Développement de la location

Reste donc à répondre aux attentes du consommateur, déterminant sur ce marché et lever les freins à son essor. Pour compenser ce coût d'achat, les constructeurs se lancent dans de nouvelles ''stratégies business'' et misent sur la location de batteries et/ ou de voitures électriques, les offres d'autopartage et les partenariats publics comme privés déjà entrepris sur des flottes captives de véhicules. Objectif : rentabiliser les coûts d'investissement lourds et faire du volume.

Les constructeurs proposent des prestations de service aux clients ''urbains et périurbains'', précise Pascal Feillard de PSA. A titres d'exemple : réservable sur internet, la Peugeot iOn pourra être louée à 500 euros par mois, coût des batteries compris. De son côté, Renault dissocie voiture et batterie pour proposer à sa clientèle pro sa Kangoo à 15.000 euros HT (une fois le bonus de 5.000 euros déduit) en plus d'une location de la batterie à 72 euros par mois HT. Idem pour les particuliers en commercialisant la Zoé au même tarif pour une location de la batterie à 100 euros. Quant à la Fluence, la batterie sera louée au forfait mensuel de 79 euros. L'objectif du constructeur est de proposer un véhicule électrique dont le prix (bonus compris) soit équivalent à la voiture essence ou diesel.

Seconde vie des batteries…

Autres projets : des solutions de recharge ''intelligentes'' et le développement des infrastructures pour le recyclage des batteries usagées. Sachant que la batterie représente entre un et deux tiers de la valeur du véhicule, offrir une deuxième vie aux batteries permettrait ainsi de vendre moins chères les voitures. De même que la location de ces mêmes batteries permettrait de résoudre tout problème d'usure au bout de 5 à 10 ans, selon Patrick Bailly président du Conseil national des professionnels de l’automobile (CNPA).
Renault va notamment proposer la possibilité d’échanger les batteries vides contre des batteries pleines via les stations « Quick Drop » de son partenaire Better Place lancées au Danemark fin 2011. Les modèles Fluence ZE et Zoé véhicules sont d’ailleurs conçus pour permettre l’échange de batterie.

La seconde vie des batteries - avec 80% de capacité restante - peut, par exemple, être utile pour le stockage d’énergie pour des applications stationnaires. Ce qui implique l'installation d'une batterie standard à domicile ou dans les commerces. Ces batteries usées peuvent aussi lisser la production d’énergie renouvelable. Il s’agit de batteries résidentielles qui prennent ''le relais en cas de coupure du courant et remplacent donc les groupes électrogènes de secours'', a expliqué en janvier dernier Cyrille Bolloré, directeur général de Bolloré-Energie au journal Le Telegramme.

La batterie ''permet de stocker l'électricité durant les heures creuses pour la consommer aux heures où elle est plus chère. Enfin, les usagers pourraient y stocker l'électricité qu'ils produisent eux-mêmes avec des éoliennes domestiques ou des panneaux photovoltaïques, mais aussi celle des grands producteurs d'électricité qui la réinjecterait dans le réseau aux heures de pointe''. Les producteurs rémunéreraient alors les ''stockeurs d'électricité en leur octroyant, par exemple, un rabais sur leur facture''a-t-il indiqué. Cette deuxième vie de la batterie sera beaucoup plus longue que la première car elle peut supporter ''10.000 cycles de charge-décharge avant que l'effet-mémoire ne diminue de trop ses performances'', estime-t-il. Bolloré va expérimenter 1.000 batteries résidentielles chez des particuliers d'ici deux ans.

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…et recyclage

Bientôt un marché de l'occasion ? L’émergence des véhicules "décarbonés" ouvre aussi la voie à un marché de seconde main. La première voiture électrique d’occasion a ainsi fait son apparition en février 2011 sur AutoScout24.fr. Ce site d’occasion présenterait aussi à la vente plus de 250 hybrides. « Les voitures hybrides ont déjà fait une réelle percée sur le marché et des voitures électriques abordables issues de contrats de location longue durée actuellement en cours feront leur apparition sur le marché de l’occasion dans les mois à venir », selon Eric Laffont, Directeur Général d’AutoScout24 pour la France.

Les composants des batteries notamment le lithium tout comme le néodyme des aimants des moteurs électriques peuvent aussi être recyclés conformément à la directive de 2006. Le texte réglementaire encourage la collecte et le recyclage des déchets de piles et accumulateurs. ''Des avancées significatives existent aujourd’hui pour la constitution d’une filière des batteries de technologie lithium avec les principaux recycleurs, à l’image du récent accord entre Toyota France et SNAM'', rappelle le sénateur Louis Nègre dans le Livre vert. De même, la "stratégie européenne pour des véhicules propres et économes en énergie", publiée le 26 avril 2010 par la Commission européenne, souhaite quant à elle "encourager des programmes de recherche européens sur le recyclage et la réutilisation des batteries".

Quant au véhicule électrique, comme tout véhicule, il est soumis à la directive de 2000 relative aux véhicules hors d’usage qui prévoit qu’à horizon 2015, 95% de ces véhicules devront pouvoir faire l’objet d’une récupération.

Rachida Boughriet