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Une start-up réunionnaise développe des toits végétalisés sans usage de substrat

L'efficacité d'une toiture végétalisée dépend autant du climat du lieu où elle est posée que des procédés techniques qui ont présidé à sa conception. Une double contrainte qui complexifie la mise sur le marché d'une solution unique.

TECHNIQUE  |  Bâtiment  |    |  G. Boillot-Defremont
Une start-up réunionnaise développe des toits végétalisés sans usage de substrat
Environnement & Technique N°395
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°395
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Pari réussi ? La start-up Greenskin a été créée en 2021, après un passage au sein de l'incubateur public régional de La Réunion, sur la base d'une expérience acquise depuis 2008 en végétalisation ornementale. Son concept ? Proposer des toitures végétalisées sans substrat, afin d'enlever de l'équation de la pose, le poids de la terre, accentué par la rétention d'eau associée. Avec trois premières réalisations dont une sur une des écoles de l'île, et une participation au festival « Fabriqué en France » au palais de l'Elysée en juillet dernier, Greenskin souhaite maintenant passer la vitesse supérieure.

Une technique contextualisée

Deux types de toitures végétalisées dominent le marché, rappelle Vincent Goffard, du cabinet niçois Billy Goffard Architectes : « L'extensif, qui implique un substrat de quelques centimètres et un arrosage conséquent ; l'intensif, qui demande plus de terre et d'arrosage mais permet d'utiliser le toit pour des usages récréatifs. » Avec un poids de 17 kg/m2, la solution que propose Greenskin n'appartient à aucune de ces deux catégories. Elle est particulièrement adaptée « aux bâtiments anciens et peut se poser sans renforcer la structure », explique Stéphane Boudrandi, cofondateur de Greenskin.

“ Ce système est ingénieux, mais dans des conditions climatiques très particulières : à savoir un espace avec un ensoleillement limité et une hygrométrie conséquente ” Vincent Goffard, Billy Goffard Architectes
Les panneaux proposés par la start-up réunionnaise sont constitués d'une plaque de PVC de 1 cm d'épaisseur, sur laquelle est posée une feutrine où les végétaux vont venir s'accrocher. Leur arrosage s'opère grâce à une ligne d'eau installée sur un des côtés du panneau, imprégnant la feutrine et permettant aux racines d'absorber leurs besoins par capillarité. « Le poids de l'eau avoisine une tonne au mètre cube, ajoute Vincent Goffard. Ce système est donc ingénieux, mais dans des conditions climatiques très particulières : à savoir un espace avec un ensoleillement limité et une hygrométrie conséquente. » Autrement dit, si le climat tropical humide de l'Île de La Réunion se prête bien à ce genre d'installation, un climat sec de type méditerranéen paraît peu adapté à des panneaux dont la capacité de rétention d'eau est limitée.

D'ailleurs, Stéphane Boudrandi et Benoît Dumortier, l'autre cofondateur de Greenskin, vont maintenant s'atteler à un travail de segmentation afin de cibler les pays pertinents pour leur solution - le brevet déposé le 30 décembre 2020 leur permet d'en couvrir 87.

Un impact sur le climat

Parmi leurs arguments pour convaincre, figurent le rôle que jouent les végétaux dans l'absorption du carbone et un chiffre : « six kilos de carbone capturés par an et par mètre carré grâce à un revêtement de graminées endémiques », selon Stéphane Boudrandi, citant une étude parue dans le magazine « Environnmental Science & Technology ».

Un chiffre qu'il convient d'ailleurs de replacer dans son contexte. « C'est seulement dans leurs écosystèmes respectifs que les végétaux endémiques absorberont le maximum de carbone, détaille Laura Stoll, architecte paysagiste. Autrement dit, pour qu'un toit végétalisé participe pleinement à la régulation du climat, les graminées à utiliser ne seront pas les mêmes, selon que le bâtiment se trouvera en métropole ou à La Réunion. » « Reste, continue-t-elle, que le gazon capte le carbone principalement grâce à ses pointes. Son développement à l'abri de toute tondeuse le rendra forcément plus performant dans cette fonction. »

Selon l'Agence de la transition écologique (Ademe), « un peu moins d'un quart des surfaces des bâtiments à usage tertiaire sont climatisés », un chiffre qui ne peut aller qu'en augmentant avec les conséquences du dérèglement climatique. À ce titre, l'étude thermique comparative menée par Greenskin sur une école de l'île est un argument de poids pour démontrer l'efficacité de l'isolation végétale en remplacement de la climatisation. Ainsi, lors des saisons chaudes, l'installation de 140 m2 de toitures végétalisées permettrait de limiter l'amplitude thermique journalière à une petite dizaine de degrés environ, contre trente pour une structure non-végétalisée.

D'après le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), la construction neuve et la commande publique concentrent la grande majorité des commandes de toitures végétalisées. Avec huit collaborateurs à La Réunion et plusieurs unités de production en projet en métropole, Greenskin semble prête à relever le défi du développement de ce marché.

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