Robots
Cookies

Préférences Cookies

Nous utilisons des cookies sur notre site. Certains sont essentiels, d'autres nous aident à améliorer le service rendu.
En savoir plus  ›
Actu-Environnement

Recyclage du textile (2/4) : une étude pour autopsier le gisement

Le recyclage des textiles doit progresser. Mais avant d'investir, les opérateurs veulent connaître le gisement. Une étude réalisée pour Refashion passe au crible les déchets de vêtements destinés au recyclage. Avec, à la clé, quelques surprises.

Déchets  |    |  P. Collet
Recyclage du textile (2/4) : une étude pour autopsier le gisement
Actu-Environnement le Mensuel N°436
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°436
[ Acheter ce numéro - S'abonner à la revue - Mon espace abonné ]

Avec sa nouvelle feuille de route, la filière de responsabilité élargie du producteur (REP) des textiles d'habillement, du linge de maison et des chaussures (TLC) va devoir accompagner le développement d'une filière de recyclage des textiles en France et à proximité de l'Hexagone. Pour y répondre, Refashion a commandé au bureau d'études Terra plusieurs études, dont une sur la composition des textiles non réutilisables.

Une caractérisation très attendue

Ce travail de caractérisation apparaît comme un préalable pour connaître le gisement à recycler et accompagner les acteurs prêts à investir. Il doit permettre d'identifier les types de produits et les matières qui seront à disposition des recycleurs. Et cela, alors que les opérateurs de tri constatent que la fast fashion et le développement de la revente entre particuliers des vêtements de bonne qualité entraînent une progression des pièces usées ou de piètre qualité destinées au recyclage. Un phénomène qui devrait s'accentuer avec la progression de la collecte fixée par les pouvoirs publics (de 244 000 tonnes en 2022 à environ 430 000 tonnes en 2028).

« Il est indispensable de créer de nouveaux débouchés pour les textiles non réutilisables et de développer leur recyclage, encore limité, en France et en Europe », avertit d'emblée Refashion, à l'occasion de la présentation de son étude de caractérisation des textiles destinés au recyclage. Et les acteurs pressentis sont dans les starting-blocks, se félicite l'éco-organisme : Eastman, Loop, Carbios et Axens, l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (Ifpen) et Jeplan, les acteurs du recyclage chimique du polyester-polyéthylène téréphtalate (PET) intéressés par le gisement français, ont suivi avec grand intérêt le déroulement de l'étude de caractérisation commandée par Refashion.

Fiches « matières » et « produits »

Concrètement l'étude a permis d'élaborer neuf fiches « matières » et 15 fiches « produits ». Des fiches qui « offrent un meilleur ciblage des gisements les plus appropriés » pour lancer des expérimentations de tri, de préparation matière et de recyclage.

“ L'utilisation du spectromètre donne plus souvent une information matière car les étiquettes ne sont lisibles que pour 43 % des pièces ” Cabinet Terra
Les fiches matières présentent, pour chaque matière, les catégories de produits dans lesquels se trouvent les plus gros gisements, la capacité de ces produits à être recyclés (notamment la présence d'éléments perturbateurs ou la composition en multicouches), ou encore des informations sur les tissus composés d'une matière unique et ceux en mélange (avec quelles matières). Par exemple, pour le coton, on apprend que 64,5 % du gisement est du 100 % coton, que 75 % du gisement est du monocouche avec perturbateurs et que les trois principaux articles en coton sont des t-shirts (22,3 %), des pulls (21 %) et des jeans (10 %). Au total, 15 types d'articles en coton sont référencés, avec pour chacun d'eux la proportion de 100 % coton, de 100 % coton avec perturbateurs, de multicouche et les principaux mélanges.

Sur le même principe, les fiches produits apportent des informations sur la composition matière et le potentiel de recyclage des différentes pièces textiles. On sait maintenant que 71 % des pulls destinés au recyclage sont monocouches avec perturbateurs, pour l'essentiel en acrylique (15,5 % des pulls), en coton (15 %) en 8,4 % en coton et polyester.

Une analyse de 74 000 articles

Ces résultats ont été synthétisés à partir de l'analyse d'un échantillon des flux extraits de six centres de tri représentatifs. Au total, 122 tonnes de déchets textiles ont été prélevées en entrée de centres de tri, ce qui représente 720 000 pièces. Parmi elles, 74 000 destinées au recyclage (car non réemployables) ont été caractérisées. Ces 14,6 tonnes de textile ont notamment été analysées à l'aide de spectromètres proche infrarouge, afin d'en déterminer la composition. « L'utilisation du spectromètre donne plus souvent une information matière car les étiquettes ne sont présentes et lisibles que pour 43 % des pièces analysées », explique le cabinet Terra qui a réalisé l'étude. Ces pièces avec étiquette, souvent les plus volumineuses, représentent 54 % du poids total.

