Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

L'Ademe va allouer 600 millions d'euros sur quatre ans au développement de chaudières CSR

L'Ademe va relancer un appel à projets pour soutenir les projets de chaudières fonctionnant aux combustibles solides de récupération. Le budget devrait atteindre 600 millions d'euros sur quatre ans. Les critères de sélection seront aussi assouplis.

Déchets  |    |  P. Collet
L'Ademe va allouer 600 millions d'euros sur quatre ans au développement de chaudières CSR

Il faut développer le recours aux combustibles solides de récupération (CSR). C'est l'un des leitmotiv de la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l'environnement (Fnade) qui défend à chaque occasion possible cette énergie produite à partir de déchets non recyclables à haut pouvoir calorifique. Le potentiel énergétique des CSR serait de l'ordre de 8 à 10 térawattheures (TWh) par an à l'horizon 2030, selon la fédération. Aujourd'hui, ce message semble être entendu : la guerre en Ukraine a changé la donne économique et l'Agence de la transition écologique (Ademe) s'apprête à débloquer 600 millions d'euros (M€) entre 2024 et 2027, a annoncé, le 20 juin, Roland Marion, directeur économie circulaire à l'Ademe, lors du congrès de la Fnade. Mais le temps presse : pour profiter des soutiens, les projets devront être en service en 2028.

Retour des appels à projets à l'automne

Roland Marion a annoncé avoir reçu le feu vert de Bruxelles pour relancer un soutien aux installations CSR, bien qu'il explique avoir dû batailler. Inscrits dans les lignes directrices « énergie », les CSR ne figuraient pas parmi les priorités de l'exécutif européen. Jusqu'au déclenchement de la guerre en Ukraine. La Commission a finalement accepté la mise en place d'un soutien public dans le cadre des mesures prises pour faire face à la crise énergétique. Mais attention, les règles sont strictes : pour en bénéficier, les projets devront être validés avant 2025 et mis en service avant 2028. Il faut aussi respecter un taux d'au moins 50 % de matière biogénique dans les CSR.

Concrètement, l'Ademe devrait allouer 150 M€ par an, de 2024 à 2027. Le retour des appels à projets devrait se concrétiser « à l'automne ». Les règles de sélection des dossiers devraient aussi être assouplies. L'agence devrait revoir sa position et soutenir le volet « électricité » de la cogénération. Le soutien aux CSR produits à partir d'ordures ménagères résiduelles (OMR) est envisagé, mais le sujet « est encore en discussion », explique Roland Marion.

La cogénération devient éligible aux soutiens

Jusqu'à maintenant, deux sujets entravaient le développement des CSR. Le premier est la recherche d'un « puits de chaleur ». Développer une installation nécessite de trouver un industriel qui a besoin de chaleur tout au long de l'année. Une alternative serait de produire de l'électricité lorsque la demande en chaleur est faible, ce qui ouvrirait la voie à un raccordement à un réseau de chaleur urbain.

“ On ne parle pas beaucoup du défi logistique ” Natalia Orjuela, Veolia
Possible sur le papier, mais difficile dans les faits, tant les porteurs de projet jugent contraignante la règlementation : le rendement hivernal (de novembre à mars) doit être supérieur à 75 % (pour une alimentation du réseau en vapeur) ou supérieur à 80 % (pour une alimentation en eau chaude) et le rendement durant les sept autres mois doit atteindre 60 %.

De plus, l'Ademe réservait en priorité ses aides aux projets industriels qui substituent des CSR à des combustibles très émetteurs de CO2, comme le charbon. Concrètement, les appels à projets de l'Agence n'apportaient un soutien qu'aux équipements de production de chaleur, et cela dans la limite des besoins. Sur ce sujet, Roland Marion a annoncé que la cogénération devrait entrer dans l'assiette éligible aux soutiens, ouvrant la porte à une aide aux groupes électriques.

