L'accent est particulièrement mis sur les arbres qui constituent des vecteurs de la biodiversité en abritant une myriade d'organismes (plus de 500 espèces d'insectes vivent sur les chênes par exemple). Ils sont aussi des éléments importants des écosystèmes agraires via les haies ou vergers et jouent un rôle crucial en milieu urbain. Pour Antoine Kremer, coordinateur du réseau d'excellence Evoltree, du fait de leur longévité, la diversité génétique est une des seules ressources dont bénéficient les arbres pour s'adapter aux conditions futures. Un des objectifs des recherches concerne donc l'identification des gènes impliqués dans cette adaptation et l'estimation de leur diversité dans les forêts actuelles.
Les travaux porteront également sur les espèces qui sont associées aux arbres comme les insectes qui se nourrissent de feuilles et les champignons symbiotiques qui vivent sur les racines.
EVOLTREE va permettre la mise en place d'un dispositif de recherche à long terme dont les objectifs sont de connaître la structure et la diversité des gènes d'intérêt écologique et de comprendre les mécanismes intra et interspécifiques conduisant à l'évolution des populations et de leur diversité. L'originalité des travaux porte sur la prise en compte des interactions entre espèces en combinant les acquis les plus récents dans les quatre disciplines concernées pour promouvoir une nouvelle discipline « la génomique des communautés ».
Entre autres réalisations, EVOLTREE prévoit de créer un centre virtuel qui regroupera en réseau toutes les données nécessaires aux activités de recherches (base de données génomiques, génétiques, écologiques). Il sera complété par un centre physique de ressources génomiques et biologiques (extraits d'ADN de plusieurs forêts européennes, banques de données) qui sera basé à Vienne, en Autriche. Plusieurs sites expérimentaux d'observation de la diversité biologique et des processus évolutifs sur l'ensemble de l'Europe vont également voire le jour. Cinq sites d'observation couvrant une portion de paysage comprenant forêt, haies, systèmes agraires d'environ 1000 ha, feront l'objet d'études en détail de la dispersion des espèces et du rôle des arbres dans la dynamique de la biodiversité locale. Ils se répartiront entre écosystèmes boréal, tempéré, méditerranéen, alpin et vraisemblablement la forêt du Bielowecza, entre Biélorussie et Pologne, dernière forêt primaire en Europe.
En étudiant les mécanismes qui façonnent la diversité génétique, EVOLTREE doit contribuer à établir de nouveaux objectifs, critères et indicateurs pour maintenir la diversité génétique. Le projet accorde également une large place à la diffusion des résultats vers les utilisateurs potentiels (gestionnaires des espaces naturels, propriétaires forestiers, pouvoirs publics) au travers de cours de 3e cycles communs entre universités européennes, d'universités d'été, de séminaires avec les pouvoirs publics, des agences de l'environnement et d'aménagement du territoire, des services forestiers, etc.
Au-delà de l'appui à des politiques de gestion de la diversité, le réseau Evoltree pourra proposer des solutions concrètes concernant la réglementation de la circulation des produits dérivés des forêts (matériel de reproduction, bois) et l'écocertification portant sur les produits des forêts. Il s'agit de mettre au point une certification indépendante de l'origine et de l'identité du matériel de reproduction (graines, greffons, plants) basée sur des empreintes génétiques, de mettre en place une traçabilité moléculaire du bois et d'explorer l'application des méthodes de traçabilité moléculaire à la détection des exploitations illégales de bois.
Financé par une contribution de la Commission européenne de 14,3 millions d'euros, le projet durera quatre ans et est coordonné par l'INRA Bordeaux-Aquitaine.