Vers la création d'un fonds d'investissement international ?
300 parlementaires présents au Forum se sont par exemple réunis mercredi pour partager leurs positions sur l'impact des changements climatiques, l'accès à l'eau potable et à l'assainissement, les investissements, la géopolitique… Au terme du dialogue animé par Jean-François Le Grand, Sénateur de la Manche et représentant officiel de la France, les parlementaires ont établi leurs recommandations en la matière.
Ils appellent ainsi à la création d'une instance de régulation internationale : le Parlement Mondial de l'Eau (World Water Parliament) et d'un fonds d'investissement. Ce dernier serait alimenté par les budgets nationaux des pays développés à hauteur d'1 % du budget eau et destiné aux pays en voie de développement. En effet, bien que centrale à de nombreux secteurs, l'eau n'est qu'une question parmi d'autres pour ces pays. Résultat, le pourcentage du budget consacré par les gouvernements et l'aide publique à ce domaine ne représente que près de 5% du flux total de l'aide. La priorité doit être donnée à des investissements, publics comme privés, permettant la réalisation d'infrastructures durables, précisent les parlementaires.
Mais cette aide financière ne sera pas suffisante : les parlementaires considèrent en effet comme prioritaire d'établir des programmes de coopération dépassant la simple aide financière et incluant une aide technique des pays développés.
Les parlementaires conseillent par ailleurs d'encourager la décentralisation de la gestion de l'eau au niveau des autorités locales, d'affirmer le rôle des femmes dans la société civile afin qu'elles puissent s'impliquer dans la gestion des ressources en eau ou encore de mettre en place une législation reconnaissant le droit à l'eau et à l'assainissement. La France s'est voulue active sur ce dernier point. Elle a pour cela installé pendant le Forum un bureau d'aide pour les pays qui n'ont pas de législation sur l'eau afin d'apporter l'expertise française en la matière. Jean-François Le Grand, espère d'ailleurs rendre ce bureau permanent à l'issue du Forum.
L'ensemble de ces propositions sera présenté demain samedi 21 mars par Jean-François Le Grand aux membres des Gouvernements présents au Forum.
Une situation également préoccupante en Europe
Les pays en voie de développement ne sont pas les seuls touchés. Selon un rapport présenté cette semaine par l'Agence Européenne de l'Environnement (AEE), l'eau est aussi une préoccupation majeure en Europe. En matière d'eau, nous vivons au-dessus de nos moyens. La solution à court terme à la rareté de l'eau a consisté à extraire des volumes toujours plus importants de nos nappes de surface et souterraines. Cette surexploitation ne peut plus durer, a déclaré le professeur Jacqueline McGlade, directrice de l'AEE. À travers son rapport, l'Agence recommande par conséquent de faire passer nos priorités de gestion d'une augmentation de l'offre à une baisse de la demande. Pour cela, elle recommande de facturer l'eau sur la base des volumes utilisés pour tous les secteurs y compris l'agriculture, de limiter les cultures bioénergétiques, grandes consommatrices d'eau, dans les régions touchées par la pénurie d'eau ou encore de remédier aux fuites constatées dans les systèmes d'approvisionnement en eau qui dans certaines régions peuvent représenter 40 % de l'approvisionnement.
Reste à savoir désormais ce qu'il adviendra de ces propositions. Bilan dans trois ans au prochain Forum mondial de l'Eau qui pourrait se tenir en France, à Marseille.