupart des apports pour les côtes françaises. Contrairement aux idées reçues, ces déchets proviennent essentiellement de terre et sont drainés, via les bassins versants, vers la mer. Les déchets collectés en mer et sur le littoral sont de provenances diverses : abandons sur le littoral, rejets dans les ports, décharges, activités domestiques, agricoles et industrielles, trafic maritime, résidus de matériel de pêche…

Les moyens de lutte

Si une convention internationale (MARPOL), initiée par l'Organisation maritime internationale (OMI), vise à réduire la pollution par les ordures des navires, en exigeant que les pays signataires acceptent de recevoir les déchets de tous les navires qui font escale dans leurs ports, l'origine diffuse des macro déchets rend la résolution de ce problème complexe.
Une autre initiative, visant à interdire la distribution de sacs plastique à l'horizon 2010, devrait permettre de réduire à la source cette pollution. Le bilan pour l'environnement de cette mesure est favorable. Petit à petit, les apports diminuent, constate François Galgani.
Le Grenelle de la Mer se penche également sur la question des déchets. Un groupe de travail, piloté par l'association Robin des bois et réunissant l'ensemble des parties prenantes, planche depuis décembre sur la problématique des macro déchets. L'objectif du groupe est la réduction de la pollution à la source, explique Jacky Bonnemains, membre de l'association. Sur chacune des sources, nous allons proposer des recommandations. Les travaux complets du groupe de travail seront restitués le 7 mai prochain.
Quid de la réparation de cette pollution ? Si techniquement le nettoyage des fonds est possible, cela coûte très cher. Concernant le littoral, des modes de nettoyage existent aujourd'hui mais ils sont souvent mécaniques, ce qui pose problème. Cela détruit un habitat, la laisse de mer1, et un milieu qui enrichit les dunes et freine l'érosion. L'impact du nettoyage mécanique est souvent négatif, analyse Jacky Bonnemains.

Notes

1 - La laisse de mer est l'accumulation par la mer de débris naturels (algues, bois flotté, coquillages, os de sèche, etc.)

Réactions5 réactions à cet article

agissons

a signer une petition contre les macro déchéts sur le site de surf rider foudation

lionel | 20 avril 2009 à 18h14 Signaler un contenu inapproprié
La Solution : POLMed macrodéchets

Enfin, une réponse d’envergure
contre les macrodéchets en Méditerranée !

Le projet POLMed
Plateforme Opérationnelle du Littoral Mediterranéen
Sur la thématique des macrodéchets

Avec le soutien de l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée et Corse (RMC), les ONGs pilotes, Surfrider Foundation Europe et CoLLecT-IF, se sont associées pour poursuivre et réaliser une étude de faisabilité sur la thématique des macrodéchets afin de construire les outils nécessaires à la conduite des plans d’actions adaptés et stratégiques, visant à réduire cette pollution.

En effet, les données concernant les quantités, catégories, circulations et origines des macrodéchets manquent encore à l’élaboration d’un programme de gestion concertée

Les missions principales sont :

° Réalisation d’une enquête de besoin auprès des acteurs locaux et institutionnels
° Définition d’indicateurs spécifiques, de produits cartographiques et d’une base de données macrodéchets.
° Étude de faisabilité sur la pertinence de l’utilisation du réseau de surveillance et d’une possible extension sur le littoral Français Méditerranéen

Avec le soutien et en partenariat
avec l’Agence de l’Eau - Rhône Méditerranée et Corse - (RMC)

CoLLecT-IF environnement
À l'initiative en France continentale de la démarche pour la suppression des sacs plastiques de caisses
Membre du Grenelle de l'environnment GT2 "Préserver la Biodiversité et les ressources naturelles"
Membre du COMOP 12 "Gestion intégrée des zones côtières"
Membre du COMOP "macrodéchets"

CoLLecT-IF environnement | 24 avril 2009 à 10h53 Signaler un contenu inapproprié
Ile aux déchets . . .

Une ile de déchets de la surface de 3 fois le Texas ! Principalement composée de plastiques, elle se situe au large de la Californie, appelée même le sixième continent ... Aucun État ne prendra la responsabilité du nettoyage ...cela se situe dans les eaux internationales ... Les animaux confondant les déchets avec de la nourriture, meurent étouffés.
Reportage passé sur France 3 dans l'émission Thalassa.

RIEN N'EST ÉPARGNÉ A NOTRE MÈRE NOURRICIÈRE, LA TERRE
N'oublions pas que nous n'en n'avons qu'une ...

Remifasol57 | 24 avril 2009 à 14h17 Signaler un contenu inapproprié
Calanques Propres 2009 Chaque geste compte !

Dans les Calanques, depuis 2005, ce sont 176 m3 de déchets qui ont été retirés. Il s’agit de 90 m3 sur les fonds marins constitués de pneus, ferrailles, emballages (verre, métal et plastique) abandonnés par les usagers des calanques à partir des ports et des côtes. À terre, ce sont 86 m3 de déchets abandonnés sur le sol. Il s’agit essentiellement d’emballages en verre, papier et plastique.

Pour les déchets flottants, ce sont entre 200 à 600 litres qui s’échouent quotidiennement par km de côte en été. Ces déchets sont constitués essentiellement d’emballages en plastique (80%). La plus grande partie provient des activités menées à Terre (70 à 92 %). Du fait de certains actes individuels ou de gestion mal appropriée par des personnes privées ou publiques ils débouchent dans le milieu marin, transportés par les cours d’eau, les réseaux pluviaux et les vents.
Des déchets observés sur le littoral peuvent ainsi venir de très loin dans les terres.

Les enjeux de la gestion des déchets, de l’entretien des rues et des réseaux pluviaux, la sensibilisation du Public sur l’ensemble du territoire prennent de ce fait un relief particulier. De même que la question de la répartition équitable des coûts qu’ils génèrent.
En effet, les communes littorales et insulaires se retrouvent à supporter une pollution qu’elles n’ont produite qu’en partie.

CoLLecT-IF environnement | 27 avril 2009 à 11h12 Signaler un contenu inapproprié
Et si les bateaux...

J'ai un vieux rêve... et si la flotte maritime gardait une partie de sa capacité afin de pouvoir collecter les déchets rencontrés et les déposer une fois arriver à bon port...
Et si elle obtenait une petite rémunération pour cet apport...
Et si leurs moteurs pouvaient fonctionner en brûlant ces déchets là...

Dans tous les cas, réduire le problème à la source équivaut à interdire toute substance susceptible de nuire à l'environnement... mais qui osera s'attaquer aux multinationales...
Le gouvernement français vient de recevoir 50 millions de la part de Total... et vous croyez vraiment que c'est juste pour se donner bonne conscience?!

lapislazulli | 28 avril 2009 à 12h07 Signaler un contenu inapproprié

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