EDF sous-utiliserait ses capacités nucléaires pour faire remonter les prix de gros de l'électricité, estime l'UFC-Que Choisir qui publie une étude (1) sur le sujet, ce jeudi 5 avril. "EDF conteste formellement les accusations" del'UFC-Que Choisir, indique l'entreprise, qui se réserve le droit de poursuivre l'association en justice. L'entreprise explique qu'elle "agit sous la surveillance permanente du régulateur de l'énergie, la Commission de régulation de l'énergie (CRE)". Mais, pour l'association de consommateurs, son étude "met clairement en lumière l'incapacité de la régulation actuelle à garantir aux consommateurs un prix de l'électricité qui tire pleinement avantage de la compétitivité des capacités nucléaires historiques".
Baisse du taux d'utilisation du parc opérationnel
L'UFC-Que Choisir a comparé les prix du marché de gros de l'électricité et l'utilisation des capacités de production en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. L'étude "révèle que le parc nucléaire opérationnel a été largement sous-utilisé entre 2012 et 2017" et qu'"EDF utilisait son parc nucléaire de manière singulière par rapport au Royaume-Uni et à l'Allemagne". Pour sa défense, EDF indique "optimiser à tout moment l'utilisation de son parc de production en interaction étroite avec les marchés européens de l'électricité".
Le parc nucléaire d'EDF fonctionne à plus de 95% de la capacité disponible lorsque les prix de marché sont supérieurs à 40 euros par mégawattheure (€/MWh), constate l'UFC-Que Choisir. Quand le prix chute à 12 €/MWh (le seuil permettant de couvrir les frais variables de fonctionnement), le taux moyen d'utilisation du parc opérationnel baisse à 83%. "En comparaison, le taux moyen d'utilisation du parc nucléaire allemand varie peu et ne descend pas en dessous de 91% tant que le prix de marché est supérieur ou égal à 12 €/MWh", explique l'UFC-Que Choisir.
Cette réduction de la production nucléaire impose la mise en route de centrales plus chères (gaz, charbon, fioul) ou l'importation d'électricité, ce qui entraîne une augmentation des prix de marché de gros, poursuit l'UFC-Que Choisir. "Faute de concurrence suffisante sur la production, cette situation a permis à l'opérateur historique de vendre à meilleur prix l'électricité produite et donc d'augmenter ses recettes (…) d'environ 3,2 milliards d'euros entre 2012 et 2017."
En outre, les échanges d'électricité entre l'Allemagne et la France ne respectent pas la logique du marché : la France importe peu d'électricité depuis l'Allemagne, lorsque les prix y sont plus bas, alors que quand le prix français est légèrement moins élevé, les exportations vers l'Allemagne sont massives. "L'absence de symétrie dans les échanges a pour effet de maintenir des prix élevés en France, au détriment des consommateurs français", estime l'association.