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Les agents en première ligne

Déchèterie : nouvelles contraintes, nouvelles ambitions Actu-Environnement.com - Publié le 14/01/2013

Avec la multiplication des REP, la transformation progressive du travail des agents de déchèterie est profonde. Ces postes demandent aujourd'hui des compétences difficilement compatibles avec leur rôle social traditionnel.

Déchèterie : nouvelles contraintes,...  |    |  Chapitre 4 / 5
Les agents en première ligne
Environnement & Technique N°321 Ce dossier a été publié dans la revue Environnement & Technique n°321
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L'arrivée de nouvelles filières de la responsabilité élargie des producteurs (REP) multiplie les produits reçus en déchèterie et complexifie les consignes de tri. De fait, la déchèterie contemporaine n'est plus le site ne disposant que de quelques containeurs et où la majorité des déchets finit en mélange dans un bac exutoire.

Bien que leur nombre n'ait pas toujours progressé, aujourd'hui les agents doivent assurer des fonctions plus variées en terme d'accueil et d'orientation des usagers, de gestion administrative et de sécurité pour les personnes et le site. Une situation d'autant plus complexe que la majorité des déchèteries ne comptent qu'un employé et que rares sont celles qui disposent de plus de trois agents sur le site simultanément.

Cette transformation modifie en profondeur le profil des agents de déchèterie. La réglementation des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) répond indirectement à cette problématique en imposant la mise en place d'un plan de formation, chose qui n'était pas obligatoire avant la réforme.

Assurer la sécurité

 
Une situation extrême En novembre 2010, un usager et deux employées de la déchetterie de Châteaubernard (Charente) ont été abattus par un ancien gendarme qui voulait se venger. Le motif ? Les agents avaient déposé une main courante et envisageaient un dépôt de plainte pour vol contre l'homme qui avait l'habitude, selon les employés, de venir chaparder de menus objets.
Si cette situation est extrême, les employés de déchèterie ont néanmoins souvent affaire à des insultes et menaces lancées par des personnes attirées par les objets récupérables.
 
Au premier rang des mutations figurent les règles de sécurité qui se sont progressivement renforcées avec l'arrivée de certains produits dangereux et toxiques. Aujourd'hui les déchets diffus spécifiques (DDS) s'ajoutent aux piles, accumulateurs et batteries, aux déchets électroniques (DEEE) et aux produits dangereux parfois encore mélangés au tout venant, tels que les ampoules fluocompactes.

Avec les DDS se sont maintenant des acides, des biocides, des engrais et des produits phytosanitaires qui seront triés et entreposés sur les déchèteries, multipliant les risques pour la santé des travailleurs et l'environnement. Si les déchèteries reprennent déjà certains de ces déchets, la variété et les volumes générés par la REP vont bouleverser leur gestion. Le nombre des molécules, leurs formes variées (solide, liquide ou gazeux) et l'arrivée d'emballages détériorés ou non-conformes sont autant de sujets d'inquiétude chez les gestionnaires de déchèteries. Certes, l'éco-organisme des DDS devrait prendre en charge la formation, mais les détails ne sont pas encore connus. Une situation qui a conduit l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) à éditer un guide.

De plus, le soin apporté au tri ne répond pas uniquement aux enjeux de sécurité. Il favorise aussi la réduction des coûts en permettant de récupérer un maximum de matière valorisable tout en réduisant la portion destinée aux exutoires couteux. Mais la formation au tri rigoureux pourrait s'avérer difficile.

"Le secteur a parfois servi d'exutoire pour les travailleurs sous-formés, notamment par le biais de l'insertion professionnelle" rappelle Alain Chollot, Chef du projet Déchets et recyclage de INRS, ajoutant que "l'objectif principal était de remettre les personnes au travail plutôt que d'assurer une formation approfondie et une grande qualité de travail". Un constat que confirme Adrien Bastide, responsable du pôle déchet d'Amorce, qui interroge : "pourra-t-on prolonger cette stratégie de recrutement pour des déchèteries qui s'apparentent de plus en plus à des petits sites industriels ?".

Technicien, logisticien et agent d'accueil

Un agent de déchèterie ne peut cependant pas s'apparenter à un opérateur de tri. Ce travail doit être adapté à l'ensemble de leurs autres activités et à la multiplication des tâches de gestion administrative et logistique.

L'arrivée des DDS complexifie la traçabilité de l'information et multiplie les bordereaux officiels de suivi des déchets. De même, la multiplication des matières et produits triés entraine un nombre croissant de stocks dont il faut assurer l'enlèvement dans les meilleures conditions. Or, à chaque bac de tri correspond un flux de déchets avec ses spécificités et son interlocuteur dédié. Aujourd'hui une déchèterie peut générer jusqu'à une vingtaine de flux différents. Autant de tâches qui empiètent sur le travail d'accueil du public qui caractérisait à l'origine le poste d'agent de déchèterie.

Si le métier de gardien de déchèterie englobe des fonctions de techniciens ou de logisticiens la fonction première reste l'accueil du public. Il s'agit ici d'orienter les usagers et de gérer son énervement éventuel. Là encore, les transformations sont profondes car avec la multiplication des types de déchets reçus, les usagers sont plus nombreux et variés. Alors qu'une déchèterie moyenne reçoit 20.000 visites par an, les situations difficiles se multiplient. Surtout lorsqu'il faut aussi distinguer les particuliers, habilité à déposer gratuitement leurs déchets, des professionnels qui devraient payer pour le même service.

Enfin, certains usagers peuvent avoir des comportements à risques et des ferrailleurs et brocanteurs visitent les sites à la recherche d'objets réutilisables ou de matériaux recyclables dont les cours se sont envolés. Ce travail de gardiennage est non négligeable et pose de nombreuses questions en termes de sécurité sur le site. "Toutes ces situations sont mal vécues par les agents qui sont d'autant plus impactés psychologiquement qu'ils les subissent, qu'ils ne les maîtrisent pas", prévient Alain Chollot.

Philippe Collet

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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