La compétitivité du gaz se dégrade

Le second frein est économique, puisqu'il faut garantir un prix compétitif sur vingt ans par rapport au gaz. Une gageure avant la crise ukrainienne. Sans compter l'impact du prix du CO2 pour les chaudières de plus de 20 mégawatts (MW) qui sont soumises au marché carbone (pour la part du CSR non biogénique). Et en matière d'émissions de CO2, l'avantage des CSR n'est pas déterminant : il n'est inférieur que de 20 à 30 % à celui du gaz naturel (selon les chiffres repris par les pouvoirs publics, à partir de la base carbone de l'Ademe).

Mais aujourd'hui, l'équation économique est devenue plus favorable aux CSR. La Fnade a commandé une mise à jour de l'étude sur le sujet réalisée au lancement de la filière. Résultat : le besoin en soutiens publics est sensiblement réduit compte tenu de l'évolution des prix de l'énergie, explique Fréderic Giouse. Le président du Syndicat national des bureaux d'études en énergie et en environnement (SN2E) estime que 15 installations pourraient être en service d'ici à 2025, pour une production annuelle de 4 à 5 TWh (ces projets sont déjà bien avancés) et 40 à 50 pourraient fonctionner en 2030, pour une production de 10 TWh.

Des subventions temporaires à la compétitivité

Concrètement, l'étude se base sur une production de 4 millions de tonnes (Mt) par an, dont 3 Mt destinées aux chaudières CSR. Plusieurs catégories d'installations sont évaluées. La première regroupe des chaudières industrielles de 50 MW, consommant 96 000 tonnes de CSR par an. Elles délivreraient soit 42 MW de chaleur (en tenant compte du rendement), soit 37 MW thermiques et 4 à 5 MW électriques en autoconsommation. La seconde catégorie regroupe trois types de chaudières « locales » de 19,9 MW (non soumises aux quotas CO2), consommant 38 000 tonnes de CSR par an : des unités délivrant 17 MW thermiques ; des unités de 15 MW thermiques et 1 ou 2 MW électriques ; et des unités raccordées à des réseaux de chaleur urbain délivrant 2 à 12 MW thermiques (selon la saison) et 3 à 5 MW électriques.

Dorénavant, ces installations n'ont besoin « que » de 4 à 16 euros le mégawattheure (€/MWh) de « subventions temporaires à la compétitivité ». Ces montants représentent un soutien compris entre 15 et 45 % de l'investissement dans une installation industrielle (selon le modèle et la taille) et un soutien de 45 % de l'investissement pour les installations locales.

Compétitivité vs difficultés logistiques

Pour le reste, l'étude table sur une vente d'énergie à hauteur de 40 à 50 €/MWh de chaleur et de 80 à 105 €/MWh d'électricité. À cela s'ajoutent 40 à 50 euros par tonne de CSR consommés par l'installation et facturés aux détenteurs de déchets (soit 10 à 12 €/MWh).

Pour autant, tout n'est pas encore parfait. Solvay, qui a lancé la construction de deux chaudières CSR pour remplacer les trois au charbon de son site de Dombasle-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle), a pointé du doigt certaines difficultés persistantes. « On ne parle pas beaucoup du défi logistique », alerte Natalia Orjuela, directrice projets de transition énergétique de Solvay. En l'occurrence, 350 000 tonnes de CSR devront être acheminées chaque année pour alimenter l'installation de 181 MW thermiques et 17,5 MW électriques. D'ailleurs, les CSR sont étudiés pour réduire les émissions d'autres sites du groupe. Mais la responsable de Solvay a clairement sous-entendu que les solutions basées sur le biométhane ou la biomasse tenaient la corde.

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question au journaliste Philippe Collet

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

Multitec® 545 : analyseur multigaz mobile à plage de mesure H2S étendue SEWERIN
Multitec® BioControl : analyseur de biogaz à poste fixe et mobile SEWERIN