Premier enseignement, les articles multicouches (plus complexes à trier et à recycler) ne représentent que 3 % des articles analysés, mais 8 % du poids total. « Le poids moyen des pièces multicouches (589 g par pièce) est en effet plus élevé que la moyenne (196 g par pièce) », explique l'étude. Globalement, la composition matière de 8,5 % du gisement (exprimé en poids) n'a pas pu être identifiée, faute d'étiquette lisible ou du fait de la non-détection de la matière par le spectromètre.

Surtout, l'étude montre que les textiles destinés au recyclage ne sont pas forcément ceux escomptés. Elle révèle notamment que le coton représente 43 % du gisement (exprimé en poids), ce qui en fait la matière dominante. Ce résultat est une surprise puisque traditionnellement on considère que 65 % des textiles produits à l'échelle mondiale sont en polyester.

Selon Refashion, deux grandes raisons peuvent expliquer cet écart : la production mondiale de textiles n'est pas exclusivement destinée à l'habillement (une multitude d'usages techniques, dans le bâtiment ou les articles de sport, par exemple, accaparent des textiles synthétiques) ; et les habits synthétiques sont potentiellement peu collectés car ils s'usent moins rapidement ou sont jugés de moindre valeur (donc jetés avec les ordures).

Des matières diversement valorisées

Avec cette étude, Refashion entend accompagner le développement de nouvelles filières de recyclage, notamment en « cycle fermé » pour alimenter la production de nouveau vêtements.
Chacune des matières des textiles non réutilisables disposent déjà d'une voie de valorisation privilégiée : le coton « est ultra dominant dans le flux essuyage [et domine également] les flux d'effilochage et des déchets ultimes » ; le polyester est la principale matière du flux utilisé pour la production de combustibles solides de récupération (CSR) et il est aussi « surreprésenté » dans les déchets ultimes ; l'acrylique et la laine sont eux « surreprésentes » dans le flux effilochage.
Toujours est-il que le polyester (19 %) n'apparaît qu'en deuxième position, suivi par l'acrylique (12 %). La viscose et les fibres artificielles cellulosiques (6 %), la laine (5 %) et le polyamide (4 %) suivent. Toutes les autres fibres représentent moins de 1 % du gisement étudié.

Des mélanges, en nombre et variés

L'étude a aussi mis en lumière l'importance des mélanges. Près de la moitié du gisement (45 %) est composé de mélanges de fibres. Ainsi, si 43 % contiennent coton, en réalité seulement 30 % sont composés uniquement de coton. Même constat pour le polyester : seulement 11 % du gisement sont 100 % polyester (alors que la fibre synthétique est considérée comme prédominante dans 19 % du gisement). D'ailleurs, le mélange le plus présent est le coton-polyester (8,8 %), suivi du coton-élasthanne (4,9 %) et de la laine-acrylique (3,1 %). Et le mélange à trois composants le plus fréquent est coton-polyester-élasthanne (1,7 %).

De même, les taux de chaque fibre varient sensiblement au sein de chaque mélange. Les mélanges coton-polyester contiennent en moyenne 57 % de coton, alors que cette proportion bondit à 96 % pour les mélanges coton-élasthanne.

Enfin, l'étude s'est aussi penchée sur d'autres critères de recyclabilité. Au-delà des 8,5 % du gisement composés de produits multicouches, l'analyse révèle que « la grande majorité [des articles monocouches] présente au moins un perturbateur au recyclage (fermeture à glissière, bouton, rivet, boucle, perle, fil métallisé, élastique, ficelle, broderie, empiècement, flocage, etc.) ». Finalement, les articles les plus simples à recycler, c'est-à-dire les articles monocouches et sans perturbateur, ne représentent que 22 % du gisement.

RéactionsAucune réaction à cet article

Réagissez ou posez une question au journaliste Philippe Collet

Les réactions aux articles sont réservées aux lecteurs :
- titulaires d'un abonnement (Abonnez-vous)
- inscrits à la newsletter (Inscrivez-vous)
1500 caractères maximum
Je veux retrouver mon mot de passe
Tous les champs sont obligatoires

Partager

Tunnels BIODOME© pour un compostage optimisé et sans nuisances HANTSCH
RED, surveillance caméra thermométrique contre les incendies d'entrepôt KOOI SECURITY