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"Avec ce nouveau label, nous voulons une transition vers les énergies renouvelables"

Bâtiments neufs : le label énergie carbone mis à l'épreuve Actu-Environnement.com - Publié le 13/02/2017

Le nouveau label Energie+Carbone- renforce les exigences énergétiques et inclut pour la première fois une composante carbone. Jean-Christophe Visier, directeur Energie et Environnement du CSTB y voit un outil d'excellence et de pédagogie.

Bâtiments neufs : le label énergie...  |    |  Chapitre 2 / 6
"Avec ce nouveau label, nous voulons une transition vers les énergies renouvelables"
Environnement & Technique N°366 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°366
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Actu-Environnement : Le ministère du Logement vient de lancer l'expérimentation du label d'Etat Energie+Carbone-. Quelle est l'ambition de ce label par rapport à la réglementation actuelle ?

Jean-Christophe Visier : Comme son nom l'indique, le nouveau label Energie+Carbone- s'articule autour de deux composantes : la consommation énergétique et les émissions carbone. La composante "énergie" est un sujet déjà bien connu puisque c'est la base des réglementations thermiques antérieures. Mais le label intègre une nouvelle donne par rapport à ce qui se fait actuellement. Désormais, dans le calcul de la consommation énergétique exprimée en kWh d'énergie primaire/m2/an, on doit prendre en compte toute l'énergie consommée quel que soit l'usage qui en est fait.

Jusqu'à maintenant, il était demandé de prendre en compte cinq usages : chauffage, eau chaude, éclairage, climatisation, ventilation. Le label élargit le périmètre de calcul à la consommation des équipements électriques de la maison : électroménager, informatique, audiovisuel. Ces éléments n'ont pas d'impact lors de la phase de construction du bâtiment mais deviennent majeurs en phase d'exploitation, surtout quand les bâtiments sont conçus pour peu consommer. Aujourd'hui, on construit des maisons qui ne consomment pas plus de 50kWh/m2/an mais à cela s'ajoute ces consommations mobilières qui se montent à 75kWh/m2/an. Cette prise en compte de l'ensemble des consommations était nécessaire pour évaluer le chemin restant à faire pour arriver à l'énergie positive.

AE : Le label prévoit plusieurs niveaux d'exigence. Quels sont-ils et que représentent-ils concrètement ?

JCV : Le référentiel établi par l'Etat prévoit quatre niveaux d'ambition en matière d'énergie. Le niveau Energie 1 constitue un premier pas supplémentaire vers plus de sobriété par rapport à la réglementation thermique actuelle (RT 2012). Si l'on compare à périmètre constant, c'est-à-dire en incluant les cinq usages énergétiques de la RT, il représente pour les maisons individuelles une consommation inférieure de 5%. Pour le niveau Energie 2, il faut faire 10% de mieux.

Le niveau Energie 3 revient à réduire de 60% la consommation par rapport à la RT actuelle. A partir de ce niveau, ça n'a aucun sens de rester à périmètre constant. Il faut aller plus loin et commencer à s'intéresser à la couverture des besoins des consommations mobilières. Au niveau Energie 4, il faut arriver à un bilan de consommation nul.

Concrètement, une maison individuelle neuve construite aujourd'hui dans une zone climatique moyenne consomme au total 125 kWh/m2/an avec les équipements électriques. Pour être éligible au niveau Energie 1 du label, une maison neuve devra consommer 122 kWh/m2/an, au niveau Energie 2 ce sera 120, au niveau Energie 3 ce sera 95 et au niveau Energie 4 ce sera zéro.

AE : Les niveaux 3 et 4 sont très ambitieux. Comment un bâtiment neuf peut-il y répondre ?

