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Mieux concilier activités humaines et préservation de la nature

Biodiversité : les outils de protection en question Actu-Environnement.com - Publié le 01/12/2014

De nombreux outils ont été mis en place en France pour protéger les espaces naturels. Accusés de mettre les territoires sous cloche, les parcs et réserves ont fait évoluer leur gestion pour faire de l'environnement un atout de développement local.

Biodiversité : les outils de protection...  |    |  Chapitre 2 / 6
Environnement & Technique N°342 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°342
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Peut-on concilier préservation de la biodiversité et développement économique des territoires ? Depuis la mise en place d'outils de protection des espaces naturels, cette question anime des débats passionnés. Contrairement à des pays-continents comme les Etats-Unis, où de vastes étendues sont restées à l'état sauvage, le territoire français est marqué par une forte présence humaine, qui a modelé progressivement les paysages. Les pouvoirs publics ont donc dû rechercher un équilibre entre protection des espaces remarquables et maintien d'un dynamisme local.

"La manière de concevoir la protection de la nature a évolué depuis une quarantaine d'années. On est passé d'une ségrégation spatiale à un modèle d'intégration", analyse Clara Therville, post doctorante au département dynamique et gouvernance des systèmes écologiques du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive. Dans les années 1960 ou 1970, le modèle était plutôt basé sur certains archétypes : "Pour caricaturer : d'un côté, on créait des stations de ski, de l'autre, des parcs nationaux qui compensaient. Mais la faiblesse de ce modèle de mise sous cloche a été rapidement remise en cause d'un point de vue scientifique, mais aussi pratique. On s'est progressivement rendu compte que le patrimoine qu'on cherchait à protéger était très lié à des pratiques, à une culture locale".

Progressivement, la gouvernance des espaces protégés a donc évolué. A leur demande, les acteurs locaux ont davantage été associés à la gestion de ces territoires, qui eux-mêmes ont été davantage ouverts sur l'extérieur. "La protection de la nature ne peut pas se restreindre à quelques parcs qui constituent 1 à 2% du territoire", explique Clara Therville. D'où la recherche d'un ancrage local pour éviter une rupture entre l'espace protégé et son territoire. Le développement récent des trames vertes et bleues découle également de cette vision.

Une gouvernance plus ouverte

Ainsi, depuis 2006, la gouvernance des parcs nationaux a profondément été réformée. Les dix parcs français ont été créés pour préserver des sites exceptionnels d'un point de vue des paysages, de la faune et de la flore. Le cœur du parc, qui concentre ce capital naturel, reste régi par une réglementation forte encadrant les activités humaines. Mais autour, se construisent des aires d'adhésions où le projet de territoire est co-construit et inscrit dans une charte, à laquelle adhèrent les communes. "C'est un acte fondateur fort, estime Gilles Perron, directeur du Parc national des Pyrénées. La charte a permis de faire évoluer l'image du parc : ce n'est plus un établissement public qui dresse des interdits dans le cœur, il s'intéresse désormais au développement du territoire".

Les parcs naturels régionaux, qui visent à préserver des territoires à dominante rurale dont les paysages, les milieux naturels et le patrimoine culturel sont de grande qualité, sont également animés par une charte co-construite. Le projet de loi sur la biodiversité réaffirme d'ailleurs leur rôle dans la politique de protection de l'environnement, mais aussi dans l'aménagement du territoire, le développement économique et social…

Une définition co-construite de ce que l'on veut protéger

Que ce soit pour les parcs nationaux ou régionaux, les chartes définissent un projet commun et des orientations en matière de développement durable. Elles reconnaissent les activités traditionnelles, celles qui sont préexistantes à la création du parc, et cherchent à les rendre compatibles avec l'objectif de préservation de la nature.

"Dans les Pyrénées, nous avons abordé par exemple la problématique des stations de ski. La charte prend en compte les stations existantes et les projets d'extension ou de liaisons entre stations. En revanche, elle exclut tout nouveau projet", explique Gilles Perron.

