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Se concentrant sur les oxydes d'azote (NOx) et les particules PM10 (particules inférieures à 10 microns), deux polluants représentatifs du trafic routier et impactant sur la santé, l'étude s'est intéressée à quatre trajets du plus éloigné au plus proche de la circulation : le long du Port de l'Arsenal, sur la rive droite de la Seine, rue de Rivoli et avenue Daumesnil. Ces circuits ont été sélectionnés en fonction de leur densité de trafic et de la présence ou non de différents aménagements pour les cyclistes (pistes plus ou moins éloignées des véhicules, couloir de bus ouvert au vélo), afin d'évaluer leur influence sur la qualité de l'air respirée à vélo. Pour mener ses tests et permettre de rendre compte des variations très rapides des niveaux de pollution auxquels est exposé un cycliste, Airparif a mis au point un vélo (un triporteur de 200 kg) spécialement équipé avec des appareils de mesure automatique et une prise d'air à hauteur du nez du cycliste.
Des cyclistes globalement moins exposés que les automobilistes…
Résultats, l'exposition du cycliste à la pollution varie selon les aménagements et le polluant mesuré. Les 212 km de pistes cyclables représentent ainsi la meilleure protection en terme de pollution, que ce soit pour le dioxyde d'azote ou les particules. En moyenne, l'exposition à la pollution est deux fois moins élevée pour le cycliste sur une piste séparée que dans la circulation automobile , explique Philippe Lameloise, directeur d'Airparif. Par ailleurs, l'exposition sur les couloirs de bus est de 30% moins élevée que dans la circulation.
En termes de pollution atmosphérique, les couloirs de bus sont bien pour les cyclistes quand il n'y pas de bus et de taxis dedans ! , commente-t-il.
En revanche les mesures ont aussi permis de mettre en évidence des phénomènes de bouffées pour les particules. Il y a d'autres sources de pollution par les particules le long d'un trajet comme les aérations de parking et les aérations de métro , note Philippe Lameloise. Il y a aussi des activités qui existent sur le trottoir qui génèrent de la remise en suspension de particules comme le balayage ou les soufflantes qui remplacent le balayage.
En comparaison avec les résultats d'une étude précédente effectuée par Airparif et portant sur l'exposition des automobilistes, la qualité de l'air respiré à vélo est moins dégradée qu'en voiture, du fait de la possibilité pour le cycliste de s'éloigner plus ou moins du flux de circulation en empruntant notamment les aménagements qui lui sont dédiés.
… à condition de respecter quelques conseils
D'ailleurs, selon le docteur Patrick Le May, coordonnateur d'une étude sur les livreurs à vélo, demandé à Airparif pour le Ciamt (Centre de médecine du travail et de santé au travail), il y a plus de bienfaits à faire du vélo, même dans des conditions polluées, qu'à rester sédentaire . En respectant toutefois quelques conseils simples : privilégier les voies cyclables et les axes moins fréquentés, éviter de circuler derrière les pots d'échappement et pratiquer le vélo à un rythme modéré pour éviter l'hyperventilation et donc l'inhalation excessive de polluants. Le docteur estime par ailleurs qu'en termes de protection de la santé, il est plus indispensable de porter un casque qu'un masque qui ne filtre ni les petites particules, ni les gaz…