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ACV Carbone : LA nouveauté à prendre en main

Bâtiments neufs : le label énergie carbone mis à l'épreuve Actu-Environnement.com - Publié le 13/02/2017

La composante carbone fait une entrée remarquée dans un label d'Etat dédié au secteur du bâtiment. Une nouveauté qui doit permettre de sensibiliser le secteur à son empreinte carbone et orientera les choix en matériaux et équipements.

Bâtiments neufs : le label énergie...  |    |  Chapitre 5 / 6
Environnement & Technique N°366 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°366
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Avec le nouveau label Energie+Carbone- (E+C-), la France fait office de pionnière. La composante carbone calculée sur le cycle de vie du bâtiment est pour la première fois intégrée dans un label porté par l'Etat. Son objectif ? Sensibiliser le secteur du bâtiment à cette question : "Il faut que les acteurs de la construction comprennent ce qui, dans leur action, a un impact sur le changement climatique", explique Jean-Christophe Visier, directeur Energie et environnement au CSTB.

 
La composante carbone est le point le plus complexe. Elle va induire de nouveaux réflexes chez les architectes.  
Claire Sicard, Citae
 
L'arrivée de la composante carbone est en effet une nouveauté remarquée par les pionniers du secteur : "On ne peut que s'en féliciter. Il s'agit d'une avancée fondamentale", commente Hélène Genin, déléguée générale de l'association BBCA. L'Association pour le développement du Bâtiment Bas Carbone a été la première à lancer en 2015 un label dédié à l'empreinte carbone du bâtiment. Le label E+C- s'en est bien évidemment inspiré surtout en matière de méthodologie. Mais les niveaux d'ambition diffèrent : "Le niveau carbone 1 du label Energie+Carbone- correspond au parc de construction actuel. C'est un seuil qui n'est pas représentatif d'une démarche carbone car il n'impose pas d'effort, mais simplement un état des lieux en réalisant une analyse du cycle de vie", détaille Hélène Genin. L'association aurait bien aimé un peu plus d'ambition, surtout que le niveau Carbone 2 est 30% moins exigeant que son label BBCA. "Le challenge climatique nécessite de passer à la vitesse supérieure", estime la déléguée générale de l'association.

Faire monter en compétence la filière

Reste que cette nouveauté va bouleverser les habitudes des acteurs de la construction : "La composante carbone est le point le plus complexe. Elle va induire de nouveaux réflexes chez les architectes", estime Claire Sicard, responsable mission chez le bureau d'études Citae. "Il va falloir comparer les produits de construction et faire des choix entre la performance énergétique et les émissions carbone", ajoute-t-elle. "L'approche de la conception des bâtiments devra être menée plus conjointement entre bureau d'études et architecte pour réduire ensemble les émissions de carbone", estime pour sa part Claudine Clerc, responsable performance énergétique et commissioning chez Arp-Astrance.

"C'est une rupture fondamentale, estime également Benjamin Haas, chef de projet en charge du pôle génie énergétique dans les bâtiments au centre de recherche et innovation Gaz et Energies nouvelles (Crigen). L'ACV carbone va demander une expertise extrêmement forte et nouvelle. La filière doit monter en compétence". "C'est la première fois qu'on va s'intéresser au cycle de vie d'un bâtiment. Cela va demander un immense besoin de formation des bureaux d'étude qui devront réaliser les études énergétiques et environnementales et suivre l'évolution des coûts de construction en regard des bénéfices que doivent tirer les maîtres d'ouvrage", confirme Patrice Hennig, porte-parole de l'association Energies & Avenir.

L'association BBCA, qui forme les professionnels sur ce sujet, s'attend à être fortement sollicitée surtout dans le segment des logements : "Dans le secteur des bureaux, l'ACV est une pratique classique. Le segment des logements est beaucoup moins entraîné. Il va y avoir beaucoup de pédagogie à faire", prévient Hélène Genin. Pour Claudine Clerc, d'Arp-Astrance, la difficulté sera surtout d'avoir d'une part la quantité de matériaux mise en œuvre sur une opération et d'autre part ses émissions de carbone associées. "Le développement des maquettes numériques devrait faire émerger des logiciels qui permettront de réaliser des ACV sur la base des données architecturales et techniques renseignées par les différents acteurs directement sur la maquette", estime la spécialiste.

Des outils encore à rôder

Les outils actuels doivent en effet être modifiés pour prendre en compte le nouveau label. "Le marché dispose d'outil d'analyse en cycle de vie opérationnel et conformes au référentiel E+C-. L'Etat accompagne par ailleurs les éditeurs de logiciels dans l'intégration des éléments du référentiel pour une plus forte diversité sur le marché", confirme Marie-Christine Roger, chef du bureau de la qualité et de la réglementation technique de la construction à la direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP). Le CSTB a en effet mis à jour son logiciel Elodie. "La nouvelle version est sortie le 16 janvier pour que chacun puisse avoir des logiciels d'application", confirme Jean-Christophe Visier.

Les données qui vont les alimenter ont elles aussi été corrigées et enrichies. La base de données environnementales et sanitaires – base de données Inies – a ainsi connu un lifting ces derniers mois. L'Etat a comblé les vides en fixant des données par défaut là où elles manquaient. "Jusqu'à maintenant les données des fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) pour les produits de la construction et des Profils Environnemental Produits (PEP) pour les équipements servaient à faire des évaluations grossières. Il manquait beaucoup de données. Aujourd'hui, les choses s'activent. Certains fabricants ont choisi de faire ou refaire leur FDES", constate Patrice Hennig d'Energies & Avenir.

Soutenir l'innovation Made in France

Avec l'arrivée de ce contenu carbone, la donnée va gagner en valeur. Les fabricants ont tout intérêt à mettre à disposition des informations précises pour valoriser leurs produits et équipements surtout que celles mises par défaut par l'Etat sont très élevées. "Cela va inciter les industriels à donner les informations, confirme Claudine Clerc. Cela va également stimuler l'innovation vers des produits moins émetteurs. L'approche sur la totalité du cycle permet également de prendre en compte le transport des matériaux et va donc stimuler le sourcing local", anticipe la responsable performance énergétique et commissioning chez Arp-Astrance.

L'Association BBCA prévoit elle aussi de continuer à promouvoir l'excellence. Elle va harmoniser son label avec celui de l'Etat en intégrant la même méthodologie sur les indicateurs communs construction et exploitation. Elle envisage de caler son premier seuil au niveau Carbone 2 du label E+C- mais va conserver des seuils plus ambitieux pour encourager l'innovation chez les acteurs qui voudront aller plus loin. "Le label BBCA garde également ses spécificités avec la valorisation du stockage carbone et de l'économie circulaire dont elle entend développer et structurer la connaissance pour leur prise en compte dans la future réglementation", détaille Hélène Genin.

Florence Roussel

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Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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