L'élaboration de ce projet commun dans les Pyrénées a notamment permis de résoudre un conflit, porté devant le Conseil d'Etat en 1990, autour d'un bâtiment d'accueil de la station de ski de fond de Somport, construit au cœur du parc et dénoncé par des associations. En inscrivant dans la charte la reconstruction de ce bâtiment pour en faire un projet exemplaire d'intégration dans le paysage, le parc a abouti à un compromis.

Mais difficile parfois de chercher un équilibre entre des acteurs et des intérêts divergents, voire opposés. "Il y a forcément des rapports de force, des compromis", reconnaît Clara Therville. Par exemple, le parc national des Cévennes a tranché en faveur du pastoralisme, contre le loup, estimant que sa présence sur ce territoire n'était pas compatible avec l'élevage. "Il y a dans ce parc un enjeu de conservation très fort sur les milieux ouverts. Les habitats sont entretenus par les pratiques pastorales. Il y a eu de grandes discussions en interne", explique la chercheuse. Le projet commun inscrit dans les chartes passe donc par la définition d'une vision partagée du patrimoine naturel et culturel, de ce qui doit être protégé ou exclu de ces espaces.

La recherche d'un développement vertueux

Malgré ces efforts vers plus d'intégration, aujourd'hui encore, certaines communes refusent d'adhérer aux chartes des parcs, de peur de voir leur développement trop contraint. "Nous avons eu de très longues discussions avec les élus au moment de la construction de la carte des vocations", raconte Gilles Perron. Cette carte, qui traduit la répartition sur le territoire des dispositions de la charte, est opposable aux documents d'urbanisme locaux (PLU, Scot…). "Certains élus craignaient qu'elle empêche la mise en œuvre d'actions en faveur de l'économie". Ainsi, 40% des communes des Pyrénées-Atlantiques et 91% des communes des Hautes-Pyrénées ont adhéré à la charte du parc en 2013. "En 2015, les communes qui n'ont pas adhéré pourront revenir sur leur décision. A nous de leur expliquer ce que nous avons fait pour l'attractivité de notre territoire", souligne le directeur du parc.

Car les gestionnaires des espaces protégés accompagnent les communes dans leurs politiques (zéro phyto, valorisation du patrimoine bâti…) et mettent à leur disposition une ingénierie et des moyens financiers. Les projets de parc peuvent également drainer des subventions extérieures. "Nous allons postuler à l'appel à projets sur les territoires à énergie positive de l'Ademe, puisque notre plan climat énergie territorial est en cours de finalisation", indique Gilles Perron.

Les acteurs économiques sont également accompagnés : agriculteurs (mesures agroenvironnementales), tourisme durable (sentiers, signalétique, maisons d'accueil…) et artisans (promotion des savoir-faire locaux). Une marque Parc permet notamment de valoriser les produits qui respectent un cahier des charges précis.

Enfin, analyse Gilles Perron, "certaines actions de protection de la nature peuvent avoir un impact économique non négligeable. La réintroduction du bouquetin ibérique, par exemple, permet de créer une attractivité nouvelle pour notre territoire puisque cette espèce est facilement observable".

Sophie Fabrégat

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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Réactions2 réactions à cet article

 

Bonjour,c'est beau ce que vous dites......!
J'habite dans les Pyrénées,en Ariège,et notre vallée est un site Natura 2000,c'est aussi un PNR,et cela n'empêche pas des élus de certains villages de "mèches" avec certains des "carriers" de vouloir casser une montagne ,cela sans complexe.......!
n'hésitez pas à m'écrire en privé.

Merci d'avance

lui | 01 décembre 2014 à 17h39
 
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comment intégrer un projet industriel en zone agricole ? de nombreux opérateurs passent par la construction d'un bâtiment soit disant agricole
comment implanter un projet énergie renouvelable dans une zone sylvicole? en créant une zone tampon avec du miscanthus

cassus | 16 décembre 2014 à 17h15
 
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