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Car le thon rouge est une espèce très vulnérable : il ne resterait aujourd'hui que 15 % des stocks historiques. Pourtant, la communauté internationale tarde à le protéger. La proposition monégasque de l'inscrire à l'annexe I (interdiction du commerce international) de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d'extinction (CITES) a été rejetée en mars dernier.
Certains caressent donc l'idée de faire reproduire le thon rouge en captivité, afin de réduire la pression sur le thon rouge sauvage tout en continuant d'alimenter le marché. Une idée que partagent les Japonais, plus grands consommateurs de thon rouge, qui déclarent avoir déjà mis sur le marché les premiers thons nés et élevés en captivité. Pour François Chartier, responsable de la campagne Océans à Greenpeace, cela revient à ''se cacher derrière des utopies scientifiques''.
''Heureusement'' pour lui, ''on est encore loin du développement industriel''. Car élever des thons rouges ''causerait de nombreux dommages environnementaux, tant à court terme qu'à long terme, à l'échelle locale que globale''.
''L'élevage déplace la surpêche et crée de nouveaux problèmes'' selon Greenpeace
''Une idée répandue réside dans le fait que, face à la surpêche, on pourrait passer de la ''cueillette'' à l'élevage. Seulement cela ne fait que déplacer le problème de la surpêche'', analyse le représentant de Greenpeace. Selon lui, pour produire 1 kilo de thon rouge en captivité, il faut 10 kilos de poisson fourrage (maquereau…). ''On va donc aller prélever à grande échelle sur ces populations de poissons et déplacer le problème de la surpêche vers le bas de la chaîne alimentaire. A l'état sauvage, le thon rouge mange de manière opportuniste, selon ses migrations, de manière variée. L'élevage au contraire a de graves impacts sur l'écosystème marin''.
Comme toute forme d'aquaculture à grande échelle, l'élevage industriel de thon rouge poserait également des problèmes de pollutions à l'échelle locale. La présence en un seul endroit de populations importantes de poissons entraîne de nombreux rejets (des déjections notamment) et des contaminations. Une forte concentration de poissons peut également entraîner le développement de parasites. L'usage d'antibiotiques est donc très répandu dans l'aquaculture.
''Une réponse prometteuse'', selon la Commission européenne
Pour la Commission européenne, au contraire, ''l'aquaculture est l'une des réponses les plus prometteuses à l'appauvrissement des ressources alimentaires qui résulte entre autres de la croissance démographique, de la surpêche, de la pollution et des atteintes à l'environnement''.
Un avis que ne partage pas François Chartier : ''les marchés de thon rouge sont des marchés très haut de gamme. Or, le thon développé de manière industrielle n'atteindra pas les qualités du thon sauvage, qui est un grand migrateur et a une alimentation variée. Le thon élevé finirait donc sur des marchés en développement, moins exigeants sur la qualité du produit. En finalité, on ne règle pas le problème, on ajoute un nouveau produit sur le marché''.