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Rénovation de l'immeuble de bureaux Topaz : l'économie circulaire à l'honneur

La Société de la tour Eiffel a mis en œuvre une démarche d'économie circulaire lors de la rénovation partielle du bâtiment de bureaux Topaz, menée en 2022 à Vélizy-Villacoublay (Yvelines).

TECHNIQUE  |  Bâtiment  |    |  R. Boughriet
Rénovation de l'immeuble de bureaux Topaz : l'économie circulaire à l'honneur
Environnement & Technique N°392
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°392
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Comment mettre en œuvre une démarche d'économie circulaire dans les projets de rénovation de bâtiments tertiaires ? En favorisant le réemploi, l'utilisation de matériaux bio-sourcés et recyclés et la valorisation des déchets, comme le montre la réhabilitation, en 2022, d'un immeuble de bureaux construit en 2010, Topaz, propriété de la Société de la tour Eiffel à Vélizy (Yvelines).

Pourtant encouragée par la loi Agec du 10 février 2020, l'économie circulaire est encore embryonnaire dans le secteur du bâtiment. Les clés de la réussite de cette pratique impliquent « la levée de certains freins (techniques, normatifs, assurantiels, économiques), la connaissance des flux de matières et des gisements ainsi que la mobilisation de tous les acteurs de la filière », note le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Durant le chantier de Topaz, qui a duré dix mois, tous ces défis ont pu être relevés par le maître d'ouvrage, la Société de la tour Eiffel, et le maître d'œuvre de conception et d'exécution, l'agence Outsign, spécialisée dans l'architecture et le design stratégique.

L'économie circulaire n'est pas nécessairement plus chère

« Nous intervenons sur le bâti lui-même et pas juste pour décorer l'intérieur. Cela fait un moment qu'on travaille sur les sujets de l'économie circulaire et de l'écoconception. Pour le projet Topaz, la Société de la tour Eiffel a voulu faire un pilote. On a fait évoluer ce projet en fonction de la disponibilité des matériaux mis sur le marché, comme les dalles de moquette de réemploi qu'on a utilisées au cinquième étage », explique Marc Dölger, architecte et fondateur d'Outsign. Et de souligner pour l'aspect financier : « On ne va pas forcément dépenser plus d'argent en effectuant un travail d'écoconception. Globalement, on est à peu près dans les mêmes coûts qu'un projet conventionnel. Cependant, on va passer plus de temps en moyens humains, pour trouver des fournisseurs. En fonction de ce que l'on aura sous la main, il y aura une souplesse à avoir côté budget. »

Les impacts environnementaux économisés par cette démarche

Le bâtiment Topaz rénové a été livré en novembre 2022. Le projet a permis la réhabilitation des deux halls, des espaces de services au rez-de-chaussée (restaurant et cafétéria), d'un plateau de bureaux au cinquième étage (R+5) et des espaces extérieurs, en expérimentant différents axes de l'économie circulaire sur une surface de 5 027 m². « Une boucle vertueuse a été créée sur l'opération. Elle part de la déconstruction sélective et met en œuvre des matériaux réemployés in situ, ex situ, réutilisés, bio-sourcés et recyclés pour un résultat impactant sur l'ensemble de l'opération : une économie de 42 t d'émissions carbone (CO2), de 42 t de déchets et de 2 500 l d'eau ou encore de 480 MWh d'énergie primaire », selon le bilan réalisé sur place par Citae, société de conseil en bâtiment, et AMO économie circulaire du projet.

Des déchets triés à la source

Lors du curage, 142,7 t de matériaux n'ayant pas pu être réemployés sont devenus des déchets, précise Citae. Un tri à la source a été réalisé afin de séparer les déchets par type sur site, anticipant la nouvelle filière REP des produits et matériaux de construction du bâtiment (PMCB) démarrée en 2023. Afin d'optimiser la valorisation de ces déchets, le recyclage a été privilégié.
S'adapter à une offre limitée de matériaux de réemploi

Citae a évalué le taux de réemploi global sur ce projet à 13,5 %. Le marché du réemploi propose aujourd'hui une offre limitée de matériaux, pointent les partenaires. Dans certains cas, comme la moquette, il leur a été difficile de trouver la juste quantité d'un même matériau ou produit. L'agence Outsign a toutefois su s'adapter à la situation et accepté des évolutions au projet initial (simplification des détails, légères modifications des dimensions, etc.), sans modifier l'esthétique du projet, ce qui a permis d'intégrer plus de produits circulaires.

La maîtrise d'ouvrage a fait le choix de déposer et stocker, sur le site, toutes les cloisons amovibles des bureaux du R+5. Ces dernières sont à la disposition du futur preneur qui pourra cloisonner le plateau à sa guise. Cette solution évite l'achat de matériaux neufs par le preneur et limite le gaspillage.

Des cloisons, des dalles de faux plafonds et des équipements techniques ont aussi été réemployés in situ. De même, 1 900 m2 de moquette de réemploi ont été posés dans les bureaux (moquette déposée sur un site, retraitée, nettoyée et remise dans le circuit en vue de sa réutilisation). L'aménagement de la terrasse extérieure a aussi été traité avec du mobilier de réemploi (banquettes, tables basses, tables hautes, tabourets, etc.). En terrasse, ce sont des dalles en pierre provenant de fins de stock et/ou de surplus de chantier qui ont été installées.

Des chaises de seconde main et des luminaires bio-sourcés

Dans le restaurant inter-entreprise (RIE), tous les agencements ont été fabriqués à partir de bois de réemploi. Associée à la fabrication des meubles sur mesure à partir de chutes de bois, l'entreprise Fairspace a aussi fourni des tables avec un plateau à base de volants de badminton. « Au projet initial, on voulait surtout se concentrer sur le RIE pour la seconde main, puis petit à petit, on a étendu la démarche. Dans le restaurant, on a essayé de garder le plus de matériaux possible, donc on a conservé le sol, la faïence et on s'est aussi adapté aux machines déjà présentes », précise Mike Éric Daongam, designer global chez Outsign. Proposées par Fairspace, d'anciennes poignées de porte ont été transformées en patères.

Dans le restaurant et la cafétéria, une grande partie des chaises avec accoudoirs vient aussi du réemploi ; les tabourets sont écoconçus. « Culturellement, on a évolué car il y a une valorisation du vintage, donc on accepte d'avoir des pièces qui peuvent avoir un peu de vie, sous réserve qu'elles ne soient pas dysfonctionnelles », remarque Marc Dölger.

Des suspensions lumineuses, en forme de couronnes de papier, ont en outre été installées dans le hall et le RIE, et, dans le restaurant, d'autres luminaires à base de lin bio-sourcé, « un nouveau matériau en voie de développement », ajoute M. Daongam. Des ampoules leds, moins énergivores, ont aussi été fixées au plafond en remplacement d'ampoules halogènes.

Pour cette rénovation du bâtiment Topaz, la Société de la tour Eiffel a obtenu le label Circolab au niveau 3, qui valorise sa démarche de réemploi, une démarche dont elle défend la massification en tant que membre de l'association de maîtrise d'ouvrage Booster du réemploi.

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