JCV : Les options que vous avez pour réduire vos consommations sont multiples. Soit être plus sobre sur les usages de la RT : vous grappillez quelques kWh/m2/an supplémentaires. C'est très bien mais difficile d'aller plus loin. Soit vous travaillez différemment. Le label Energie+Carbone- inclut une nouveauté très forte dans la partie énergétique. L'indicateur de consommation évolue. Baptisé "indicateur Bepos", il n'est pas tout fait comme celui de la RT car il compte uniquement les énergies non renouvelables. Donc si vous avez une maison en RT qui consomme 125 kWh/m2/an mais qu'une partie est produite par des énergies renouvelables, vous ne les comptabilisez plus dans le bilan global. L'objectif, avec ce calcul, est de baisser les consommations d'énergies non renouvelables. Nous voulons que les bâtiments soient plus efficaces et avoir une transition vers les énergies renouvelables.

AE : La généralisation des énergies renouvelables risque de faire grimper les coûts de construction, non ?

JCV : Du côté du secteur de la construction, certains sont enthousiastes et pensent qu'il faut aller très loin dans l'ambition. Ces derniers vont donc courir sur les niveaux Energie 3 et Energie 4. Mais d'autres acteurs ont moins d'argent et ont des engagements sociaux. S'ils s'investissent trop sur ce sujet, ils risquent de ne pas loger tout le monde. On aura donc les champions qui iront sur les niveaux 3 et 4 et qui vont explorer les voies qui permettront demain de faire baisser les coûts. La plupart ira sur le niveau 1 et 2. Tout le monde pourra y trouver son compte. C'est inclusif. Dans 5 ans, 10 ans, tout le monde sera peut être devenu des champions mais ça va prendre du temps !

AE : Qu'en est-il de la composante carbone ?

JCV : L'objectif du label, en ouvrant vers le carbone, est de travailler sur le changement climatique dans le droit fil de la COP 21. Pour l'Etat, l'énergie c'est important mais le changement climatique l'est tout autant. Or, le monde de la construction n'a pas l'habitude de penser carbone. Ceux qui le font ne sont pas encore nombreux. Beaucoup n'ont pas la moindre idée du contenu carbone d'un bâtiment. Donc le premier objectif est un objectif de pédagogie.

Comme pour la composante énergie, le référentiel prévoit deux niveaux de performance pour le carbone. Le niveau Carbone 1 est facilement accessible. Toutes les techniques de construction, toutes les énergies permettent de l'atteindre avec un minimum d'attention. Le niveau Carbone 2 est lui beaucoup plus exigeant et va demander des efforts. Par exemple, pour un bâtiment collectif d'habitation, le niveau Carbone 1 correspond à des émissions de 1.550 kgCO2/m2 sur le cycle de vie du bâtiment soit 50 ans. Le niveau Carbone 2 c'est 1.000 kgCO2/m2.

AE : L'outil principal de la mesure sera l'analyse du cycle de vie. Quelle méthodologie faut-il utiliser ?

JCV : La méthodologie sera la même pour tout le monde. Elle se base sur une norme européenne. Souvent, une norme est un consensus européen qui laisse certains points en suspens. L'Etat, en concertation avec les acteurs et avec le soutien technique du CSTB, a précisé les options laissées à l'appréciation des Etats. Le choix d'un calcul fait sur 50 ans en est un exemple. Tous ces éléments ont été précisés dans le référentiel.

Pour faire les calculs, il faudra des données qui porteront par exemple sur les caractéristiques des matériaux de construction : combien une laine de verre ou une laine de bois pèse en carbone ? Même question pour le béton ou les poutrelles d'acier. Les industriels produisent ces données. Elles sont toutes disponibles dans la base Inies. Il s'agit des données des fiches de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) pour les produits de construction et, pour les équipements, on s'appuie sur les "profil environnemental produit" (PEP). Ces données sont complétées par des valeurs fixées par l'Etat comme par exemple, quel est le contenu carbone d'un kWh électrique.

Enfin, dans certains secteurs, il manquait des données. L'Etat a donc fait réaliser par le CSTB et le Cerema des données par défaut, de manière à ce qu'il ne manque jamais une donnée. La base de données a été fortement enrichie ces derniers mois. Elle est en cours de finalisation.

Propos recueillis par Florence Roussel

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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